Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Vuelta 2023 | "Le nouvel Evenepoel" ? Cian Uijtdebroeks, l'autre belge qui monte

Christophe Gaudot

Mis à jour 15/09/2023 à 10:36 GMT+2

Derrière le trio Jumbo-Visma, derrière les Espagnols qui se font la guerre pour la 4e place, un Belge occupe la 7e place du classement général du Tour d'Espagne. Remco Evenepoel ? Absolument pas mais le plat pays ne manque pas de talent et c'est un gamin trois ans plus jeune que lui qui brille. Son nom : Cian Uijtdebroeks (BORA Hansgrohe).

Cian Uijtdebroeks

Crédit: Getty Images

Pour la bouche d'un Espagnol, les noms flamands sont une épreuve. Alors, au sommet du Tourmalet, Enric Mas ne s'aventure pas au moment de dresser la liste des coureurs de son groupe, "Ayuso et… le jeune de la BORA". Une grimace pour s'excuser, un sourire et ce "Blobloblo" quand un journaliste prononce le nom de "Cian Uijtdebroeks". Comme d'autres, le leader de la Movistar devrait s'habituer à prononcer ce nom, tant on lui promet les sommets. Le gamin de 20 ans occupe la 7e place du général de la Vuelta à trois jours de l'arrivée et ce n'est que le début.
Enric Mas (2018), Tadej Pogacar (2019), le regretté Gino Mäder (2021), Remco Evenepoel et Juan Ayuso (2022), la Vuelta n'a pas son pareil pour dévoiler à la face du monde quelques-uns des plus beaux talents dont dispose le cyclisme mondial. 2023 devrait marquer un tournant dans la carrière de Cian Uijtdebroeks. Le début d'une histoire d'amour avec les grands tours puisque ce sont eux qui font vibrer son corps et qui répondent le mieux à ses qualités.

Sollicité dès ses 15 ans

L'histoire du "jeune de la BORA" débute à Abolens, en Wallonie mais tout près de la région flamande où le petit Cian, fils de néerlandophones banquiers, va à l'école. S'il répond avec facilité en français, en oubliant jamais cet immense sourire qui barre son visage, aux journalistes hexagonaux, Cian le doit au Sport 2000 Charleroi, club qu'il rejoint chez les cadets, il y a cinq ans seulement, preuve qu'il a gravi les échelons quatre à quatre.
En Belgique, on se murmure déjà le nom de ce gamin qui semble avoir du talent. Marcel Verbrugghe, père de Rik vainqueur d'une étape du Tour et la Flèche Wallonne en 2001, glisse le tuyau au club de Charleroi. Le début des sollicitations pour le petit Cian qui a commencé le vélo deux ans auparavant quand il a compris qu'il pouvait enfourcher son vélo autrement que pour aller se balader entre les fermes du coin et le lâcher pour grimper sur un tracteur. Cadets puis juniors 1 et juniors 2, autant de fois où l'on s'est arraché le prodige.
Jef Robert est le président d'Acrog-Tormans. Lui aussi s'est battu pour attirer Uijtdebroeks dans ses rangs, chez les juniors (17-18 ans). "A ce moment-là, toutes les équipes de jeunes s'intéressaient à Cian, narre-t-il. On savait déjà à l'époque qu'il était un talent de premier plan. Le fait que Remco Evenepoel ou Jasper Philipsen sont passés chez nous l'a convaincu". Malgré un contrat de deux ans, le grimpeur ne reste qu'une saison car, malgré un exercice largement perturbé par le Covid, Uijtdebroeks a impressionné en 2020 et le World Tour lui fait déjà les yeux doux, à 18 ans, ce qui même dans l'époque que nous vivons relève de l'extrême précocité.

