Tony Gallopin, au bon souvenir de l'Ain

"Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas." Vendredi après-midi, Tony Gallopin - habituellement attaquant de nature – est désabusé. Le Français vient d'en finir avec le contre-la-montre arrivant à la Caverne du Pont-d'Arc avec le côté droit amoché après une chute. Gallopin est allé au sol tout seul, sur une erreur qui a amené sa pédale à toucher le bitume et l'entrainer par terre. Sur les premiers kilomètres, le coureur de l'équipe Lotto-Soudal était pourtant dans le bon tempo, même si le chrono n'était pas parmi ses objectifs. Il était simplement à la recherche de sensations qui le fuient terriblement sur les routes de juillet cet été. Avant de tomber et de replonger dans les doutes.

Gallopin est pourtant un homme du Tour de France. Depuis sa journée en jaune en 2014, il est un des chouchous des supporters, et a montré aux spécialistes ses qualités sur un grand tour. L'année dernière, l'homme de 28 ans devenait un prétendant au Top 10, qu'il a occupé pendant douze étapes avant de céder dans les Alpes. Les promesses sont là, et Gallopin ne s'en contente pas. On l'annonçait plus affuté et délesté de quelques kilos à l'amorce du Dauphiné, pour être encore plus fort en montagne et tenir la distance. Mais les résultats ne suivent pas. Alors que les gros se testent, Gallopin patine, termine dans des grupetti, loin des meilleurs. Sur le parcours vallonné de Vesoul, il passe proche de la victoire lors des championnats de France, seulement battu par Arthur Vichot. "La plus grande déception" de sa carrière annonça-t-il.

Terminés donc les espoirs de bon classement. Dès le début du Tour, le coureur de l'Essonne ne triche pas et annonce clairement ses ambitions pour cette Grande Boucle : une victoire d'étape ou rien. Gallopin est capable d'être performant sur tous les terrains et vise large tant les étapes qui pourraient lui convenir sont nombreuses. La première occasion se présente dès le deuxième jour et son final digne de classiques qu'il affectionne. La 7e place finale est autant satisfaisante que rassurante, mais cela ne va pas durer.

Dans la plus grosse étape des Pyrénées, il prend la tangente avec l'échappée mais ne peut suivre le rythme dès les premières accélérations sur les pentes d'Arcalis. La journée de repos dans les pattes, le voilà qui retente sa chance mardi dernier mais se fait piéger dans les derniers kilomètres par Sagan et les Orica. Gallopin essaie, mais le résultat n'y est pas.

Samedi, l'étape s'annonce pour les sprinteurs mais les faux plats et le vent pourrait créer de nouvelles surprises à l'image de la fin d'étape à Montpellier mercredi. Les baroudeurs seraient bien inspirés de tenter leur chance, Gallopin le premier. Non loin du Parc des Oiseaux de Villars-les-Dombes, lieu d'arrivée de la 14e étape, se situe Oyonnax, là où le Français avait bluffé tout son monde et remporté sa première victoire d'étape sur le Tour. Demain, 16 juillet, marquera le deuxième anniversaire de ce coup de force, dans les derniers kilomètres et à la pédale, dans une bosse non répertoriée. C'était déjà sur les routes de l'Ain, à tout juste 70 kilomètres de ce Parc des Oiseaux.

L'histoire est trop bien écrite pour ne pas devenir réalité. Malgré une condition fragile, la douleur et un brin de fatalisme, Gallopin peut écrire une belle suite au conte qui le lie à la Grande Boucle, et être le premier Français vainqueur d'étape cette année sur le Tour. Pour oublier son début de parcours morose. Et pour le souvenir de 2014.