Déjà des rumeurs de départ : Lenny Martinez, premières turbulences

Quand Marc Madiot montait au front pour vendre la "génération 2023" chez Groupama-FDJ, celle des Lenny Martinez, Romain Grégoire ou Laurence Pithie tous venus de l'équipe de développement, il avait trouvé son modèle. Vantant l'Ajax Amsterdam, le manager évoquait la formation mais aussi un état d'esprit qui se transmet saison après saison. Anticipait-il aussi le pillage de ses talents par des équipes plus fortunées ? Évidemment pas mais le cas Martinez fait du bruit depuis quelques semaines.

Le problème avec les pépites, c'est qu'on ne sait pas vraiment quand elles vont exploser. A son avantage dès sa première saison professionnelle avec un succès sur le Mont Ventoux mais aussi un maillot rouge sur la Vuelta, Lenny Martinez avait laissé une ultime impression mitigée. Assommé physiquement par ce que demande un grand tour, il avait achevé le Tour d'Espagne dans la douleur, ce qui justifie d'ailleurs que la Groupama-FDJ le fasse revenir sur le dernier grand tour de la saison, en tant que leader cette fois, en 2024, plutôt que sur le Tour de France.

Madiot et les siens s'attendaient-ils à un tel début de saison du gamin que l'on a vu triompher en opportuniste sur la Classic Var, puis en patron sur le Trofeo Laigueglia tout en terminant 2e de O Gran Camino derrière Jonas Vingegaard et devant Egan Bernal ? Sa 8e place sur les Strade Bianche au bout d'une édition longue de 215 kilomètres et courue sur un rythme dingue n'est pas la moins révélatrice, tant elle prouve qu'il a franchi un cap physiquement. Le frêle Martinez n'est pas qu'un grimpeur, il est en vérité capable de beaucoup de choses.

Ces performances n'ont échappé à personne et surtout pas à la Bahrain-Victorious qui lui aurait fait une offre selon le journal suisse, Le Temps, et La Gazzetta dello Sport. Plus tard, Le Parisien nous apprenait que le jeune coureur de la Groupama-FDJ réfléchissait encore et qu'il n'écartait pas une prolongation dans son équipe de toujours qui aurait peut-être aimé pouvoir le prolonger avant qu'il n'explose. Reste que les montants qui bruissent - près de 2,5 millions d'euros chez Bahraïn pour la troisième et dernière saison de son possible contrat -, prouvent à quel point son talent fait tourner les têtes.

Madiot peut-il s'aligner sur une telle proposition ? A l'évidence, non. Le droit français rend tout un peu plus compliqué pour les équipes tricolores sur le strict point de vue des salaires et la Groupama-FDJ doit faire attention à ce qu'elle fait, plus que des formations soutenues par des États. On prêterait à l'ambitieux Martinez l'idée qu'il pourrait devenir plus fort dans une équipe étrangère. Surtout, la présence de David Gaudu, annoncé comme son équipier sur la prochaine Vuelta, pourrait lui barrer la route du leadership sur le Tour de France.

Le Breton lui n'a jamais pris ombrage de la présence de Thibaut Pinot dans ce perpétuel passage de flambeau et pourtant il n'y avait que cinq ans d'écart entre les deux contre sept entre Gaudu et Martinez. Le 4e du Tour de France 2022 a eu un peu de "réussite" en profitant des malheurs de son ancien leader pour rapidement s'imposer. Martinez aurait-il autant de patience ?

"Prenez soin de l'équipe" avait glissé Thibaut Pinot aux jeunes présents pour sa dernière course professionnelle, le Tour de Lombardie. Lenny Martinez était de ceux-là et il avait saisi la balle au bond à notre micro début janvier, espérant marcher dans ses pas. Fera-t-il toute sa carrière dans la même équipe ? Le Tour de Catalogne, dont il prend le départ aux côtés des Pogacar, Kuss, Landa, Thomas, Bernal ou Mas sera une nouvelle occasion de tester son talent puis sa cote sur le marché.