Sanchez s'est fait peur

"Il avait le souffle coupé. Il avait du mal à retrouver sa respiration. On l’a fait patienter, mais il s’est relevé de lui-même. Il n’osait pas bouger, il attendait que les choses évoluent. Sa chute lui a occasionné un traumatisme thoracique au niveau du sternum, mais il n'a finalement pas d'inquiétude majeure à avoir". Le docteur Gérard Porte, qui s'est occupé de lui à plusieurs reprises, le sait mieux que personne : ce jeudi, alors que le peloton se dirigeait tranquillement vers le Col de Marie-Blanque, Samuel Sanchez aurait pu tout perdre.

C'est au 24e des 174 kilomètres de la 17e étape que le leader d'Euskaltel a frôlé la catastrophe. Auteur d'un début de Tour très solide, l'actuel troisième du classement général a été victime d'une violente chute. Pointé à l'arrière du paquet, le natif d'Oviedo s'est retrouvé à terre et est resté allongé près d'une minute. Choqué, le champion olympique de Pékin a mis quelques instants à comprendre ce qui lui arrivait. Attendu par quatre de ses coéquipiers, il est finalement reparti. Ayant eu vent de ce que venait de subir son compatriote, Alberto Contador a rapidement fait comprendre au peloton qu'il devait attendre les attardés. Seul Carlos Sastre a refusé d'écouter le maillot jaune et s'en est allé. Quelques minutes plus tard, le retardataire a finalement repris sa place au sein du peloton.

Dans l'ascension finale, Samuel Sanchez n'a rien pu faire quand Andy Schleck a attaqué. Le Tourmalet, l'Asturian l'a grimpé aux côtés de Joaquin Rodriguez, Robert Gesink, Jürgen Van den Broeck, Ryder Hesjedal, Chris Horner, et surtout Denis Menchov. A l'arrivée, l'Espagnol a pris la cinquième place à 1'32" d'Andy Schleck. Grâce aux huit secondes reprises au Russe au sommet du géant des Pyrénées, Sanchez a conforté sa troisième place au général. Son avance sur le leader de la Rabobank s'élève maintenant à 0'21" avant le fameux chrono de Bordeaux. Autrement dit, pas grand-chose.

A ses yeux, tout reste néanmoins possible : "J’ai déjà battu Menchov dans un chrono à Collado Villalba (lors du Tour d'Espagne 2007) mais il faisait 23 km et pas 52 comme celui-ci. Il a plus d’expérience que moi. C'est un grand coureur". Deuxième de la dernière Vuelta, Samuel Sanchez le sait : s'il parvient à conserver sa place, il permettra à la formation Euskaltel de monter pour la première fois de son histoire sur le podium de la Grande Boucle : "Pour nous, ce serait une grande récompense. Ce serait historique". Et de conclure : "Ce que je ne voudrais pas, c’est terminer quatrième, parce que c’est la place de la médaille en chocolat. J’ai fait deux fois quatrième dans les Championnats du Monde (2006 et 2009) et personne ne s’en souvient. Espérons que j’y sois samedi soir".