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Un siècle de légendes (2)

Eurosport
ParEurosport

Publié 05/05/2009 à 14:00 GMT+2

Le Tour d'Italie célèbre cette année son 100e printemps. L'occasion de revenir sur les 20 légendes qui ont marqué l'histoire. Chaque jour, jusqu'à vendredi, nous vous proposons un gros plan sur quatre champions. Deuxième volet avec Fiorenzo Magni, Charly Gaul, Jacques Anquetil et Felice Gimondi.

NOM: MAGNI
Prénom: Fiorenzo
Pays: Italie
Date de naissance: 07/12/1920
Victoires: 3 (1948, 1951, 1955)
Victoires d'étapes: 6
Durant toute sa vie de champion comme au regard de l'histoire, Fiorenzo Magni sera resté dans l'ombre tellement imposante de Gino Bartali et Fausto Coppi. Pour tous, il est "le troisième homme". Un surnom qui veut tout dire. Il convient pourtant de rendre hommage au palmarès de ce champion et à la trajectoire singulière de cet homme. Chez Magni, l'être a forgé le coureur. Contraint d'arrêter ses études à 16 ans pour travailler dans la petite entreprise familiale, il n'a que 17 ans quand son père décède. Le cyclisme est déjà sa passion et malgré les difficultés, il n'abandonne jamais le vélo. Travailleur forcené, il mettra comme coureur le même acharnement à la tâche que dans sa vie. Il n'avait pas la grâce de ses contemporains, mais sa volonté était sans égale. C'est peut-être pour cela que son talent ne s'est jamais mieux exprimé que sur le terrain exigeant et rude du Tour des Flandres. Vainqueur trois fois de suite du Ronde de 1949 à 1951, il y gagnera un autre surnom, le "Lion des Flandres." Mais il ne fut pas en reste sur le Giro, qu'il remporte également trois fois, en 1948 (dès sa deuxième participation), 1951 et 1955 (à 35 ans passés, un record qui tient encore aujourd'hui). Sans oublier ses deux deuxièmes places en 1952 (derrière un immense Coppi) et en 1956. Sans doute parce qu'il ne fut jamais prophète en son pays, son rêve ultime était de gagner le Tour de France. Un voeu malheureusement jamais exaucé. Aujourd'hui, à 89 ans, Fiorenzo Magni vit toujours dans sa Toscane natale. Propriétaire de concessions automobiles, il travaille toujours. L'homme est inépuisable, comme l'était le champion.
. NOM: GAUL
Prénom: Charly
Pays: Luxembourg
Date de naissance: 08/12/1932
Victoires: 2 (1956, 1959)
Victoires d'étapes:11
Une seule étape a suffi à faire entrer Charly Gaul dans la légende du Giro, et par la même occasion du cyclisme. Nous sommes le 8 juin 1956. Gaul a 24 ans. Il dispute le Tour d'Italie pour la première fois de sa carrière. A deux jours de l'arrivée, le Luxembourgeois n'occupe que la 11e place du classement général. Loin du maillot rose, l'Italien Pasquale Fornara, puisque Gaul navigue à un bon quart d'heure. Il a déjà remporté deux étapes, mais a semblé se désintéresser de la course à la victoire finale. Jusqu'à cette dantesque journée du 8 juin. Cinq ascensions sont au programme de cette ultime étape de montagne, avec en point d'orgue le Monte Bondone. Dès la deuxième difficulté, le col de Rolle, Gaul passe à l'attaque. Federico Bahamontes tente un instant de le suivre, avant de renoncer. Le grimpeur espagnol est saisi par le froid. Le mercure avoisine les -10°C en haut des cols. D'un bout à l'autre de l'étape, il tombe une pluie fine et glaciale qui tétanise les muscles. Seul devant, Charly Gaul creuse des écarts ahurissants sur une concurrence désarmée et vite décimée. Les favoris abandonnent les uns après les autres. Comme tout le monde, le Luxembourgeois est en souffrance, mais moins que d'autres. Son ennemi à lui, c'est la chaleur. L'Italien De Filippis, victime d'une terrible défaillance alors qu'il était virtuel maillot rose, doit abandonner. Au sommet, Gaul s'impose avec huit minutes d'avance sur Fantini et 12 sur Magni. Fornara, lui, a abandonné, comme presque tous les candidats à la victoire finale et comme tous les équipiers du vainqueur! Gaul, le survivant, s'empare du maillot rose. A l'arrivée, à moitié mort de froid, il faudra le transporter à l'hôpital, dans une couverture. Ses membres sont si endoloris qu'il faut découper ses vêtements qu'il ne peut retirer lui-même. Après cet exploit, les journalistes l'affublent d'un surnom qui ne le quittera plus: l'archange de la montagne. Sa légende était née. Il remportera à nouveau le Giro en 1959, mais son nom reste associé à cette incroyable étape du Monte Bondone.
. NOM: ANQUETIL
Prénom: Jacques
Pays: France
Date de naissance: 08/01/1934
Victoires: 2 (1960, 1964)
Victoires d'étapes: 6
