Tour d'Italie : Matej Mohoric remporte au sprint la 10e étape

Ce devait être une simple journée de transition. Ce fut une exécution en règle de l'un des grands favoris à la victoire finale. Contre toute attente, cette 10e étape traversant les Appenins a été le tombeau des illusions du Colombien Esteban Chaves (Mitchelton-Scott). Lâché dans la première ascension du jour, qui était d'ailleurs le seul véritable col au programme, à plus de 230 kilomètres de l'arrivée, le vainqueur de l'Etna n'a jamais pu faire son retour dans le peloton.

Ses rivaux n'ont pas manqué l'occasion de l'écarter définitivement de la course au général. Leur alliance a fait plier les ailes du "Colibri" qui a concédé 25 minutes à Gualdo Tadino, où Matej Mohoric (Bahrain-Merida) s'est imposé devant son compagnon d'échappée, l'Allemand Nico Denz (AG2R La Mondiale).

Un Grand Tour peut se perdre tous les jours. Surtout au lendemain d'un jour de repos, parfois bien plus difficile à avaler qu'une virée à travers les Alpes. Esteban Chaves l'aura appris à ses dépens ce mardi. Victime d'une allergie au pollen (selon les premières informations), le 2e du Giro 2016 a perdu pied dès les premiers kilomètres, sur les pentes du Fonte della Creta, sacrée mise en jambes de 16 kilomètres à 6% de moyenne. Vite accompagné de trois équipiers, Chaves n'a pas abdiqué tout de suite. À tel point que durant une centaine de kilomètres, l'écart a oscillé autour des deux minutes entre son groupe et le peloton.

L'aide des Quick-Step Floors, qui comptaient ramener leur sprinter Elia Viviani à l'avant, a permis d'entretenir l'espoir. Mais le bras de fer était trop déséquilibré face à un peloton principalement mené par les équipes Sky, Groupama-FDJ et Sunweb. C'est à 80 kilomètres de l'arrivée que le groupe Chaves a rendu les armes. Définitivement. Le Colombien n'a même pas cherché à limiter la casse, déboursant au final près de 25 minutes sur ses rivaux.

Désormais, la stratégie est claire chez Mitchelton-Scott. Il n'y a plus qu'un leader. Et c'est Simon Yates. D'un point de vue personnel, le Britannique a plutôt passé une bonne journée puisqu'il a repris trois secondes à ses rivaux en remportant le sprint intermédiaire de Sarnano (kilomètre 154). Le Britannique y a devancé Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), pourtant bien emmené par Sébastien Reichenbach. Le Français a lui empoché deux secondes de bonifications. Le voilà revenu à cinq secondes de Tom Dumoulin (Sunweb). Chaves ayant été éjecté, le Français poursuit sa remontée au classement. Il se retrouve sur le podium provisoire (3e à 46'' de Yates). Une première depuis le départ du Giro.

Pour la victoire d'étape, les baroudeurs ont dû attendre la résignation de Chaves pour avoir une chance de semer le peloton. À 40 kilomètres de l'arrivée, Matej Mohoric s'est extirpé dans le dernier grimpeur du jour (4e catégorie). Le Slovène a ensuite mis à profit une descente glissante - où Tom Dumoulin a chuté et le maillot blanc Richard Carapaz (Movistar) connu un incident mécanique – pour distancer son compagnon Davide Villella (Astana). Mais pas Nico Denz. D'abord revenu de l'arrière, l'Allemand s'est accroché, au courage, pour pouvoir disputer la gagne à l'ancien champion du monde juniors et espoirs.

Le coureur formé au Chambéry CF n'est pas passé loin de signer, à 24 ans, sa première victoire chez les pros. Mais bien calé dans la roue de Mohoric, il n'a jamais pu remonter son adversaire, qui s'est imposé avec autorité en lançant le sprint à 200m. L'ancien champion du monde juniors et espoirs a ainsi remporté sa deuxième victoire dans un Grand Tour, huit mois après un succès sur les routes de la Vuelta. Il étend un peu plus l'étonnante série victorieuse de la Slovènie, vainqueur chaque année d'une étape du Giro depuis 2014.

Le peloton, battu pour 34 secondes, a été réglé par Sam Bennett (Bora-Hansgrohe), frustré de ne pas avoir eu sa chance, quatre jours après s'être imposé à Praia a Mare. Une déception toute relative comparée à celle de Chaves, l'immense et inattendu perdant du jour.