Vuelta 2023 – Sepp Kuss, l’éclaireur enfin ambitieux : "Je ne sais pas à quoi m'attendre, mais je crois en moi"

Sepp Kuss (Jumbo-Visma) est un habitué du travail de l’ombre, de la tâche ingrate et du succès par procuration. Sur cette Vuelta 2023, le sceau de la mutinerie des sans-grades s’est apposé avec fracas. Avec en personnages principaux, Geoffrey Soupe (TotalEnergies), vainqueur à la surprise générale de la 7e étape, et Kuss, maillot rouge depuis deux jours. L’Américain entre progressivement dans la peau d’un leader avec décontraction et amusement. Abhorrant toute pression étouffante, le grimpeur américain sait qu’en cas de jour sans, un duo de frelons sera là pour sauver les meubles de la Jumbo-Visma.

Kuss ne court pas avec une épée de Damoclès au-dessus du casque. "L'équipe n'a pas d'attentes irréalistes par rapport à moi et je ne ressens aucune pression, même pour ce contre-la-montre," confie-t-il lors du point presse donné lors de la première journée de repos. Le Coloradien profite surtout d’un chapitre unique au cours d'une carrière passée à mettre sur orbite ses leaders. Pour une fois, c’est lui le leader. Paletot rouge sur les épaules, Kuss, qui court son troisième Grand Tour de la saison, ne s’interdit rien, même à la veille d’un chrono décisif pour la suite de sa Vuelta.

"Ce n'est pas comme si c'était la dernière étape de cette Vuelta, relativise le grimpeur. Je dois juste croire en moi et ensuite nous verrons ce qu'il est possible de faire. Mon dernier test en soufflerie date d'il y a quelques années et cette année, je n'ai roulé sur mon vélo de contre-la-montre que lors du Giro, du Tour et à l'approche de La Vuelta pour le contre-la-montre par équipes. Je ne sais donc pas à quoi m'attendre, mais je crois en moi."

L’appétit vient en mangeant. Sur le sol ibère, Kuss n’a pas grand-chose à envier à ses équipiers Jonas Vingegaard et Primoz Roglic. Le premier est bien meilleur en chrono, le second le surclasse dans l’exercice solitaire et dispose en outre d’une giclette sans commune mesure avec celle du Coloradien. Mais ce dernier a un sacré atout dans la manche : un matelas de 2’30’’ d’avance sur les deux autres frelons. Ce gain en apparence substantiel devrait logiquement s’égrener à une vitesse folle sur les 25,8 kilomètres du chrono de Valladolid mardi. Après ça, il ne restera plus que de la montagne. S'il est encore dans le jeu, Kuss sera un concurrent sérieux au podium, a minima.