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Un jour dans le Tour

Eurosport
ParEurosport

Publié 07/07/2008 à 06:00 GMT+2

Il y a 26 ans, le Tour de France se retrouvait à l'arrêt, pris en otage par la crise économique. Retour sur un épisode rarissime, l'annulation pure et imple d'une étape pour des raisons autres que climatiques.

. 7 JUILLET 1982: LE TOUR EN OTAGE
Usinor, ou quand le Tour devient otage du contexte social. Nous sommes un peu plus d'un an après l'élection de François Mitterrand. Le fol espoir d'une vie nouvelle s'estompe peu à peu devant les réalités de la crise économique. Le chômage devient le lot quotidien de centaines de milliers de Français. Le Tour de France va l'apprendre à ses dépens le 7 juillet 1982, lors du contre-la-montre par équipes, entre Orchies et Fontaine-au-Pire, la trop bien nommée. Pour la première fois dans l'histoire de la Grande Boucle, une étape va être purement et simplement annulée.
Nous sommes dans le Nord, une région qui souffre particulièrement de la crise économique. La veille, Usinor a annoncé la fermeture du site de Denain, programmée pour 1984. Les 1500 salariés restant dans l'usine ne digèrent pas. Pour eux, le Tour, sa caravane, sa fête et ses coureurs deviennent une cible idéale. Presque spontanément, ils décident de passer à l'acte en manifestant sur les routes du Tour. En fin de matinée, le 7 juillet, une rumeur commence à circuler. Jacques Goddet et Félix Lévitan, les organisateurs, rassurent les premières équipes qui s'apprêtent à prendre le départ de ce chrono collectif.
Tous perdants
Une heure plus tard, la situation devient intenable. A Denain, plus d'un millier de manifestants bloque la course, au kilomètre 18 du parcours. Goddet imagine un instant aller négocier avec les ouvriers. A quoi bon? On ne discute pas avec la colère. Plutôt que de risquer des incidents incontrôlables, le patron du Tour se résout à l'évidence. A 13h45, il décide d'annuler l'étape. Le chrono par équipes se tiendra cinq jours plus tard, entre Lorient et Plumelec, sous forme de demi-étapes. Le fait est unique dans les annales du Tour.
Mais dans l'affaire, il n'y a que des perdants. La course, bien sûr, d'abord. Le public, ensuite. La petite cité de Fontaine-au-Pire, dans le Cambrésis, pas vraiment gâtée par la mondialisation naissante non plus, s'était mobilisée toute entière pour accueillir le Tour. Pour tous les habitants, ce fut une extraordinaire victoire d'apprendre que les organisateurs avaient retenu leur candidature. Ils n'ont pourtant jamais vu les champions qu'ils ont attendus pendant des mois... Quant aux ouvriers d'Usinor... "On a gagné aujourd'hui. Mais le pire, c'est que ça n'empêchera pas Usinor de fermer son usine", lance un manifestant. Il aura malheureusement raison...
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