Contador, Froome, Nibali, Quintana : Les 4 Fantastiques à la loupe

Comme il nous semblait presque impossible de sortir du lot un véritable favori de ce 102e Tour, nous avons procédé à un petit bulletin de notes pour chacun des principaux favoris ou outsiders. Il en résulte une note sur 50 points. Dans ce barème, la part belle a été faite à la montagne (sur 15 points) compte tenu de l'aspect très montagneux de ce Tour 2015.

A l'inverse, les chronos ne représentent que 5 points sur 50. Enfin, dans le contexte, nous prenons en compte aussi bien les résultats récents du coureur que son mode de préparation ou encore l'impact de l'organisation de son équipe. Ainsi, Alejandro Valverde est très pénalisé dans sa note "contexte" par le fait de ne pas être le principal leader de sa formation.

Une fois les notes attribués, il ressort deux évidences : d'abord, quatre coureurs sont nettement au-dessus du lot sur la ligne de départ. Ensuite, entre ces quatre fantastiques, Alberto Contador, Chris Froome, Vincenzo Nibali et Nairo Quintana, bien difficile d'établir une hiérarchie claire et nette. Enfin, une dernière évidence : c'est sur la route que tout ceci se règlera, donnant son sens, ou pas, à ces évaluations pré-Tour de France.

Montagne : 14/15. Souvent aérien sur le Tour d’Italie, du niveau de Quintana sur la Route du Sud, mais plus offensif, notamment dans les descentes, que le Colombien, El Pistolero a pris les initiatives pour tester la concurrence quand il le fallait. A 32 ans, il sent le poids des années mais dès que la route s’élève, il est capable de dynamiter une course.

Contre-la-montre : 4/5. Contador n’a plus le coup de pédale de son dernier triomphe sur le Tour de France. Mais il reste un excellent rouleur. Et sur les 14 kilomètres du chrono d’Utrecht, il ne devrait pas concéder trop de temps à Nibali ou Froome.

Équipe : 8/10. Contador aura besoin de l’ensemble de ses équipiers s’il veut espérer s’offrir une troisième couronne sur la Grande Boucle. Notamment en dernière semaine. Basso vieillissant, il pourra compter sur le tenant du maillot à pois, Rafal Majka, Roman Kreuziger ou encore Michael Rogers, vainqueur à Bagnères-de-Luchon en 2014.

Tactique : 9/10 : L’Espagnol sent la course. Il passe rarement à côté. Il montre, en revanche, parfois, quelques signes d’impatience. Une tendance qui vient évidemment de son caractère offensif. Peut-on lui reprocher cela ? Impressionnant de maîtrise sur le Giro, parfois abandonné par son équipe, Contador sait aussi la jouer à l’expérience. Comme sur la Vuelta 2014.

Contexte : 8/10. Depuis 17 ans, personne n’a été en mesure de signer le doublé Tour d’Italie-Tour de France, mais s’il y a un coureur dans le peloton capable d’un tel exploit, c’est bien lui. La dernière semaine est monstrueuse et le Giro va forcément se rappeler à lui. Il a grillé des cartouches précieuses en mai. Mais sa très bonne Route du Sud a dû le rassurer.

Montagne : 14/15. Le Critérium du Dauphiné l'a montré : Chris Froome a retrouvé son incroyable fréquence de pédalage et une bonne partie de l'efficacité qui allait avec ces dernières saisons. Après un printemps difficile, le Britannique est sur la voie du retour à son meilleur niveau.

Contre-la-montre : 5/5. Le Britannique est une machine à rouler, capable même de dominer les spécialistes de l'exercice. Il fait partie des candidats au maillot jaune au soir de la première étape. Sauf accident, il y prendra le dessus sur ses rivaux.

Équipe : 9/10. Écartée l'été dernier, la garde britannique est de retour et les machines à rouler qui la mènent (Thomas, Kennaugh, Rowe, Stannard) sont de très solides atouts pour encadrer Froome dans les dix premiers jours de course. En montagne, on attend également un bloc très solide et homogène autour de Porte.

