Schumacher, baron jaune

Forcément, Stefan Schumacher n'échappera pas aux comparaisons avec Michael son homonyme allemand, septuple champion du monde de Formule 1. Il faut dire que l'analogie est facile, tant la fusée de la Gerolsteiner a affolé les chronos lors du premier contre-la-montre du Tour 2008, disputé autour d'une boucle à Cholet (29,5 km). Forcément, Stefan Schumacher n'échappera pas non plus aux comparaisons avec Tom Boonen. La raison ? En fin d'année dernière, son nom fut cité après un contrôle positif aux stupéfiants après une soirée en discothèque plus que bien "arrosée" qui lui a d'ailleurs fait provoquer un accident de la route... Contrairement au Belge, positif à la cocaïne, lui, a pu faire le Tour. Une présence qui fait débat. Au grand étonnement de l'intéressé...

Vainqueur l'année passée de l'Amstel Gold Race, Stefan Schumacher compte aujourd'hui à son palmarès deux étapes du Giro dont il a porté en 2006 le maillot rose de leader. Pas de quoi le désigner comme un rival potentiel à Cancellara (CSC) ou Millar (Garmin) sur la rampe de lancement... S'élançant à 16h10, sous des nuages menaçants et un vent de face de moins en moins fort, Stefan Schumacher a écrasé tous les chronos sur son passage. Pointé largement en tête aux deux intermédiaires, impressionnant de puissance et de fluidité, il a terminé finalement avec 18 secondes d'avance sur le surprenant Kim Kirchen. Le Luxembourgeois, transcendé par son maillot vert, est remonté sur la 2e marche du classement général, à 12 secondes de l'Allemand. "Quand on termine 2e d'un chrono du Tour de France, je crois qu'on peut dire qu'on est dans la forme de sa vie", sourit l'homme de la Columbia. Jamais Romain Feillu (Agritubel), magnifique lors de l'étape de la veille, n'a été en mesure de défendre son maillot jaune. Trop limité dans cet exercice, et les jambes certainement lourdes après son échappée au long cours, le jeune Français, qui accusait déjà 1'40 de retard après 11 kilomètres, a terminé à la 169e place finale (à 4'59).

Les Français, si brillants depuis le lancement de cette Grande Boucle, sont cette fois restés discrets (Sylvain Chavanel, le meilleur d'entre eux, est 13e), laissant cette affaire aux spécialistes. Parmi eux, David Millar (Garmin) et Cadel Evans (Silence-Lotto), respectivement 3e et 4e sur la ligne d'arrivée, ont confirmé leur réputation, tandis que Fabian Cancellara (CSC), 5e, a plus que déçu. L'Australien est le grand vainqueur du jour au sein des postulants à la victoire finale puisqu'il a repris 7 secondes à Denis Menchov (Rabobank), 59 secondes à Damiano Cunego (Lampre), pourtant auteur d'un solide chrono, 1'02" à Andy Schleck (CSC), 1'07" à un décevant Alejandro Valverde (Caisse d'Epargne) ou encore 1'15" à Carlos Sastre (CSC). Riccardo Ricco (Saunier-Duval), qui a accusé un retard de 3'09" sur Evans dans cette étape, a perdu beaucoup dans ce chrono. Peut-être le Tour...

Quant à Stefan Schumacher, il entend bien profiter de son nouveau statut. "Ce succès et ce maillot jaune, le premier pour notre équipe, tombent vraiment au meilleur moment. Je ne sais pas trop jusqu'où Stefan peut le garder mais on le défendra aussi longtemps que possible", prévient Hans-Michael Holczer, le directeur sportif de Gerolsteiner, content de voir l'un des siens siéger au sommet de la Grande Boucle, une première pour son équipe. Un Grande Boucle plus que jamais ouverte. Mais sur laquelle planent de gros nuages bien gris...