La frayeur d'Augustyn

Après un début de Tour calamiteux, marqué entre autre par l'abandon précipité du Colombien Juan Mauricio Soler et par le contrôle positif de l'Espagnol Moises Dueñas, l'équipe Barloworld n'est pas passée loin de retrouver quelques couleurs, mardi. Lors de la 16e étape, l'un des cinq survivants encore en course après la dernière difficulté du jour a fait le show. Passé en tête au sommet du col hors catégorie de la Bonette, John-Lee Augustyn a frôlé la catastrophe quelques mètres plus bas lors de la descente. Plutôt discret depuis le départ de Brest, le Sud-Africain a été l'auteur de l'image de cette 16e étape, peut-être même de l'image de cette 95e Grande Boucle.

Rattrapé dans la descente en direction de Jausiers par Cyril Dessel, Sandy Casar, Yaroslav Popovych et David Arroyo, Augustyn s'est raté lors d'une virage à droite et a fini sa course dans le ravin après un vol plané, qui n'avait néanmoins rien de comparable avec celui d'Oscar Pereiro Sio dimanche. "Je n'ai pas rencontré de problème de freins ni été gêné par des graviers. J'ai juste raté mon virage. Quand j'ai tourné, j'ai tout de suite compris que ça n'allait pas. Au moment du vol, je ne me suis rendu compte de rien. Ce n'est qu'en retombant que je me suis aperçu que je n'étais pas blessé", a-t-il expliqué à notre confrère Serge Guidicelli. Aidé à remonter sur la route par un spectateur qu'il a longuement remercié après la course, le Sud-Africain a rapidement enfourché un vélo tout neuf. Le sien ayant été abandonné une dizaine de mètres plus bas dans le ravin…

S'il avait franchi la ligne d'arrivée en vainqueur, l'histoire aurait été vraiment belle. Né le 10 août 1986, le Sud-Africain est le deuxième coureur le plus jeune de ce Tour 2008. Passé professionnel en 2007 chez Barloworld, Augustyn n'a pas mis longtemps à montrer l'étendue de son talent. Lors de son championnat national sur route l'année dernière, le coureur alors âgé de 20 ans prend une prometteuse 5e place. Quelques semaines plus tard, on le retrouve aux côtés des meilleurs lors du Tour du Trentin qu'il terminera au 11e rang. A ce jour, l'une de ses belles performances chez les pros est sans aucun doute la 3e place décrochée lors de l'étape reine du Tour des Asturies, au Sanctuario del Acebo. A l'arrivée, le petit John-Lee s'est offert le luxe de devancer Francisco Mancebo et David Bernabeu, lâchés par le Sud-Africain dans la dernière ascension.

En 2008, et à l'image de son début de Tour, Augustyn s'est montré plutôt discret. Cette saison, seule une anodine 8e place lors de la Subida al Naranco remportée le 1er mai dernier par l'Espagnol Xavier Tondo est à mettre à son compteur. Le Tour de France est évidemment l'échéance la plus importante de son année. Après l'abandon de Soler et Cardenas et l'éviction de Dueñas, il est désormais celui sur lequel peuvent compter ses deux directeurs sportifs Valerio Tebaldi et Alberto Volpi. Ce qu'il aime par dessus le petit John-Lee, c'est ça, quand la route prend de la hauteur.

Lors de la première étape de moyenne montagne, à Super-Besse, le Sud-Africain avait pris une convaincante 31e place, à 32 secondes de l'Italien Riccardo Ricco' (Saunier Duval-Scott). "Avant le début de la montagne, je ne savais pas trop où j'en étais. A Super-Besse, j'ai pu me rendre compte que j'avais de bonnes jambes ". Ce fut d'abord le cas dans l'ascension du Tourmalet il y a une semaine. Repris rapidement, par la CSC emmenée par Jens Voigt, le Sud-Africain s'est signalé une première fois. Un peu. Depuis, il était de nouveau rentré dans le rang jusqu'à ce mardi...