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Tour d'Italie - Les doutes, la souffrance, Caruso : Bernal a tout surmonté pour reprendre sa place

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 30/05/2021 à 22:43 GMT+2

TOUR D’ITALIE – Après le Tour de France 2019, Egan Bernal a accroché le Giro 2021 à un palmarès déjà riche, à seulement 24 ans. Un succès qu’il a construit brillamment pendant quinze jours, avant de souffrir en troisième semaine face aux assauts de ses adversaires. Un schéma qui résume assez bien les deux dernières années vécues par le Colombien, torturé par son dos.

Egan Bernal sul podio di Milano con il Trofeo Senza Fine - Giro d'Italia 2021

Crédit: Getty Images

Tout va très vite dans le cyclisme, et ce n’est pas Egan Bernal qui dira le contraire. En deux ans, le Colombien de 24 ans est passé par toutes les émotions. Sa victoire sur le Tour de France 2019 l’avait propulsé sur le devant de la scène et en icône absolue en Colombie, un coureur qui faisait alors tout plus vite et mieux que les autres. Mais 2020 est passé par là. 2020 et ce Tour de France catastrophique pour Bernal, blessé au dos et contraint à l’abandon lors de la 16e étape, non sans avoir vécu un calvaire auparavant sur les pentes du Grand Colombier. Une journée terrible au terme de laquelle les doutes planaient sur sa capacité à se remettre de cette blessure si handicapante, encore plus pour un cycliste. Et il lui a fallu du temps pour en récupérer totalement.
Il y a eu des doutes…
Pour son retour à la compétition en début de saison, Bernal a vite rassuré sur ses douleurs au dos, en prenant la 3e place des Strade Bianche ou la 4e de Tirreno-Adriatico. Mais le coureur dominant du Tour de France 2019, celui que personne ne pouvait suivre en montagne, celui qui était amené à régner sur le Tour de France pendant une décennie, avait disparu. Le Colombien n’était pas à la rue, certes, mais il avait concédé près d’une minute à Pogacar sur l’ascension de Prati di Tivo en mars. De quoi laisser planer des doutes sur ses capacités à gagner le Giro, même en l'absence des deux superstars slovènes (Pogacar et Roglic).
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Team Ineos rider Colombia's Egan Bernal celebrates with the race's Trofeo Senza Fine (Endless Trophy) on the podium after winning the Giro d'Italia 2021 cycling race following the 21st and last stage on May 30, 2021 in Milan

Crédit: Getty Images

D’autant que, si les choses allaient mieux pour le coureur d’INEOS Grenadiers, tous les voyants n’étaient pas encore au vert. "2020 n’a vraiment pas été facile pour moi, disait-il avant le départ. Je ressens encore, de temps en temps, des douleurs. Les choses se sont améliorées tardivement. J’espère que tout ira bien jusqu’au bout du Giro…" Des doutes confirmés ce dimanche à Milan. "Avant le 'Je reviens", avant le "Les choses reviennent', je me demandais si je réussirais à revenir, si j'avais encore l'envie de gagner ou pas, admettait-il. Il y a eu des doutes". Le doute de faire disparaître la douleur. Le doute de revenir au plus haut niveau. De redevenir cycliste, tout simplement. Mais tout ça l’a renforcé, l’a aidé à accepter la souffrance. Et l’a bien aidé sur ce Giro.

