Freire en profite

Quand le chat n'est pas là... Homme fort du sprint depuis le début de ce Tour de France, Mark Cavendish, fort de ses quatre victoires, semble imbattable en ce moment en vitesse pure. Mais samedi, le Britannique n'a pas survécu au petit col de l'Orme, astucieusement placé dans les dix derniers kilomètres de l'étape. L'épouvantail de l'équipe Columbia ainsi distancé, les appétits se sont aiguisés. C'est finalement Oscar Freire (Rabobank) qui a raflé la mise, devant Leonardo Duque (Cofidis) et Erik Zabel (Milram), qui étaient eux aussi en quête d'un premier succès.

Freire, régulier depuis le départ de Brest, mais jamais vraiment en mesure de claquer une étape, est bien conscient d'avoir saisi ce qui était peut-être sa plus belle opportunité. " Je savais que Cavendish n'était plus là. Il fallait en profiter aujourd'hui, parce qu'il est tellement rapide que quand il est là, c'est presque impossible de le battre", sourit le triple champion du monde, dont c'est là la quatrième victoire sur les routes du Tour. Il conforte au passage son maillot vert. Avec désormais une avance supérieure à 40 points sur son nouveau dauphin, Thor Hushovd, l'Espagnol peut voir venir.

Cette dernière journée de transition entre les Pyrénées et les Alpes n'a donc pas souri davantage que les deux précédentes aux baroudeurs, contrairement à ce que beaucoup attendaient. Le parcours, peu favorable aux sprinters cette année, et la razzia de Cavendish, ont incité certaines équipes à ne pas laisser passer leur chance. Dommage pour Sandy Casar. Le Français, présent dans la bonne échappée du jour après un début d'étape ultra-nerveux (52,5 km parcourus dans la première heure de c ourse!) aurait pu effectuer un joli bond au classement général si le peloton avait choisi de le laisser filer en compagnie de Gutierrez (Caisse d'Epargne), Bonnet (Crédit Agricole) et Tankink (Rabobank).

Malheureusement pour le protégé de Marc Madiot, l'avance du quatuor, après avoir culminé à près de sept minutes à 100 kilomètres de Digne, a brutalement chuté sous l'impulsion conjuguée des Milram et des Liquigas, oeuvrant respectivement pour Zabel et Pozzato. Leur aventure était donc vouée à l'échec, même si Gutierrez tenta un baroud d'honneur avant le col de l'Orme. C'est là, dans la montée de cette anodine ascension de quatrième catégorie, que Cavendish a vu ses espoirs d'un cinquième succès s'envoler, avant que, dans la descente, Sylvain Chavanel ne tente encore sa chance, en vain.

C'est également là que les ténors nous ont offert une mini passe d'armes en forme d'avant-goût de la grande bataille alpestre. Testé par Andy Schleck et Alejandro Valverde, Cadel Evans, certes nullement menacé, a fait preuve de sa vigilance dans ce talus surchauffé par la canicule. L'Australien, dont le maillot jaune ne tient toujours qu'à un fil, sera évidemment nettement plus exposé dimanche, mardi et mercredi. Le Tour va aborder sa dernière semaine avec cinq hommes dans la même minute au classement général. Un fait rarissime, comme la promesse d'une des Alpes traversée brûlante.