Jacques Anquetil est le premier champion français à avoir triomphé du Tour d'Italie. Le Normand a réussi là où, quelques années auparavant, Louison Bobet avait échoué. Il faut dire que, quand Anquetil prend le départ du Giro le 19 mai 1960, le palmarès est presque exclusivement "national", puisque les Italiens ont remporté 39 des 42 premières éditions. Mais Charly Gaul a montré la voie avec son doublé (1956, 1959) et Anquetil est la nouvelle star du cyclisme international. Au point d'être unanimement désigné favori de cette 43e édition. L'année précédente, pour sa première participation, il a pris la deuxième place derrière Gaul en remportant deux étapes. Il se sent donc prêt à aller au bout cette fois. Dès la 3e étape, le Français s'empare du maillot rose à Campobasso, où l'Espagnol Miguel Poblet s'impose. Il le cède trois jours plus tard au Belge Jos Hoevenaers, mais il a déjà marqué son territoire. Dans le contre-la-montre de Lecco, lors de la 14e étape, Anquetil reprend le pouvoir en reléguant Necini de 4'30". Gaul est à plus de six minutes.
Mais il reste le terrible Gavia, où Nencini entend jouer son va-tout. Victime d'une crevaison dans la montée, le Normand semble avoir perdu la course au pied de Bormio, mais il sauve finalement son maillot pour 28 secondes! Nencini se consolera deux mois plus tard en remportant le Tour de France. Quatre ans plus tard, fort d'un palmarès exceptionnel, Jacques Anquetil va gagner de nouveau le Giro. Fidèle à ses habitudes, il prend le maillot lors du premier chrono, mais doit faire face à l'Italie toute entière. Isolé dans le peloton avec son équipe Saint-Raphaël, dirigé par Raphaël Geminiani, Anquetil survit à tout. Un Giro épique, où Geminiani sera à deux doigts de se faire arrêter par la police pour avoir expédier une voiture des carabinieri dans le fossé. Dans ce climat passionnel et franchement hostile (derrière lui, neuf Italiens trustent les places de 2 à 10 au général), Anquetil ramène néanmoins le maillot rose au prix d'une débauche d'énergie énorme qu'il sera tout près de payer sur le Tour. Il réalisera quand même le doublé, après un duel mémorable avec Raymond Poulidor. Un de plus...
. NOM: GIMONDI
Prénom: Felice
Pays: Italie
Date de naissance: 29/09/1942
Victoires: 3 (1967, 1969, 1976)
Victoires d'étapes: 6
Contrairement à la plupart de ses compatriotes, c'est sur le Tour de France que Felice Gimondi s'est révélé à l'âge de 22 ans, en 1965. A la surprise générale, le jeune Italien avait soufflé la victoire promise à Raymond Poulidor, au prix d'un exploit dans le chrono du Mont Revard. Gimondi n'allait plus jamais ramener le maillot jaune à Paris. En revanche, trois victoires l'attendaient sur son tour national. Les deux premières furent malheureusement placées sous le sceau de la controverse. En 1967, année de son premier succès, le champion transalpin est accusé par le clan Anquetil d'avoir triché. Dans la montée du Tonale, alors que le Français porte encore le maillot rose, Gimondi ne se contente plus des traditionnelles poussettes des spectateurs. Il aurait carrément été embarqué dans le coffre d'une voiture de la RAI.
Plus de 40 ans après, Raphaël Geminiani n'a toujours pas digéré cet épisode. "Il a gagné cinq minutes d'un coup. Quand j'ai voulu ramener ma fraise, les carabiniers m'ont donné des coups sur le pare-brise", raconte-t-il encore ce mois-ci dans Vélo Magazine. L'affaire parait trop grosse pour être vraie mais comme le dit Gem', Gimondi n'a jamais démenti. Toujours est-il que l'Italien récupère ce jour-là la précieuse tunique. Le lendemain, Anquetil se laissera décrocher volontairement pour terminer troisième plutôt qu'en position de dauphin de Gimondi. Ce dernier rappelle de son côté, ce qui est vrai, qu'il avait été handicapé pendant la première moitié de l'épreuve par une bronchite tenace. Deux ans plus tard, Gimondi bénéficiera de l'exclusion d'Eddy Merckx, qui avait quasiment course gagnée. Le Belge est contrôlé positif. Une affaire trouble, sur laquelle le voile n'a jamais été levé. Toujours est-il que Gimondi rafle la mise. Il lui faudra attendre sept ans de plus pour signer sa troisième et dernière victoire, à près de 34 ans, en 1976. Une victoire à l'arraché puisque Gimondi ne devancera le Belge Johan De Muynck que de 19 secondes et son compatriote Fausto Bertoglio de 49 secondes. Les cinq premiers du général se tiennent en 1'35". Un des Giros les plus disputés de l'histoire. Malgré les controverses, Felice Gimondi a marqué le Tour d'Italie de son empreinte pendant plus d'une décennie. Aujourd'hui encore, il détient le record du nombre de podiums (9).
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