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Auteur d'un incroyable numéro, Chris Froome a renversé le Giro !

Julien Chesnais

Mis à jour 25/05/2018 à 19:55 GMT+2

TOUR D'ITALIE - Une journée qui va rentrer dans les annales du cyclisme. Parti seul à 80km de l'arrivée lors de l'étape reine du Giro ce vendredi, Christopher Froome s'est imposé avec trois minutes d'avance à Bardonecchia pour s'emparer du maillot rose à deux jours de l'arrivée à Rome, devant Tom Dumoulin. Thibaut Pinot remonte à la 3e place du général. Simon Yates, lui, a totalement sombré.

Chris Froome nouveau maillot rose du Giro à l'issue de la 19e étape

Crédit: Getty Images

Un morceau de légende. Cette 19e étape, théâtre d'un incroyable bouleversement, restera sans nul doute dans les annales du Giro. Chris Froome (Sky) en a été le héros stupéfiant. Et l'immense bénéficiaire. Parti seul à 80 kilomètres de l'arrivée, le Britannique a réalisé un numéro hors-norme pour devenir un improbable nouveau maillot rose. Il s'est imposé à Bardonecchia avec trois minutes d'avance sur Richard Carapaz (Movistar). Et 3'07'' sur un Thibaut Pinot en pleine résurrection.
Le Français est remonté à la 3e place du général au terme d'une journée complètement folle qui aura mis fin au règne de Simon Yates, victime d'une défaillance XXL dans le Colle delle Finestre. Là où le Giro aura changé de visage. Brutalement. Radicalement. Magnifiquement.
L'ascension classée hors-catégorie restera comme le point culminant de ce Tour d'Italie. Au sens propre comme au figuré, puisque ses 2178 mètres d'altitude constituent un maximum sur ces trois semaines de course. C'est dans ce monstre de 18,5 kilomètres à 9,2%, mi-bétonné mi-caillouteux, que tout a basculé. Cela s'est fait en deux épisodes. Le premier a été le naufrage de Yates. Sa coque s'était fissurée la veille à Prato Nevoso. Elle a cette fois complètement explosé sous l'effet du tempo de l'équipe Sky, catalysé par un début d'étape étouffant qui n'avait permis à aucune échappée de prendre le large.

Yates a tout perdu

Yates s'est alors retrouvé collé à la route. À bout de force. On était alors à 87 kilomètres de l'arrivée. Le Finestre, deuxième des quatre cols du jour, n'avait débuté que depuis cinq bornes. Distancé alors qu'il restait encore une trentaine de coureurs, le maillot rose a alors entamé une vertigineuse descente aux enfers. À l'arrivée, son retard s'élève à près de quarante minutes (38'51'') ! Après deux semaines de règne, Yates a donc tout perdu en un claquement de doigts. Victoire finale, podium, et même top 10. Une vraie journée en enfer.
Froome a vécu l'exact opposé. Tout s'est déroulé comme dans un rêve pour le quadruple vainqueur du Tour. Quatrième du général à 3'22'' du maillot rose ce vendredi matin, le voilà ce vendredi soir leader avec 40 secondes d'avance sur Tom Dumoulin (Sunweb). Le Britannique a réussi à "tout casser" dans des proportions que nul n'aurait pu imaginer. Placé sur orbite par Kenny Elissonde, le "Kényan Blanc" a mis en action sa moulinette des très grands jours lorsque la route s'est transformée en chemin de terre, à huit kilomètres du sommet du Finestre. Une attaque unique, décisive. Alors seul en tête à 80 kilomètres de l'arrivée, Froome a entrepris et réussi un incroyable raid solitaire. Peut-être bien le plus grand exploit de sa carrière.

Contre toute attente, Pinot revient sur le podium

Derrière, Pinot et Dumoulin sont ceux qui ont le mieux émergé dans le chaos semé par les Sky. Mais les deux hommes, alliés de circonstances malgré des intérêts différents (le maillot rose pour le Néerlandais, le podium pour le Français), ont été pollués dans leur poursuite par la présence de Miguel Angel Lopez (Astana) et Richard Carapaz (Movistar). Obnubilés par leur guerre pour le maillot blanc, porté par le Colombien, les deux Sud-Américains n'ont jamais voulu collaborer avec Dumoulin et Pinot.
Agacé, ce dernier ne pouvait pas jeter toutes ses forces dans la bataille au risque de se faire contrer plus tard, Lopez et Carapaz n'ayant que 30'' et 1'35'' de retard sur le Français au général. Aidé par son équipier Sébastien Reichenbach, qui, dans un grand jour, était présent au côté de son leader, Pinot a néanmoins réussi l'essentiel. Domenico Pozzovivo (Bahrain-Merida), lui aussi largement défaiilant a été éliminé de la course au podium. Troisième du général avant cette 19e étape, l'Italien a concédé plus de huit minutes ce vendredi (+8'29'' à l'arrivée).
Avec la défaillance de Yates, Pinot grappille ainsi deux places au général pour se retrouver troisième. Un rang inespéré le matin-même, vu la faiblesse affichée par le Franc-Comtois ces derniers jours. Contre toute attente, le voilà en pole position pour accrocher le podium. Il possède 40'' d'avance sur Lopez et 1'27'' sur Carapaz, qui n'ont pas réussi à semer le Français dans la montée finale de Jafferau (7km à 9,5%).

Un bras de fer à distance entre Froome et Dumoulin

Vite débarrassé de Yates, Dumoulin avait un boulevard pour s'offrir le maillot rose. Mais le Néerlandais a perdu son bras de fer à distance avec Froome, peu aidé par les options tactiques de Carapaz, Lopez, mais aussi de Pinot, qui a voulu attendre Reichenbach. Au sommet du Finestre, à 73 kilomètres de l'arrivée, l'écart entre le petit groupe de Dumoulin et le Britannique n'était que de 45''. Il a doublé dans la descente (où Reichenbach est revenu, attendu par le groupe de quatre). Et le trou fait n'a fait qu'augmenter jusqu'à l'arrivée, par-delà le col de Sestrières (3e catégorie), pour se figer à 3'23''. Soit quarante secondes de trop.
Après son incroyable coup de force, Froome va maintenant tenter de défendre son maillot rose, samedi, lors de la dernière étape de montagne. Un ultime renversement n'est pas à exclure à Cervinia. Sur ce Giro, il ne faut jurer de rien.
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