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Alaphilippe, la victoire et les larmes

Laurent Vergne

Mis à jour 17/07/2018 à 21:35 GMT+2

TOUR DE FRANCE – Magistral de maîtrise, Julian Alaphilippe (Quick-Step - Floors) a signé sa première victoire sur la Grande Boucle mardi au Grand-Bornand à l'occasion de l'entrée dans les Alpes. Un moment fort en émotion pour le Français, qui a dédié son succès à ses proches.

L'émotion de Julian Alaphilippe

Crédit: Getty Images

"J'ai tout qui se mélange dans ma tête." A chaud, Julian Alaphilippe ne savait plus trop où il habitait. Une poignée de minutes plus tôt, il venait de décrocher sa première victoire sur le Tour de France. Un Tour qui, jusqu'à présent, n'avait pas toujours été tendre avec lui. Il y a deux ans, pour ses premiers pas, il avait buté sur Peter Sagan dès la deuxième étape, à Cherbourg. L'an dernier, il avait été privé de la fête de juillet après son opération du genou au printemps. Et pas plus tard que jeudi dernier, à Mûr-de-Bretagne, il avait raté le coche, et pour le gain de l'étape et pour le maillot jaune.
Le Tour, comme un condensé de son début de carrière, émaillé de quelques grandes joies, à l'image de son sacre sur la Flèche Wallonne au mois d'avril, mais aussi de gigantesques frustrations. "C'est sûr que des frustrations, j'en ai eu pas mal depuis quelques saisons, a-t-il reconnu au Grand-Bornand. Que ce soit ma chute aux JO, le fait d'être repris à la flamme rouge aux Championnats du monde, d'être battu par Peter Sagan dès la deuxième étape de mon premier Tour, d'avoir enchaîné les places de deuxième derrière Alejandro Valverde dans les classiques. Des frustrations, j'en ai à la pelle".
J'ai mis mes tripes sur la table
La dernière en date, à Mûr-de-Bretagne, a pu laisser craindre qu'il ne soit passé à côté de LA chance de son Tour 2018. Mais lui a vite tourné la page. "J'étais un tout petit peu déçu de ma première semaine en Bretagne, où je savais que j'étais attendu, mais je n'avais tout simplement pas les jambes pour m'imposer au sommet de Mûr-de-Bretagne ou même à Quimper", assure-t-il. Sa grande satisfaction, c'est d'avoir su rebondir. Vite et bien. "C'était à moi de bien gérer cette déception, et je pense que j'ai plutôt bien réussi", dit-il. Euphémisme.
Cette fois, il n'y eu personne pour lui barrer la route au dernier moment. Pas de coup de fourbe de la sorcière aux dents vertes non plus. La bonne échappée, puis la bonne attaque, au bon moment, pour finir seul. Le rêve. Cette journée, il l'a vécue entre doutes et espoirs. "J'étais confiant, je savais que c'était une étape très difficile", dit-il, avant de glisser aussitôt : "j'étais un peu nerveux au début, ça ne voulait pas sortir et j'en faisais un peu trop. J'ai tout donné dans le final, j'ai puisé au fond de moi-même, j'ai mis mes tripes sur la table."
Julian Alaphilippe avoue quand même n'avoir envisagé la victoire qu'en toute fin d'étape. "J'ai seulement commencé à penser que je pouvais gagner dans les derniers kilomètres, dans l'ascension du Col de Romme, quand j'ai vu que le groupe commençait à vraiment être en difficulté, avoue-t-il. Je suis super content de ce que j'ai fait aujourd'hui, d'avoir été devant toute la journée, d'avoir bien surmaîtriser le final. Il fallait rester vraiment calme et c'est souvent mon problème de ne pas y arriver."
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Le show Alaphilippe au Grand-Bornand : Revivez l'arrivée de la 10e étape

Au nom des siens

Après, c'est le maelstrom. L'émotion la plus forte de sa carrière. Parce que c'est le Tour de France. Parce qu'il y pensait depuis longtemps. "Aller chercher une victoire sur le Tour de France, c'était un rêve pour moi, souffle le premier vainqueur français de cette édition 2018. Je l'ai réalisé aujourd'hui, avec la manière en plus. Je n'ai pas de mots." Mais il y avait autre chose. Alaphilippe a gagné au nom des siens, aussi dimanche. Pour ses frères, mordus de cyclisme comme lui, ou son père. C'est aussi, et surtout pour cela qu'il a fondu en larmes après l'arrivée.
Pudique, il n'a pas voulu trop en dire. Mais juste assez pour que l'on comprenne le sens et la nature de son émotion. "J'ai beaucoup pensé à ma famille, raconte-t-il. Mon père a des soucis de santé et me regardait derrière la télé. Ça m'a fait craquer parce que je suis allé loin dans la douleur pour aller la chercher celle-ci". Puis il y a son cousin, Franck, qui est également son entraîneur. "Je suis bien placé pour le savoir, mais Julien travaille beaucoup", a-t-il lancé., lui aussi très ému.
"C'est une relation particulière, précise Alaphilippe. C'est pour ça que j'ai beaucoup pensé à eux dans les derniers kilomètres. Franck qui est là, je savais qu'il allait être là sur la ligne d'arrivée. J'ai toute ma petite famille chez moi, mes frangins, mon père, ma mère". Mardi, c'est tout le clan Alaphilippe qui a gagné. Et pleuré.
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Julian Alaphilippe.

Crédit: Getty Images

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