Tour de France Femmes - Demi Vollering reprend le flambeau à Van Vleuten, l'épreuve grandit et séduit : merci mesdames !

La première édition du Tour de France Femmes new look avait déjà posé des bases solides. La cuvée 2023 n'a fait que conforter ses certitudes et ses promesses. A l'heure de faire le bilan et de tirer des enseignements, il est assez unanime pour dire que cette nouvelle Grande Boucle au féminin a ravi les suiveurs. Les participantes et surtout le public, en tête.

Car ce Tour de France Femmes, deuxième du nom, nous a offert un spectacle de choix de A à Z. Entre échappées heureuses et surtout audacieuses, public présent et de plus en plus séduit, mais aussi une nouvelle génération qui pousse plus que jamais pour se faire une place sur le devant de la scène, le cocktail s'est révélé savoureux.

C'est finalement ça qui ressort le plus au moment de rembobiner le magnéto de ce Tour de France Femmes. Souvent raillé pour une frilosité ou des stratégies difficilement lisibles, la petite reine au féminin nous a gratifié de quelques belles leçons de culot pendant huit jours. Avec une bonne poignée d'épilogues aussi détonants les uns que les autres. Les plans d'attaque(s) des diverses formations sont aussi à souligner ici, bien évidemment.

Les échappées victorieuses et pleines d'éclats des jeunes Ricarda Bauernfeind, Emma Norsgaard ou encore de la "cyclocrosswoman" Yara Kastelijn sont les symboles de ce cyclisme totalement débridé et bourré d'incertitudes qui a animé la semaine entre Clermont-Ferrand et Pau.

Rajoutez à tout ça un parcours relativement éreintant, varié et taillé pour faire des différences et le suspense a été à son comble toute la semaine. D'autant que la bataille pour le classement général ne s'est encore jouée que lors du dernier week-end avec le diptyque pyrénéen de gala entre l'Aspin et le Tourmalet, mais aussi le contre-la-montre, absent notoire de l'édition "inaugurale".

Mais si les dames se sont encore sublimées pour ce qui est aussi devenu leur plus grande course dans leur calendrier, le public a également répondu présent. A Onet-le-Château, Christian Prudhomme s'était enorgueilli de l'alignement entre la course messieurs et dames.

"Nous sommes rentrés dans un cercle vertueux qu’on a vu dès l’année dernière sur les routes du Tour. Et je dis bien 'du Tour', parce que c’est un mois complet réservé au vélo, qu’il s’agisse des hommes ou des femmes. Il y a un public fervent au bord des routes et on a de bonnes audiences. La perception des gens a beaucoup changé."

Il suffisait de voir la foule amassée sur les pentes de l'Aspin et du Tourmalet pour valider les propos du "boss". Ce bain de foule offert aux femmes dans la montée du géant des Pyrénées a définitivement été l'une des images du Tour. Avec une météo capricieuse pour offrir le scénario épique que l'on connaît.

"J'ai eu pas mal de frissons dans la voiture de direction de course à voir autant de public au départ, à l'arrivée, mais aussi tout au long du parcours. C'était la deuxième édition, il était important pour nous de confirmer la réussite de la première édition", confiait notamment Marion Rousse ce dimanche matin dans des propos recueillis par nos confrères de France Info.

Lentement, mais sûrement, comme le veut l'organisation, le Tour de France Femmes réussit son pari de séduire et d'attirer. "Les gens étaient fous, c'était génial, le cyclisme féminin avait besoin de ça, c'est arrivé pour nous", lâchait Audrey Cordon-Ragot épuisée, mais heureuse à l'arrivée du chrono.

La directrice de course s'est plusieurs fois félicitée de la bagarre entre les favorites tout au long de la semaine. Entre les deux "ogresses" bataves notamment. Car c'était assurément le fil rouge de cette semaine. Personne n'a pu y échapper d'ailleurs. Comme depuis le début de la saison finalement. Au coude à coude depuis plusieurs mois, Annemiek van Vleuten et Demi Vollering devaient se livrer une ultime bataille de choix sur les routes hexagonales. Avec un changement de momentum forcément incontestable tôt ou tard.

Après une carrière XXL, la championne du monde n'a hélas pas réussi un deuxième "Grand Chelem" sur les grands tours. Mais ses échanges de banderilles quasi permanents avec sa cadette ont offert bien plus qu'un simple feuilleton. Une autre manière d'apposer de la crédibilité et du respect sur un cyclisme féminin en quête de belles histoires. Demi Vollering, Juliette Labous, Katarzyna Niewiadoma et consorts récupèrent un héritage colossal qu'elles sauront entretenir pour continuer à grandir.

Mais le crépuscule de la carrière de "Vleuty" n'est pas la seule histoire de transmission notable de la cuvée. "Cannibale" du peloton pendant une décennie, la légende néerlandaise Marianne Vos a elle aussi lâché du lest face aux progressions de la jeune garde, emmenée par Lorena Wiebes, malheureusement non-partante à Onet-le-Château, Emma Norsgaard ou encore Charlotte Kool. Oui, le spectacle a été grand, encore une fois. Les reines du Tour sont aussi des artistes. La prochaine représentation de 2024 s'annonce grande. Vite, la suite !