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Les débats du Tour : Démare, c'est quoi le problème ?

François-Xavier Rallet

Mis à jour 14/07/2018 à 10:53 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce vendredi, il est question d'Offredo, du maillot jaune et de Démare.

Arnaud Démare lors de la 2e étape du Tour 2018

Crédit: AFP

Privé du titre de combatif du jour, Yoann Offredo a-t-il raison d'être mécontent ?

François-Xavier Rallet
Yoann Offredo est un coureur attachant. La langue de bois, il ne connaît pas. Mais cette faculté de dire souvent ce qu'il a sur le cœur peut parfois le desservir. En l'occurrence, ce vendredi, je ne vais pas dans son sens quand il regrette la décision du jury d'avoir décerné le prix du combatif du jour à l'autre échappé solitaire du jour, son compatriote Laurent Pichon, et d'avoir fini cette 7e étape "brecouille", pour reprendre ses dires. Ce même jury qui l'avait récompensé lors de la 1re étape, rappelons-le. A mes yeux, le coureur de Fortuneo méritait cette récompense tout autant que lui.
Faisons le point : Offredo est sorti à 196km de l'arrivée. Avant cela, le Français avait sondé le peloton et s'était renseigné auprès des équipes de sprinteurs. Selon ses propos dans les Rois de la Pédale, il a reçu l'assurance qu'un quart d'heure d'avance lui serait offert. Cette promesse n'a jamais été tenue mais ça n'a finalement aucune importance. Sa tentative était vaine. Courue d'avance. Sa récompense, c'était une exposition télé. C'est déjà pas mal : on n'a vu que lui. Et c'était de facto très sympa de l'entendre discuter avec la caméra ou l'ardoisier.
D'ailleurs, je trouve sa déception de ne pas avoir été accompagné beaucoup plus légitime. Le jury a décidé de choisir Pichon, parti beaucoup plus tard (à 85km de Chartres). Soit. Mais s'il a parcouru moins de distance qu'Offredo, le Breton, déjà échappé la veille, y a mis beaucoup plus d'énergie pour résister au retour du paquet. C'est sûrement l'argument avancé par le jury. Il n'y a rien de choquant dans cette décision. Et sincèrement, est-ce vraiment la peine de se mettre dans des états pareils pour si peu ? A vous de nous le dire.
Christophe Gaudot
Je comprends que pour Wanty-Groupe Gobert, un passage sur le podium et une prime de 2 000 euros pour le plus combatif du jour puissent être importants. En revanche, je ne comprends pas le courroux de Yoann Offredo. Sur le plateau des Rois de la Pédale, le Français a cherché à savoir pourquoi il n'avait pas été élu combatif du jour alors qu'il avait passé plus de cent kilomètres à l'avant. Le jury a estimé que Laurent Pichon avait dû faire plus d'efforts pour sortir et résister au peloton. Je souscris à cet avis.
Offredo a reconnu lui-même qu'il avait demandé aux équipes de sprinteurs combien elles lui laisseraient d'avance s'il sortait. "Un quart d'heure" lui a-t-on répondu. C'est pourquoi il a "attaqué" dans un peloton qui roulait à 30 km/h. Laurent Pichon lui a résisté à un peloton qui s'employait déjà un peu plus. Fin de l'histoire.

Que cachent les trois secondes de bonification prises par Greg Van Avermaet ?

François-Xavier Rallet
Le poncif ne peut pas être plus clair : ce qui est pris n'est plus à prendre. Au soir de la 7e étape, Greg Van Avermaet a doublé l'écart au général qui le sépare de son premier dauphin, Geraint Thomas. De trois, le Belge est passé à six secondes d'avance sur le Gallois de Sky. Mais pourquoi ? Et pour quoi ? Peut-être se sent-il assez fort pour conserver sa tunique dorée encore quelques temps ? C'est mon impression.
Sauf tremblement de terre samedi entre Dreux et Amiens, il l'arborera dimanche matin au moment d'en découdre avec les pavés. Peut-il mener toujours le général au soir de l'étape de Roubaix ? Je le pense aussi. Le solide gaillard de BMC a déjà gagné Paris-Roubaix (en 2017). Mais il lui faudra être très fort pour y parvenir. Quand même.
Christophe Gaudot
A mon sens, Greg Van Avermaet a voulu s'assurer le maillot jusqu'à dimanche matin, au moins. Avec ces trois secondes de plus, le Belge se met à l'abri du même jeu joué par Geraint Thomas samedi entre Dreux et Amiens.
C'est la seule explication que je peux avancer. L'autre serait que "GVA" se soit mis à l'avant du peloton au cas où Thomas voulait faire le sprint mais le Belge a bien vu que le Gallois n'était pas présent dans les premières positions. En tout cas, je doute que 3 secondes fassent la différence dimanche sur l'étape des pavés. Soit Van Avermaet sera fort et il n'aura rien à craindre de Thomas, soit il ne le sera pas et devra plutôt se méfier de Gilbert, repoussé à 15 secondes ce vendredi.
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Jour le plus long, bordure et sprint inévitable : Les moments "forts" de la 7e étape

Arnaud Démare, c'est quoi le problème ?

François-Xavier Rallet
Le Français garde le sourire. C'est déjà ça. Mais ce vendredi, sa quatrième place ne doit pas pleinement le satisfaire. Il y a quelques jours, j'avais écrit ici que je n'étais pas inquiet pour le triple champion de France, mais les occasions de lever les bras se raréfient. A Chartres, il a tenté le même coup que le vainqueur du jour, passer à l'extérieur. C'était la bonne tactique. Mais Démare est clairement en-dessous du niveau affiché par les autres spécialistes des arrivées massives que sont Gaviria, Sagan et le Néerlandais. C'est un fait.
S'il ne réagit pas samedi vers Amiens, le protégé de Marc Madiot devra patienter jusqu'à Valence, dans une semaine. Les Alpes seront passées entre temps. Peut-être qu'elles auront réduit le contingent de ses adversaires et augmenté ses chances de succès.
Christophe Gaudot
Le niveau ? Pour moi, Arnaud Démare ne fait pas partie du gratin mondial du sprint. Sur les deux dernières saisons, il a battu une fois Gaviria, Kittel et Sagan seulement, trois fois Greipel et six fois Kristoff, sa victime favorite. C'est peu sur deux saisons surtout que Greipel et Kristoff sont clairement en perte de vitesse.
Démare est en-dessous de Gaviria, Sagan et Groenewegen, les trois vainqueurs au sprint depuis le début du Tour de France. Je le place au deuxième échelon avec Laporte, Degenkolb, Greipel, Kittel, ce qui est déjà bien. Pour s'imposer, il aura besoin de circonstances favorables comme l'an dernier à Vittel quand Kittel avait été privé du sprint et que Cavendish et Sagan s'étaient accrochés. Attention, il faut aussi savoir profiter des événements et les éviter, ce qui n'a pas, malheureusement, été le cas de Démare sur le Tour 2018. En revanche, je trouve sa 4e place du jour très encourageante notamment parce qu'il a fait un très beau finish.
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Groenewegen a fait l'extérieur pour dominer les sprinteurs: revivez l'arrivée de la 7e étape

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