Tour d’Espagne : Magnus Cort Nielsen s’impose d’un rien devant Primoz Roglic, nouveau leader du général

Il n'y a pas eu de miracle. Comme prévu, le rêve en rouge n’aura duré qu’une journée pour Kenny Elissonde. Distancé au pied du mur final, le terrible Alto de la montaña de cullera (1,9km à 9,4%), le Français a laissé sa tunique de leader de la Vuelta à Primoz Roglic ce jeudi. Le Slovène, deuxième de cette 6e étape, a fini dans la roue de l’incroyable Magnus Cort Nielsen (EF Education-Nippo). Membre d’une échappée qui semblait ne plus avoir la moindre chance en bas de la montée finale, le Danois a su résister jusqu’au bout pour signer sa 5e victoire d’étape en grand tour, la 4e sur une Vuelta.

Avant d’escalader l’ultime pétard, on pensait qu’il faudrait bien une minute à l’échappée pour espérer tenir face au retour du peloton. Il n’y avait finalement que 20 secondes. Et pourtant, ce fut suffisant. C’est dire l’immense numéro réalisé par Cort Nielsen.

Après cinquante kilomètres de bataille acharnée, il avait d’abord réussi à se glisser dans la bonne échappée, un groupe de cinq coureurs complété par Jetse Bol (Burgos-BH), Bert Jan Lindeman (Team Qhubeka NextHash), Joan Bou (Euskaltel-Euskadi) et Ryan Gibbons (UAE Team Emirates). Ce groupe a compté jusqu’à sept minutes d’avance. Moment choisi par la formation BikeExchange pour débuter sa chasse, la formation australienne visant la victoire du jour avec Michael Matthews, finalement 6e de la 6e étape au milieu des cadors.

L’écart fondait à vitesse grand V, d’autant que le vent a incité certaines formations à tenter un coup de bordure. Le maillot rouge Elissonde était ainsi distancé, à 30 kilomètres de l’arrivée, quand le peloton a explosé sur une courte portion exposée au vent de côté. Esseulé, le Francilien a néanmoins pu réintégrer le premier groupe, réduit à une trentaine d’unités mais composé des principaux cadors, en accrochant les roues d’un deuxième peloton suffisamment organisé pour faire la jonction.

Ces vives accélérations n’étaient évidemment pas une bonne nouvelle pour l’échappée. Elle n’avait plus qu’une petite minute de marge à dix bornes de l’arrivée. Et seulement 20” à 2 km du but. Leur sort semblait définitivement scellé quand INEOS-Grenadiers tenta de faire sauter la banque, dès le pied de l’Alto de la Montaña de Cullera, Narvaez emmenant ses leaders Caparaz et Bernal sur un tempo d’enfer.

Pourtant, Cort Nielsen tenait toujours bon, encore accompagné par Lindeman sous la flamme rouge, puis en solitaire. Après différentes attaques des favoris, Roglic a lancé son sprint à 200m et semblait en mesure de reprendre l’homme de tête. Mais le dernier virage à angle droit, à 50m de la ligne, a finalement sauvé Cort Nielsen, vainqueur héroique. ”Magnus était le plus fort, il mérite sa victoire” concédait Roglic, beau joueur. Très fort, Cort Nielsen l’était sans aucun doute. Son temps d’ascension lui aurait permis de terminer 11e s’il avait été au sein du peloton. Assez dingue après une si longue échappée qu’il a tenue à bout de bras.

Cette montée inédite sur la Vuelta - mais qui avait déjà été domptée par Tadej Pogacar sur le Tour de Valence 2020 - a donc permis à Roglic de retrouver le maillot rouge, qu’il avait porté sur les 2e et 3e étapes avant de le laisser à Rein Taaramae au Picon Blanco. Au lendemain de sa prise de pouvoir surprise à Albacete, Elissonde avait clamé qu’il avait peu de chances de résister vu sa faible avance sur le Slovène (5”) et la difficulté du mur final. Il avait vu juste. Distancé dès le pied, il a fini en roue libre à plus de quatre minutes du vainqueur du jour.

Roglic a lui grappillé des secondes sur tous ses rivaux et possède désormais 25’’ d’avance sur son premier poursuivant, Enric Mas (Movistar). Le voilà solidement installé sur le trône avant la grosse journée de moyenne montagne qui attendent les coureurs vendredi sur la 7e étape.