Tactique : 6/10. C'est le point faible de Chris Froome et sur un Tour de France, particulièrement celui tracé cette année, c'est toujours inquiétant. Froomey a peu à peu intégré les codes su peloton mais reste limité. Ses deux principaux atouts tactiques sont l'oreillette et le capteur de puissance.

Contexte : 9/10. Depuis le Dauphiné, ça va beaucoup mieux pour le Britannique. Lui qui enchaînait les désillusions depuis le Tour 2014 a retrouvé le succès sur une épreuve majeure, et avec la manière. Vainqueur des deux dernières étapes de montagne, il s'est rassuré et a montré que sa préparation se déroulait comme prévu. Ce n'est pas le Froome qui a dominé la saison 2013 (et tout le début d'année 2014) mais on s'en rapproche.

Montagne : 13/15. Loin d'être une faiblesse. D'autant qu'en montagne, il y a aussi les descentes, où il excelle comme personne. Reste qu'il ne possède pas l'explosivité de ses trois principaux rivaux quand tous sont au sommet de leur forme. Oui, il a surclassé la concurrence en montagne sur le Tour 2014. Mais il n'y avait ni Froome, ni Contador, ni Quintana.

Contre la montre : 4/5. L'an dernier, Nibali avait fini 4e du chrono de Périgueux, sur plus de 50 bornes. Le Requin sait rouler, il l'a déjà prouvé à maintes reprises.

Équipe : 7,5/10. Il n'aura pas les flèches montagnardes Fabio Aru et Mikel Landa, respectivement 2e et 3e du dernier Giro. En haute montagne, pas sûr qu'il soit accompagné jusqu'à proximité de l'arrivée.

Tactique : 9/10. Il est redoutable dans ce domaine. L'Italien sent la course comme peu de coureurs. A la fois audacieux ET intelligent, Nibali sait improviser sans pour autant faire n'importe quoi. Grâce à cela, il fait planer une menace constante sur la concurrence.

Contexte : 9/10. Il a déjà gagné les trois grands tours. Dans l'absolu, il n'a pas grand-chose à perdre. Malgré son statut de tenant du titre, il n'est pas considéré comme le grand favori et c'est tout bon pour lui. Sa saison n'a pas été flamboyante (il a d'ailleurs attendu le week-end dernier pour signer sa première victoire en 20115 lors du Championnat d'Italie), mais il s'est préparé pour être au top en juillet et il n'y a pas de raison de croire que ce ne sera pas le cas.

Montagne : 15/15. Formidable escaladeur dans la tradition colombienne, il peut devenir irrésistible sur les cimes. Même le grand Froome de 2013 avait souffert face à lui dans la dernière semaine du Tour. Nibali, Froome et Contador sont des énormes clients en altitude, mais un Quintana au sommet possède un tout petit avantage.

Contre la montre : 3/5. Quintana se défend mieux dans l'exercice solitaire que ce que son petit gabarit de grimpeur laisse supposer. Malheureusement pour lui, les 14 kilomètres dans les rues d'Utrecht sont parfaitement plats, sans la moindre difficulté pour compenser son déficit de puissance.

Équipe : 8.5/10. Movistar, c'est du solide. S'il joue le jeu de l'équipier modèle, Alejandro Valverde peut devenir un extraordinaire lieutenant pour Quintana. Au-delà de ce tandem de choc, l'équipe espagnole possède également de quoi protéger son leader lors de la première semaine. Et le chrono par équipes en Bretagne devrait convenir aux hommes de Jose Luis Arrieta.

Tactique : 7/10. Après avoir surpris Contador sur le Terminillo, il s'est laissé piéger sur la Route du Sud. Match nul cette saison. Le jeune Quintana se connaît très bien et sait mesurer ses efforts. Il l'a démontré sur le Tour (2013) comme sur le Giro (2014).

Contexte : 8.5/10. Vainqueur de Tirreno-Adriatico, présent dans le Top 10 au Pays Basque, en Romandie ou sur la Route du Sud, Quintana a suivi une préparation solide. Le fait de ne plus avoir de chrono individuel au-delà de la 1re étape ne peut pas lui déplaire. Il a aussi gagné en expérience. Bref, c'est peut-être le moment pour lui de frapper un énorme coup. Un bémol quand même, il n'a plus bouclé une course de trois semaines depuis le Giro 2014.