VUELTA 2023 | Jumbo-Visma face aux doutes : "Il est hors de question de tricher ou de se doper"

Le cyclisme doit toujours composer avec l'ombre pesante du dopage quand un exploit est réalisé. Le lourd passé d'une discipline qui n'a pas été épargnée par les scandales n'y est évidemment pas étranger. Alors quand une équipe comme la Jumbo-Visma impose sa loi comme jamais sur les grands tours, les doutes reviennent, sans surprise. Mais face aux questions, ses champions se tiennent droit. "Nous comprenons bien sûr le scepticisme qui règne, mais les gens doivent aussi savoir à quel point nous nous sacrifions et à quel point nous faisons tout dans les moindres détails", a expliqué Jonas Vingegaard au micro de GCN ce samedi.

La Jumbo-Visma est bien sûr consciente que ses exploits ne laissent personne insensible dans le monde du sport. Il faut dire que la meilleure formation du peloton ne fait pas dans la demi-mesure, alors qu'elle a pour ambition "d'écrire l'histoire du sport", comme l'avait annoncé son manager Richard Plugge en juillet dans L'Equipe. L'armada néerlandaise va ainsi voir ce dimanche Sepp Kuss, l'habituel équipier de luxe, devenir le premier Américain à gagner un grand tour depuis Chris Horner en 2013 (c'était, déjà, de l'autre côté des Pyrénées). Il va surtout offrir une année historique à sa formation. Avec trois coureurs aux trois premières places de la Vuelta, la Jumbo-Visma va signer une razzia inédite sur le Tour d'Espagne depuis l'équipe Kas-Kaskol en 1966.

Surtout, la formation dirigée par Richard Plugge n'a rien laissé à ses concurrents sur les grands tours cette année. Primoz Roglic a remporté le Giro, Vingegaard a remis ça sur le Tour de France et Kuss est donc en passe d'ajouter la Vuelta à son palmarès. Un triplé historique. Alors évidemment, certains se posent des questions sur cette équipe ultra-dominante. "Il est toujours bon d'être sceptique, surtout quand une équipe tourne si bien, remarque encore Vingegaard. Tant qu'il ne s'agit pas d'allégations et tant que nous en parlons, en raison de ce qu'il s'est passé il y a 20 ans. Je pense que cela peut empêcher que cela se reproduise."

Et si le vainqueur du Tour de France insiste sur le travail réalisé par l'équipe néerlandaise pour justifier sa supériorité sur le reste du peloton - "dans cette équipe, nous faisons tout parfaitement et cela fait une grande différence" -, Sepp Kuss balaye lui aussi ces questions en évoquant son cas personnel. Pour l'Américain, qui bluffe son monde sur cette Vuelta, le dopage ne fait juste pas partie de sa philosophie de sportif. "Il est hors de question de tricher ou de se doper parce que ce n'est pas du sport à mon sens", a déclaré Kuss. "Si vous faites quelque chose qui est interdit ou si vous trichez, alors vous avez peur de perdre, or, c'est l'essence même du sport : accepter que parfois vous n'êtes pas assez bon. (…) Une partie du sport consiste à perdre."

Sur la défensive après avoir mis tous leurs adversaires au silence sur les grands tours cette année, les coureurs de la Jumbo-Visma se montrent donc droits dans leurs bottes. Au point que Vingegaard l'affirme : "Je suis sûr à 100 % que mes deux collègues ne prennent rien, tout comme moi". Le monde du cyclisme veut aussi y croire, désireux de ne pas voir les vieux démons du passé ressurgir.