Le maillot jaune Geraint Thomas (Sky) s'impose à l'Alpe d'Huez

La grande bagarre a bien eu lieu dans l'étape reine des Alpes. La Madeleine, la Croix de Fer et bien sûr, l'Alpe d'Huez, soit trois ascensions hors catégorie étaient au menu de ce 12e acte. A l'image de Romain Bardet, les concurrents du Team Sky ont tenté de secouer le cocotier jeudi, mais au final, le résultat a été le même que la veille : Geraint Thomas s'est (encore) imposé, réglant au sprint le groupe des ténors, devant Tom Dumoulin, Romain Bardet et Chris Froome. Une victoire à l'Alpe au sommet des 21 lacets mythiques de l'Alpe, voilà qui vous pose un client...

Chris Froome a beau rester officiellement le leader unique chez Sky, le voilà désormais repoussé à 1'39" de son "lieutenant", qui fait un maillot jaune plus que solide à la sortie des Alpes. On a pourtant cru que tout allait rentrer dans l'ordre lorsque, à quatre kilomètres de l'arrivée, Froome a placé une accélération que l'on imaginait décisive. Le tenant du titre est parti, il a gobé le malheureux Steven Kruiswijk, superbe après sa longue chevauchée, mais, très vite, "Froomey" a été repris par Thomas, Bardet et Dumoulin. Alors qu'on le pensait en route pour une nouvelle victoire de prestige et un rapproché au général, il est rentré dans le rang.

Pire, un peu plus tard, quand Tom Dumoulin a démarré à son tour dans les deux derniers kilomètres, c'est... Thomas qui a suivi le Néerlandais. Froome, lui, est alors resté en retrait avec Bardet. Finalement, tout ce petit monde, avec Mikel Landa revenu de l'arrière, s'est regroupé pour se disputer la victoire d'étape. Sans Vincenzo Nibali, victime d'une chute dans la montée et à qui il a man que quelques mètres pour rentrer.

Plus rapide, plus puissant, plus tout, Geraint Thomas n'a alors laissé aucune chance à ses adversaires. Comme à La Rosière, il a gagné. Come à La Rosière, il a devancé Dumoulin. Et comme à La Rosière, il a grappillé dix secondes de bonification. Le public, lui, a peu goûté le dénouement de cette étape reine, accueillant Thomas avec des sifflets, sur la ligne d'arrivée comme sur le podium, lorsqu'il a reçu son maillot jaune.

Pas de quatrième victoire française consécutive sur les hauteurs de Bourg d'Oisans, donc. Après Pierre Rolland (2011), Christophe Riblon (2013) et Thibaut Pinot (2015), Romain Bardet y a pourtant cru. Comme il l'avait promis, il a attaqué. Une première fois à sept kilomètres de l'arrivée. Il s'est escrimé pendant de longues minutes sans parvenir à creuser l'écart sur un groupe maillot jaune alors mené par Bernal, dernier aide de camp du duo de choc des Sky. Une fois repris, Bardet s'est accroché et à l'approche de la flamme rouge, il a planté une nouvelle banderille. En vain. Sans doute ses efforts lui ont-ils coûté cher au moment du sprint pour la victoire. Mais il a fait ce qu'il avait à faire.

Reste que le Français, s'il remonte à la 6e place du général, pointe désormais à plus de trois minutes de Geraint Thomas. S'il rêve vraiment de gagner ce Tour de France, attaquer à quelques kilomètres de l'arrivée ne suffira pas. Il devra prendre d'autres risques. Plus tard, peut-être. Un peu comme Steven Kruiswijk a su le faire. Le Néerlandais, pourtant 6e du général jeudi matin, s'est lancé dans une grande chevauchée, d'abord au sein d'une échappée bien garnie, puis en solitaire à partir de la Croix de Fer. Il a tenu jusqu'à trois kilomètres du sommet de l'Alpe d'Huez mais a tout de même fini 10e de l'étape.

A la sortie de ce triptyque alpestre, une chose est sûre, les Sky ont plus que jamais la main sur ce Tour. La concurrence n'est pas morte, à l'image de Dumoulin, Nibali, Roglic ou Bardet. Mais on a tout de même beaucoup de mal à voir où, quand et comment l'armada britannique va pouvoir être déboulonnée...