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Pierre Rolland (Europcar) est passé tout près d’une victoire retentissante sur le Giro

Julien Chesnais

Mis à jour 17/05/2014 à 21:11 GMT+2

Pierre Rolland a failli créer l’exploit sur cette 8e étape du tour d’Italie samedi, premier rendez-vous en haute montagne. Attaquant dans la descente de Carpegna à 30 kilomètres de l’arrivée, le Français n’a été revu par le peloton des favoris que dans les derniers hectomètres. Cruel pour le leader d’Europcar, qui prouve néanmoins qu’il lui en reste dans le coffre.

Pierre Rolland, Tour de France, 2013

Crédit: AFP

A 250 mètres de l’arrivée, Pierre Rolland a les yeux rivés sur la ligne de Montecopiolo. Une victoire de prestige sur le Giro est là. Devant lui. A seulement quelques coups de pédale. Il doit penser à l’Alpe d’Huez, la Toussuire, là où son audace lui avait permis de récolter une gloire qui depuis deux ans le fuit désespérément. C’est alors que surgit à sa droite le bourreau de sa renaissance. Frais comme un gardon, debout sur ses pédales, Daniel Moreno revient à la hauteur du Français, le dépasse et le lâche en un éclair. Le rêve de Pierre Rolland est devenu cauchemar en une fraction de secondes. Il ne gagnera pas la première étape de haute montagne de ce Giro. "Il m'a manqué 200 mètres, C'est comme ça. J'y ai cru...., a raconté, dépité, Pierre Rolland, au micro de BeINsport. J'avais à coeur d'offrir une victoire à ma femme, qui me rejoint ce soir et attend un enfant. Je suis passé si près. C’est très frustrant."
Lorsqu’il a attaqué dans la descente de Carpegna, premier grand col de ce tour d’Italie, on s’est demandé alors dans quelle galère Pierre Rolland allait se mettre. Lui dont le sens tactique est parfois décrié, à l’image de sa quête du maillot au pois aussi étonnante qu’infructeuse sur le dernier tour de France. Il reste plus de 30 kilomètres. Les leaders Quintana, Uran, Evans et Pozzovivo sont toujours plein d’équipiers prêts à se sacrifier. Mais Pierre Rolland n’est pas un coureur comme les autres. C’est un homme d’instinct. Rare héritier de ses courses d’antan où la haute montagne ne se résumait pas à une course de côte contrôlée par une armada mécanique, le Français de 27 ans réalise une grande descente. A tombeau ouvert. Ses trajectoires sont incisives, les courbes coupés au cordeau. Au pied de l’ascension de Villaggio del Laggo, il compte près d’une minute d’avance sur le peloton. Mieux, le voilà armé d’un équipier.
Présent dans l’échappée matinale, et longtemps au contact de Julian Arredondo, le Colombien qui figure alors seul en tête, Perrig Quemeneur s’est laissé décrocher pour attendre son leader et lui servir d’appui durant une petite dizaine de kilomètres. Un coup tactique simple, mais parfaitement orchestré de la part d’Europcar, qui permet à Rolland de compter près d’1’30’’ d’avance sur le peloton. A neuf kilomètres de l’arrivée, au sommet de Villaggio del Lago, il compte 55 secondes de retard sur Arredondo, et presque autant d’avance sur le peloton. Le match sur trois étages est au paroxysme de son indécision. Mais la résistance du Colombien finit par s’effriter. Son numéro prend fin lorsque Rolland le reprend à trois kilomètres de l’arrivée. Le 8e du Tour 2012 s’envole seul à 1,5 kilomètres de l’arrivée. Le peloton est toujours à 25 secondes. A 600 mètres, on se dit que ça y est, Pierre Rolland va gagner. Les images de sa victoire, la plus belle, à l’Alpe d’Huez sur le Tour de France 2011 rejaillissent. Et c’est alors que Moreno surgit. On connaît la fin de l’histoire. Cruelle. Implacable. La déception est immense.
13e au classement général, ses ambitions sont intactes
Même s’il n’a pas gagné ce qui aurait été sa première victoire d’étape sur un tour d’Italie, Pierre Rolland n’a pas perdu ses ambitions au classement général. Classé 15e de cette étape, juste derrière le premier français Francis Mourey, à 24 secondes du vainqueur italien Diego Ulissi (Lampre), déjà victorieux il y a trois jours, le leader d’Europcar s’est replacé à la 13e place du classement général. A 2’56’’du nouveau leader Cadel Evans. Pas forcément une grande consolation pour celui qui semble préférer les coups d’éclat à l’ombre de la régularité requise pour un top 10. Qu’importe. Après deux années difficiles où sa seule éclaircie fut une victoire d’étape et le général du circuit de la Sarthe en 2013, le meilleur jeune du Tour de France 2011 a montré qu’il n’avait pas fini d’écrire de belles pages dans l’histoire du cyclisme : "Il va falloir que je récupère des efforts d'aujourd'hui. J'ai fait un chrono de 30 kilomètres. J'espère pouvoir remettre ça". Il faudra bien compter sur lui pour ce Giro et les années à venir.
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