Jumbo-Visma, UAE et Quick-Step le voulaient

La Groupama-FDJ, Arkéa-Samsic, Wanty, Sunweb mais aussi des mastodontes comme Deceuninck-Quick Step, avec qui il fait un stage de découverte dès l'été 2020, Jumbo-Visma ou UAE, autant d'équipes qui le démarchent personnellement puisque le coureur refuse de travailler avec un manager. Responsable du scoutisme chez BORA Hansgrohe, Christian Schrot raconte comment il a empoché le gros lot :
"On a beaucoup d'expérience dans le développement. Il a bien aimé ça, on lui a expliqué comment on faisait, on a fait des tests avec lui. Il nous avait alors dit que la structure était assez compétente pour le développer en tant que coureur de grands tours. Il pensait aussi que dans une équipe française (La Groupama était alors la première équipe à l'avoir contacté, NDLR) ou belge avec plus d'attente du public, ça aurait été plus difficile de grandir tranquillement. C'était un petit bonus pour nous."
picture

Uijtdebroeks : "Je n'ai jamais fait ça dans ma vie, ni en compétition ni à l'entraînement"

Ce n'est donc pas la comparaison avec Remco Evenepoel, de trois ans son aîné, qui a poussé la formation allemande à se jeter sur lui. Cian Uijtdebroeks n'a pas eu besoin de ça pour se faire un nom. Jef Robert (Acrog-Tormans) plaide coupable sur cette filiation bien embarrassante pour l'intéressé mais l'anecdote dit beaucoup du talent de son ancien poulain :
"Chaque année, nous partons en stage en Espagne et nous concluons par un contre-la-montre en côte sur 7,5 km. Nous faisons cela depuis 15 ans. Jusqu'à l'année précédant Evenepoel, Jasper Philipsen détenait le record. Remco a fait… deux minutes de moins. L'année suivante, Cian a amélioré le temps d'une minute. Un journaliste m'appelle et je lui dis que je pourrais avoir un meilleur grimpeur qu'Evenepoel. Il a intitulé son article : 'Cian encore meilleur que Remco', ce qui était, bien sûr, une exagération."

Grégoire et Martinez, ses adversaires chez les jeunes

Dès la deuxième année juniors, c'est, comme pour d'autres, le monde professionnel qui s'ouvre pour Cian Uijtdebroeks car BORA Hansgrohe lui offre un contrat de cinq ans avec une saison dans l'antichambre, Auto-Eder. Il éclot alors, remporte la Classique des Alpes et termine deuxième du Tour du Valromey, derrière Romain Grégoire mais devant Lenny Martinez, adversaires qu'il retrouvera en 2022 lors de sa victoire sur le Tour de l'Avenir avec à la clé une démonstration sur le dernier weekend, en haute montagne.
picture

Tour de l'Avenir : Les moments forts de la victoire d'Uijtdebroeks en vidéo

Comparé à Evenepoel, l'enfant d'Abolens pourrait en fait bien être un meilleur grimpeur que lui. Uijtdebroeks n'aime rien de plus que les cimes, les longs cols, nous renseigne Christian Schrot qui a participé à son évolution depuis deux ans. Le jeune coureur progresse chaque année et présente des chiffres de puissance qui impressionnent. Alors en 2023, BORA Hansgrohe le teste. Sur le Tour de Catalogne (9e), en Romandie (6e), en Suisse (7e) et donc sur la Vuelta, à 20 ans seulement. A trois jours de l'arrivée, il occupe encore la 7e place du général et la 2e chez les jeunes dans la roue du prodige Ayuso, plus vieux que lui de six mois et qui court déjà son deuxième grand tour.
"Il y a un plan avec lui, le début c'était la Vuelta", glisse-t-on encore chez BORA-Hansgrohe où l'on était certain qu'il avait les jambes pour accompagner les meilleurs mais où l'on attendait qu'il le prouve. La suite passera un jour par le Tour de France, la course de ses rêves de celui qui avait Chris Froome pour idole dans les années 2010 et qui cite instinctivement Thibaut Pinot ou Romain Bardet comme modèles. Si son destin ne s'écarte pas du chemin que d'autres ont tracé pour lui, Cian Uijtdebroeks triomphera un jour des plus grandes courses par étapes. A ce moment-là, la phonétique de son nom n'aura plus de secret pour personne.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité