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"Je n'ai pas pu être celle que je voulais être" : Les adieux en demi-teinte de la reine Annemiek Van Vleuten sur le Tour

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 31/07/2023 à 01:10 GMT+2

Incapable de lutter avec Demi Vollering pour le classement général de ce Tour de France femmes avec Zwift 2023, Annemiek van Vleuten a dû laisser sa couronne à sa compatriote. Pire, la Néerlandaise ne termine même pas sur le podium, en ayant été éjecté par Lotte Kopecky. Une fin en demi-teinte pour celle qui aura été la grande reine du cyclisme féminin pendant six ans.

"On a assisté au passage de témoin entre van Vleuten et Vollering"

Interloqués. Ébahis. Tels étaient les états des spectateurs samedi dans l’ascension du col du Tourmalet lorsqu’Annemiek van Vleuten passait devant eux. Et c'était la même chose pour ceux qui ont regardé la 7e étape du Tour de France devant leur télévision. A force d’écraser la concurrence ces dernières années, de reléguer ses adversaires à plusieurs minutes, la Néerlandaise paraissait invincible. Imbattable. Que rien ne pouvait l’arrêter. Le géant des Pyrénées a montré que l’âge (40 ans) et Demi Vollering, au moins, en étaient capables. Van Vleuten avait pourtant terminé 3e de l’étape, symbole des standards auxquels la double championne du monde (2018 et 2022) nous a habitués.
De la déception, mais je n’espérais pas plus
"Les gens qui m'ont vu dans le Tourmalet ont dû savoir que je ne roulais pas au niveau que j'ai en temps normal", estime-t-elle assez justement. Était-ce l’âge qui devenait enfin son ennemi ? Était-ce le doublé Giro-Vuelta qui lui a pesé dans les jambes, au contraire de l’an passé ? On ne le saura sans doute jamais. Reste que Van Vleuten a quitté le Tour de France ce dimanche, non pas dans la gloire et la lumière que sa carrière mérite, mais dans la frustration de l’échec. Une rareté pour la Néerlandaise, habituée aux strass et paillettes du podium. D’autant qu’elle n’a pas réussi à conserver le podium, éjecté de la 3e place par une Lotte Kopecky inattendue à ce niveau.
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Reusser en favorite, Van Vleuten en perdition : le résumé du contre-la-montre final

"Il y a de la déception, bien sûr, avoue-t-elle. C’était à l’image de ces deux derniers jours. J'ai tout donné. L'an dernier aussi, j'avais tout donné aussi. Mais je n’espérais pas plus, j’étais fatigué, un peu malade déjà hier soir. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait des erreurs notables ou d'avoir fait quelque chose de mal. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je n'ai pas pu être celle que je voulais être. C'est dommage pour ce dernier Tour de France". Une Grande boucle terminée donc à la 4e place à 3’59’’ de Demi Vollering. Petit clin d’œil : elle avait gagné l’épreuve en 2022 avec une avance comparable sur sa compatriote (3’48’’). Comme un symbole du passage de témoin. Mais aucunement une tâche sur l’incroyable carrière de Van Vleuten.
Je me suis dit que j’avais peut-être du talent pour ça
Sa carrière de cycliste aurait pu d’ailleurs ne jamais voir le jour, elle qui jouait au football initialement, avant d’arrêter en raison de nombreuses blessures aux genoux. C’est alors que Van Vleuten s’est mise au vélo "pour contrôler ses kilos superflus d’étudiante", comme elle le racontait elle-même. "Mes amis trouvaient ça bizarre car ils me connaissaient comme celle qui faisait la fête deux fois par semaine, expliqua-t-elle l’an passé. J’étais une fêtarde, j’ai adoré mes 5 années à la fac pour devenir épidémiologiste". Mais son destin n’était pas là. Pas encore. "La première année où j’ai commencé à courir, j’ai fait des tests physiques, avec des mesures d’oxygène et de puissance, raconte la Néerlandaise. Et d’un coup, sans trop m'entraîner, j’avais déjà des chiffres, des watts et une VO2 Max digne de l’équipe nationale néerlandaise ! Je me suis dit que j’avais peut-être du talent pour ça". Pour l’avoir, ça, elle l’avait.
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Van Vleuten sans regret : "Je n'avais pas les jambes, je n'étais pas au niveau"

La native de … Vleuten (ça ne s’invente pas) aura été LA grande championne des années 2010 avec Anna Van der Breggen. Les deux Néerlandaises se sont partagées la grande majorité des titres ces dernières années et Van Vleuten s’est régalée : un triplé incroyable Giro-Vuelta-Tour l’an passé, un doublé Giro-Vuelta cette saison, un titre olympique du chrono en 2021, quatre titres Mondiaux – deux en ligne (2019, 2022) et deux en chrono (2017, 2018) – une Route de France en 2010, mais aussi quatre Monuments – deux Liège-Bastogne-Liège (2019, 2022) et deux Tour des Flandres (2011, 2021) – ou encore deux Strade Bianche (2019, 2020)…

Une classe à la hauteur du palmarès

Un palmarès indécent qui ne saurait pour autant donner la pleine mesure de la trace que la Néerlandaise laissera dans l’histoire du cyclisme féminin. Il y a eu Jeannie Longo, il y a eu Marianne Vos et Anna Van der Breggen. Il y aura désormais Annemiek van Vleuten. Une championne hors du commun, à la classe rare, à l’image de ses déclarations à l’arrivée du Tour de France. "L'équipe a fait une superbe performance, déclarait-elle, malgré la déception. C'est génial de partager ces belles victoires de Liane (Lippert) et Emma (Norsgaard), ce sont de magnifiques succès". Sa carrière l’était tout autant. Et même plus.
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