Yates : "Pour gagner le Giro, il me faut plus d'avance"

Simon Yates a (encore) effectué une bonne opération samedi. Dans l'enfer du Monte Zoncolan, le Britannique n'a cédé du terrain qu'à son compatriote Chris Froome. Et encore. Bonifications comprises, il n'a cédé que dix secondes au quadruple vainqueur du Tour de France. Sur tous les autres, Yates a pris du temps. A une semaine de l'arrivée à Rome, le voilà donc plus que jamais candidat à la victoire finale. Mais selon l'intéressé, tout ce qu'il a accompli depuis le départ en Israël n'est pas encore suffisant pour prétendre ramener le maillot rose à bon port.

En haut du Zoncolan, sa marge de manœuvre sur son dauphin s'est pourtant accentuée puisque Tom Dumoulin pointe désormais à 1'24". Derrière, Domenico Pozzovivo et Thibaut Pinot sont respectivement relégués à 1'37" et 1'46". Chris Froome, lui, est 5e mais toujours à plus de trois minutes du leader. Confortable ? Pas forcément. Concernant Tom Dumoulin tout particulièrement, Simon Yates sait que son pécule n'est pas forcément suffisant avec la perspective du contre-la-montre entre Trente et Rovereto, mardi.

"Je suis content de ce que j'ai fait samedi, je suis content d'avoir pris du temps à Tom, mais pour gagner le Giro, ce n'est pas assez", juge le leader de l'équipe Mitchelton-Scott. "L'écart n'est pas aussi important que ça, ce n'est pas énorme", poursuit le maillot rose, qui s'attend à perdre tout ou partie de son avance sur les 34 kilomètres du dernier chrono de ce Giro : "Je pense qu'il va reprendre ce temps lors du contre-la-montre. Il va très facilement combler son retard."

Défaitiste, Simon Yates ? Ou réaliste ? Rouleur hors normes, Tom Dumoulin parait effectivement en mesure de reprendre le contrôle de ce Tour d'Italie à la faveur du chrono. D'où l'intérêt, vital même, pour Yates, de passer encore à l'attaque, sans doute même dès dimanche. Si le 15e acte est moins effrayant sur le papier que celui de samedi, le terrain peut être propice à une nouvelle offensive du maillot rose. "Je vais encore essayer, promet-il. Je n'ai pas le choix de toute façon. La grande question, c'est : est-ce que je peux prendre du temps à chaque ascension ?"

D'autant que, outre le cas Dumoulin, l'étape du Zoncolan a remis en selle Chris Froome. Certes, Simon Yates compte encore 3'10" d'avance sur lui, mais l'homme fort de la Sky est lui aussi capable de combler une partie de son handicap dans le chrono. Et s'il monte encore en puissance en troisième semaine, il pourrait aussi faire du dégât en haute montagne. Or, ce dernier tiers de Giro n'en manquera pas. "Chris est comme Tom. Il peut reprendre facilement du temps en contre-la-montre. Et samedi, quand il a attaqué, il était vraiment fort. De toute façon, je ne l'ai jamais considéré comme hors-jeu pour la victoire finale."