Souffrir est devenu une seconde nature

Pourtant, Egan Bernal a d’abord traversé ce Tour d’Italie comme l’immense favori qu’il était, portant le maillot rose pendant les douze derniers jours de course. Héroïque pendant deux semaines, le Colombien a alors écrasé la concurrence, multipliant les attaques, sur tous les terrains, que ce soit sur les chemins blancs de Montalcino ou dans les Dolomites, par-delà le Passo Giau. Reconstruisant petit à petit son physique comme sa confiance. "Je suis là pour profiter et regagner la confiance que j'avais en 2019, expliquait-il au soir de la 4e étape. Une journée comme aujourd'hui m'a remis sur la bonne voie. Je n'avais aucune douleur, aucun problème". Après 16 étapes, absolument personne n’imaginait quelqu’un d’autre que Bernal remporter ce Tour d’Italie 2021. Comme personne n’aurait imaginé en 2019 voir Bernal aborder ce Giro avec un seul succès en Grand Tour.
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Egan Bernal (Rosa Trikot) leidet auf der 17. Giro-Etappe

Crédit: Getty Images

Mais la suite du Giro n’a pas été aussi simple pour le Colombien. Que ce soit à l’Alpe di Mera vendredi, à l’Alpe Motta samedi et encore plus à Sega di Ala mercredi, le maillot rose a subi la course beaucoup plus qu’il ne l’aurait voulu ou qu’il n’aurait pu l’imaginer. Son rictus dans l’ascension finale à près de 10% mercredi dernier en disait beaucoup sur la souffrance qu’il ressentait. Un coup de moins bien dont le Colombien s’est sorti bien aidé par son compatriote Daniel Felipe Martinez, dont le geste d’encouragement envers son leader dans la montée a marqué les esprits. Mais souffrir est devenu une seconde nature pour Bernal. Avoir les jambes dures, devoir aller plus loin dans la douleur n’est rien comparé aux douleurs de dos qui l’avaient tant handicapé l’an passé. Alors le natif de Bogota ne s’est jamais affolé.
Remporter son premier Giro est quelque chose de spécial pour moi
S’il a été distancé les trois jours, Bernal a toujours limité la casse. Surtout, il a profité des défaillances tour à tour de ses adversaires pour garder une marge confortable sur ses deux rivaux principaux, Damiano Caruso et Simon Yates. L’offensive lointaine de l’Italien lors de la 20e étape aurait pu mettre le maillot rose en danger mais il n’en a rien été. Le Colombien revenait de beaucoup trop loin pour laisser Caruso, certes dans la forme de sa vie et auteur d’un Giro exceptionnel, l’empêcher de devenir le deuxième Colombien à gagner le Tour d’Italie (après Quintana en 2014). Et il n’allait pas pu laisser une stupide chute briser ses espoirs. "J’étais concentré sur mon effort, je pensais seulement à ne pas faire d’erreur, avouait-il après l’arrivée. Je ne voulais pas perdre le Giro dans un virage. J’ai tout donné là où je le pouvais mais j’assurais dans chaque virage où il y avait des risques". Avant de profiter.
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Egan Arley Bernal Gomez of Colombia and Team INEOS Grenadiers Pink Leader Jersey & Sir Dave Brailsford of United Kingdom General Manager during the 104th Giro d'Italia 2021, Stage 21 a 30,3km Individual Time Trial stage from Senago to Milano

Crédit: Getty Images

"Dans le dernier kilomètre, c’était très spécial, raconte le Colombien. Je voyais de nombreux drapeaux colombiens, qui étaient là partout, il y avait beaucoup de monde qui s’embrassait, qui me supportait et qui était là pour moi. C’est vrai qu’en ce moment, je reste très tranquille mais remporter son premier Giro est quelque chose de très spécial pour moi. Je fais partie des grands". Rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir remporté le Giro et le Tour, et encore moins à 24 ans seulement. Et dire que le Colombien a déjà un nouvel objectif en tête. "Ce qui m’intéresserait, ça serait de faire une belle Vuelta, avoue-t-il. Ça serait quelque chose de très spécial et d’exceptionnel … " Egan Bernal aurait pu ne jamais devenir cycliste, voulant faire de la communication plus jeune avant que ses parents le poussent vers le vélo. Il aurait pu ne jamais retrouver son meilleur niveau après ses douleurs de dos qu’il a mis un an à guérir. Alors souffrir trois semaines pour rentrer dans l’histoire, ce n’est pas tant que ça…
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