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Les débats du Tour : La grande bagarre, c'est pour aujourd'hui ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 18/07/2018 à 13:14 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce mardi soir, il est question des favoris et de la quête de pois d'Alaphilippe.

Nairo Quintana (Movistar)

Crédit: Getty Images

C'est pour quand la grande bagarre ?

Jean-Baptiste Duluc
A la vue de l'étape du jour, j'ai longtemps craint que l'on ne doive attendre la montée de l'Alpe d'Huez pour voir les favoris attaquer. Mais, en y regardant de plus près, je serais atterré de ne pas voir la grande bagarre dès mercredi, vers la Rosière. Tout s'y prête. Déjà, les favoris n'ont pas tant musardé que ça ce mardi. Même s'il n'y a pas eu d'attaque, le record de l'ascension de la Colombière a été écrasé (21'50'' contre 22'47'' pour les Schleck et Contador en 2009), signe que ce n'était pas qu'une balade en montagne. Et, avec seulement 108,5km au programme, les coureurs auront un maximum de fraîcheur tout au long de la 11e étape.
Surtout, celle-ci est parfaitement tracée. Quatre cols au programme, deux Hors-Catégorie et deux 1re catégorie, avec – très important - une difficulté décroissante des ascensions. Idéal dans l'optique d'une course de mouvement, souvent figée par la crainte de la dernière ascension, souvent trop dure. Enfin, le retard au général de grimpeurs comme Bardet ou Quintana, doit les pousser à bouger de loin. Ou moins à essayer.
Christophe Gaudot
Désolé mais j'ai bien peur que ce ne soit pas pour mercredi. Sur le papier, l'étape Albertville-La Rosière a de quoi faire fantasmer : quatre cols, quasiment cinquante kilomètres d'ascension et un format court (108,5 kilomètres au total) mais je crains qu'on assiste au même scénario que mardi vers Le Grand-Bornand. Une échappée matinale, Sky qui contrôle et peu ou pas d'attaques parmi les favoris.
En fait, je m'explique : si la bagarre ne démarre pas dans la Montée de Bisanne, la première difficulté de la journée ou dans le Col du Pré, la deuxième, il faudra alors attendre jeudi et l'Alpe d'Huez. Le Cornet de Roseland et surtout l'ascension finale vers La Rosière sont bien trop roulants pour espérer faire des différences. Des moyennes à 6,5% et 5,8% n'effraient pas les leaders du Tour. Ajoutez à cela la peur de l'étape de jeudi (Madelaine, Croix de Fer, Alpe d'Huez) et vous obtenez de bonnes raisons d'en garder sous la pédale. Additionnez le tout avec la toute-puissance de la Sky, qui a quand même imposé un rythme soutenu pendant une bonne partie de l'étape mardi, et vous obtiendrez sans doute un scénario similaire.

Alaphilippe peut-il ramener le maillot à pois jusqu'à Paris ?

Jean-Baptiste Duluc
On le savait avant le départ et son retard actuel l'en a de toute manière dissuadée : Alaphilippe n'est pas (encore) prêt pour jouer le général du Tour. Que jouer dans ces conditions ? Il a essayé en vain de décrocher le jaune en première semaine avant de se rabattre, victorieusement, sur un succès d'étape. Mais le natif de Saint-Amand-Montrond a également profité de son échappée victorieuse pour décrocher le maillot à pois. Et, un maillot de la montagne, ça se défend et ça se respecte.
Je vois mal Alaphilippe ne pas le défendre, surtout sans les points doublés aux arrivées dans les Alpes. Aucun favori n'a encore marqué de points à l'exception de Dan Martin. Une bonne occasion pour le puncheur de la Quick-Step Floors de passer du temps en blanc à pois rouge. Mais ça sera dur pour le Tricolore d'imiter Warren Barguil. Le vainqueur de la Flèche n'est pas un vrai grimpeur et, à terme, cela risque de lui coûter cher dans cette lutte.
Christophe Gaudot
Julian Alaphlippe a réalisé une superbe étape entre Annecy et Le Grand-Bornand mais je ne le pense pas capable de rééditer cet exploit sur plusieurs jours, ce que réclame la lutte pour le maillot à pois. Et pour aller plus loin, je pense même que Julian Alaphilippe en est conscient. La force d'Alaphilippe n'est pas sa récupération sur une épreuve de trois semaines. J'en veux pour preuve ses hauts et ses bas sur les Grands Tours. L'an dernier, il gagne la 8e étape de la Vuelta ? Le lendemain, il termine 145e. En 2016, il est à l'avant sur la 7e étape du Tour ? Il finira 69e le lendemain et 67e le surlendemain.
J'aimerais qu'Alaphilippe conserve ses forces pendant les deux prochains jours pour plutôt tenter de jouer la victoire à Mende samedi. S'il venait à remporter cette étape, il pourrait alors tenter de jouer le maillot à pois mais il faudra alors faire face à des "vrais" grimpeurs. En tout cas d'un calibre supérieur à ceux qui ont accompagné Alaphilippe ce mardi.

Uran est-il déjà hors course pour le podium ?

Jean-Baptiste Duluc
Oui. J'avais déjà beaucoup de mal à imaginer le Colombien rééditer pareille performance, sur un Tour de France – sur le papier – plus nerveux et plus propice aux courses de mouvements que l'an passé. Autant dire qu'avec ses déboires récents, je ne le vois même plus dans le top 10 final. Ni même se battre pour cela. Avec 4'46'' de retard sur Thomas, premier des candidats, le 2e du Tour 2017 est trop loin, beaucoup trop loin.
Depuis cinq jours, Uran n'a cessé de perdre du temps. Quelques secondes à la pédale à Mur-de-Bretagne, plus de deux minutes après sa chute sur les pavés et encore plus de deux minutes ce mardi. Peu porté vers l'attaque, moyennement soutenu par son équipe en montagne, le Colombien devra se réinventer pour espérer aller chercher le podium. Si je lui souhaite, je ne l'en crois vraiment pas capable.
Christophe Gaudot
Avec sa chute de dimanche et sa défaillance (sans doute corrélée à cette chute) de ce mardi, Rigoberto Uran se retrouve dans une position complètement différente de celle de l'année dernière. Il y a un an, il n'avait plus quitté le top 15 après la première arrivée en altitude à La Planche des Belles Filles, attendant patiemment les défaillances de ses adversaires pour les dépasser un à un. Longtemps quatrième, il avait pu remonter jusqu'à la 2e place à la faveur de la défaillance d'Aru et des limites en contre-la-montre de Bardet.
Cette fois, son débours et surtout le nombre d'adversaires est trop important pour espérer une défaillance de tout le monde. Martin, Bardet, Dumoulin, Roglic, Nibali, Landa, Yates, Froome, Valverde, Thomas... ils sont tous devant lui. Et son retard sur le moins bien classé d'entre eux, Dan Martin est de 2'07''. Pas réputé pour être un attaquant, Uran part de trop loin.
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Show Alaphilippe, Uran lâché et neutralisation des cadors : les moments-clés de la 10e étape

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