Une nouvelle donne

Après un début de Tour tranquille, qui l'a souvent vu calquer sa course sur celle de Kim Kirchen, l'Australien a endossé lundi, pour la première fois de sa carrière, le maillot jaune. Depuis trois jours, l'ancien vététiste est passé par tous les sentiments. Après avoir craint une fracture de la clavicule (qui aurait été la 6e de sa carrière) dimanche, Evans a été rassuré à l'arrivée. Lundi, ses larmes sur le podium ont montré qu'une certaine pression était retombée. Sa polyvalence et une équipe dévouée à sa simple personne font de lui un successeur logique à Alberto Contador. S'il sort en jaune des Alpes, il devrait pouvoir conforter sa position lors du contre-la-montre de 53km, à la veille de l'arrivée. Seul petit bémol : si son maillot est menacé, il va devoir défendre sa place de leader cette semaine et donc faire travailler son équipe sur des étapes de plat.

Le plus âgé des frères Schleck a parfaitement clôturé le premier acte. Troisième de la 11e étape, il fut le seul à suivre le rythme imprimé par les fusées de Saunier Duval. Ses ambitions revues à la hausse, le Luxembourgeois pointe à une seule petite seconde de Cadel Evans mais n'aura pas à faire rouler la CSC cette semaine. A la peine dimanche, son frère Andy n'est plus un candidat au podium et devrait se mettre au service de son aîné. Pour confirmer son rang, Frank Schleck sait qu'il devra élever son niveau lors du seconde contre-la-montre. A Cholet, il avait concédé beaucoup de temps.

Qui aurait pu prédire que l'Américain occuperait la 3e place du général après 11 jours de course ? Pas grand monde a priori. Excellent rouleur (6e du contre-la-montre de Cholet), l'ancien coéquipier de Lance Armstrong pourrait revoir ses premières ambitions à la hausse s'il passe les Alpes sans perdre trop de temps. Comme ce fut le cas dans les Pyrénées où il a longtemps suivi les meilleurs. Il est candidat sérieux à une place dans les dix premiers à Paris. Au minimum.

Surprenant quatrième du général à la sortie des Pyrénées, le grimpeur autrichien a confirmé que la Gerolsteiner montait en puissance sur ce Tour. Avec son coéquipier Markus Fothen, Bernhard Kohl devrait se montrer encore plus dans la seconde partie de l'épreuve. Il lui sera difficile de conserver ce rang à Paris, mais attention au coureur qui s'était classé 31e l'année dernière. "Le Tour est encore long, il peut se passer beaucoup de choses. Mais j'espère bien poursuivre ce que j'ai commencé et rester devant", a-t-il reconnu.

Après avoir concédé du temps à trois reprises sur les meilleurs lors des six premiers jours, le Russe a retrouvé des couleurs. Le double vainqueur de la Vuelta (2004 et 2006) a bien été aidé par le néophyte Laurens Ten Dam dans les Pyrénées. S'il veut briguer le jaune à Paris, le Russe devra assurément prendre ses responsabilités. Et changer sa façon de courir car l'attentisme est rarement payant…

Mieux placé qu'à son habitude avant les premières étapes de montagne, l'Espagnol a profité d'un début de Tour favorable (aucun prologue et un premier contre-la-montre assez court). Après avoir limité la casse à Cholet (28e), Sastre attendait avec impatience la montagne. Les Pyrénées lui ont permis de glaner quelques places au général. Souvent placé en embuscade, l'homme fort de la CSC a pris l'habitude de finir ses Tours de France en trombe. Si Frank Schleck confirme sa forme actuelle, il devra peut-être changer de statut au sein de l'équipe de Bjarne Riis.

Maillot jaune depuis l'arrivée de la 6e étape à Super-Besse, le Luxembourgeois avait, jusqu'à la montée d'Hautacam, bien résisté aux diverses attaques de ses opposants. Jouant sur plusieurs tableaux (général et maillot vert), le leader de la Columbia a passé un premier test dans les Pyrénées. Un test qui lui a confirmé qu'il avait encore des progrès à faire en montagne. Plus puncheur que grimpeur, Kirchen s'attend à connaître encore plus de difficultés à partir de dimanche prochain. Septième l'an dernier, il peut viser mieux si tout se passe bien dans les Alpes et s'il confirme ses récents progrès dans l'effort solitaire.

Ses performances dans les Pyrénées l'ont fait intégrer la catégorie des coureurs à surveiller. L'an dernier, il avait concédé 26 minutes au Plateau de Beille. Avec Leonardo Piepoli, il a mis le feu lors de la 10e étape, offrant à la Saunier Duval, un retentissant doublé. Sa 8e place au général doit le conforter dans l'idée qu'il peut jouer une place dans les 10 à Paris. Leader de son équipe, selon Piepoli, on devrait le revoir à l'attaque dans les Alpes.

Avec deux victoires d'étapes, Riccardo Ricco' a déjà réussi son deuxième Tour de France. L'actuel maillot blanc et maillot à pois se défend de jouer le général. Vainqueur de la 6e étape à Super-Besse, l'Italien a récidivé dimanche à Bagnères-de-Bigorre à l'issue d'un show et d'une accélération dans le col d'Aspin, dont lui seul semble avoir le secret. Trop faible en contre-la-montre, le Cobra sait qu'il lui sera difficile de jouer les premiers rôles au général même s'il est capable de reprendre du temps à ses adversaires dès que les pentes s'élèveront de nouveau. Ses qualités de grimpeurs font de lui un favori logique pour chaque étape dans les Alpes. Notamment à l'Alpe-d'Huez où il aimerait bien succéder à son idole Marco Pantani, vainqueur en 1997. Avec à la clé le record de la montée (37'35) ?

Après avoir tout connu lors de la première semaine (victoire à Plumelec, maillot jaune mais également chute lors de la 5e étape), l'Espagnol a sombré dimanche dans l'ascension du Tourmalet, premier col hors catégorie de cette édition 2008. Sa désormais 14e place au général (à 4'41) lui laisse penser que ses chances de victoire finale se sont envolées pour de bon. Le vainqueur de l'édition 2006, Oscar Pereiro Sio, avoue être en grande forme et pourrait se révéler être une intéressante alternative pour les Ecureuils si Valverde ne relève pas la tête.

Lui aussi fait partie des battus. Vainqueur de l'Amstel Gold Race en début de saison, Cunego s'était fixé des objectifs élevés sur le Tour. A ce jour, il nage dans l'échec. A la peine dans les Pyrénées, l'ancien meilleur jeune (2006) n'a plus que ses yeux pour pleurer. Le Petit Prince devra montrer un autre visage dans les Alpes.

On attendait les Orange chez eux, dans les Pyrénées. On ne les a jamais vus. Ou presque. Leader de sa formation, Haimar Zubeldia a passé une journée cauchemardesque dimanche, lâché dès le col de Peyresourde, et celle de lundi a confirmé qu'il n'était pas à son meilleur niveau. Trop loin au général, le Basque devrait privilégier une victoire d'étape dans les Alpes, unique alternative pour sauver son Tour. Cinquième en 2007, il a été le premier des favoris à vaciller.