Vincenzo Nibali (Astana) prend le maillot rose la veille de l'arrivée

Géant. Magnifique. Les superlatifs manquent. Grand favori de ce Giro 2016, Vincenzo Nibali (Astana) a attendu l'avant-dernière étape entre Guillestre et Sant'Anna di Vinadio - remportée en solitaire par Rein Taaramae (Katusha) - pour renverser le Tour d'Italie. L'Italien a profité du Col de la Lombarde pour se défaire d'Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), en difficulté ce samedi, et s'emparer du maillot rose, avec 52 secondes d'avance' à la veille de l'arrivée à Turin, à la faveur d'un nouveau numéro dans le final. Tombé vendredi, Steven Kruijswijk (Lotto NL-Jumbo) a craqué lui aussi et a perdu sa 3e place au profit d'Alejandro Valverde (Movistar). Décidemment, ce Giro est renversant.

110 kilomètres d'ennui pour 20 de folie. Avec trois cols de première catégorie avant la montée finale, on espérait une grande bagarre entre les favoris et on n'a pas été déçu. Même si on pensait voir plus de mouvements dans le Col de Vars mais surtout dans le Col de la Bonette et son sommet situé à 71km de l'arrivée. Mais, mis à part une timide accélération de Valverde dans le premier grimpeur et un tempo de la Movistar et de la Tinkoff dans le second, rien ne s'est passé. L'échappée en a profité pour prendre de la marge (près de 11 minutes au pied de la Lombarde).

Mikel Nieve (Sky), deuxième au classement de la montagne, est passé en tête au sommet de la Bonette (3e du Col de Vars) pour s'emparer du maillot bleu au grand dam de Cunego, ancien leader et incapable de prendre l'échappée du jour. L'Espagnol était parti en solitaire dans la deuxième montée du jour mais c'est bien Rein Taaramae qui a placé l'accélération décisive. Revenu sur un trio Visconti-Atapuma-Dombrowski qui paraissait très costaud, l'Estonien a profité de la mauvaise entente entre les trois pour prendre quelques longueurs, à 12 kilomètres de l'arrivée. Ils ne reviendraient plus.

L'ancien grimpeur de la Cofidis et d'Astana a parfaitement géré son effort pour s'imposer avec 52'' d'avance sur Atapuma (BMC), dans le top 5 d'une étape pour la 3e fois de ce Giro après Sestola et Corvara. Mais le Colombien réalise surtout une énorme opération au général puisqu'El Puma de Túquerres entre dans le top 10, à la 9e place. L'un des trois Colombiens à y prendre place en plus de Chaves (2e) et Uran (7e), même le grimpeur d'Orica-GreenEdge est le grand perdant du jour.

Visiblement en souffrance dès le Col de la Bonette, en difficulté pour récupérer des efforts de vendredi, El Chavito a longtemps tenu le coup au bluff. Mais, comme vers Risoul, Nibali était en feu. L'Italien, 2e du général au départ ce matin, a demandé à Jakob Fuglsang d'augmenter le rythme dans le groupe maillot rose à 20 kilomètres de l'arrivée, provoquant notamment la perte d'Andrey Amador (Movistar) et de Kanstantin Siutsou (Dimension Data). Et lorsque Michele Scarponi a pris les commandes, le groupe a explosé une première fois. Tout le monde est revenu. Ce n'était que partie remise.

A cinq kilomètres du sommet du Col de la Lombarde, Nibali est passé à l'attaque. Seul Chaves et Valverde sont parvenus à suivre. La deuxième accélération de l'Italien - assis sur la selle - leur a été fatale. Surtout au Colombien. Visiblement à bout, le maillot rose peinait à suivre les relais de Valverde et si Rigoberto Uran (Cannondale), revenu de l'arrière, s'est sacrifié pour son compatriote, l'alliance colombienne n'a pas suffi, d'autant que devant, Nibali a pu compter sur un relais de Kangert, présent dans l'échappée. Et, au sommet, Uran était même parti avec l'Espagnol, pas gêné par l'altitude ce samedi.

La montée finale n'a fait qu'accentuer ce sentiment d'impuissance de Chaves, repris et lâché par le groupe Jungels, impressionnant et 6e au général. Arrivé avec 1'36'' de retard sur Nibali, le Colombien aura donc craqué la veille de l'arrivée et laisse sa tunique de leader à l'Italien. Le podium sera probablement complété par Valverde, très costaud dans le final et qui reprend sa 3e place, devançant désormais de 33'' un Kruijswijk touché et incapable de changer de rythme. Nibali est tout prêt d'ajouter un deuxième Tour d'Italie à son palmarès.