Les débats du Tour : Van Avermaet va-t-il conserver le maillot jaune jusqu'aux Alpes ?

Du vallon, du plat et des pavés : rien ne semble pouvoir effrayer Greg van Avermaet ces prochains jours. A l'aise sur tous les terrains, le Belge a une bonne tête de maillot jaune lundi prochain. Seulement, il y a deux hics. Les ambitions de Van Avermaet sont loin d'être une priorité de la BMC, qui vise le général avec Richie Porte. Surtout, le vainqueur de Roubaix 2017 ne possède que 5'' d'avance sur Gilbert et 7'' d'avance sur Alaphilippe, favoris des arrivées "punchy" comme Quimper et Mûr-de-Bretagne et qui pourraient aussi bénéficier des sprints Bonus, situés aux sommets de côtes ces prochains jours.

Prenons à la loupe les six jours à venir. Trois étapes sont promises au sprint (donc sans menace directe pour le Belge). Deux sont tracées dans les reliefs bretons, qui collent bien à son punch. Et ce ne sont pas les pavés qui vont effrayer l'ancien vainqueur de Paris-Roubaix, même si nul n'est à l'abri du malheur sur les secteurs. Le parcours est de son côté. Il sied à ses qualités.

Mais les écarts au général sont trop faibles pour qu'il puisse envisager la chose avec sérénité. Son coéquipier Tejay Van Garderen est classé dans la même seconde. Geraint Thomas (3'') et la triplette de Quick-Step Philippe Gilbert (5''), Bob Jungels (7'') et Julian Alaphilippe (7'') peuvent passer devant à coup de bonifications. Et la BMC ne voudra pas forcément museler à tout prix étant donné l'impératif Richie Porte. Bref, Van Avermaet aura besoin de sacrées jambes et d'un brin de réussite pour tenir.

Le plus loin au général ce lundi soir, c'est Nairo Quintana (Movistar). Le plus loin sur ce chrono par équipes, c'est Dan Martin (UAE Team Emirates). Pour autant, à mon sens, il faut regarder du côté de Primoz Roglic (Lotto NL-Jumbo) pour trouver le favori le plus déçu à l'issue de cette 3e étape. C'est bien lui le candidat au podium dont les incertitudes sur trois semaines sont les plus nombreuses.

Le Slovène, champion du monde junior de saut à ski, avait ce lundi une belle carte à jouer lors du chrono par équipes, mais il l'a laissé passer. Malgré une solide équipe de rouleurs avec Kruijswijk, Gesink, Jansen, Martens ou encore Roosen, la Lotto NL-Jumbo a perdu 1'15'', soit autant qu'AG2R La Mondiale et 40'' de plus qu'Education First-Drapac. Une grosse déception.

Vu sa démonstration lors du Dauphiné (38'' de mieux que le deuxième, BMC, et 53'' sur Mitchelton-Scott), la deuxième place de la Sky ce lundi à Cholet est à mon sens une vraie défaite. Plutôt que d'impressionner collectivement, avec une équipe présentée comme la plus forte jamais alignée, ce sont les faiblesses individuelles qui ont crevé l'écran, avec les disparitions trop précoces de Luke Rowe et Wout Poels.

Le sentiment est que Froome n'a pas pu compter sur ses coéquipiers pour lui permettre d'inverser la tendance au général après la petite minute perdue sur chute lundi. A l'inverse, on pourrait même dire qui leur a permis de sauver la face en plaçant des relais hallucinants, comme à l'amorce et dans la côte de Séguinière. Chronométriquement et psychologiquement, la Sky a sans doute pris un petit coup ce lundi.

Comment pourrait-il ne pas l'être ? Au départ du Tour de France, le grimpeur français craignait fortement ce contre-la-montre après lequel il craignait de naviguer déjà avec près de deux minutes de retard sur les meilleurs. Ce lundi soir, le 3e du Tour 2017 ne compte "que" 1'04'' de retard sur Dumoulin, le meilleur des favoris. Mieux, il n'est qu'à une vingtaine de secondes de Chris Froome, à une dizaine de Vincenzo NIbali et possède 53'' d'avance sur Nairo Quintana. Bien sûr, rien n'est fait et les pièges sont encore nombreux avant d'atteindre la montagne. Mais, pour l'heure, le bilan de Bardet et d'AG2R est plus que positif : il est excellent.

Oui, à 90%. 20'' de retard sur son grand adversaire, Chris Froome, après le chrono par équipes, il aurait signé des deux mains pour cela avant le départ du Tour. Il pouvait craindre un débours de deux minutes sur le Britannique. Ce n'est finalement qu'une poignée de secondes. En ajoutant cela l'absence de chute pour son cas personnel, on pourrait parler d'entame parfaite pour le 2e du Tour 2016 et 3e en 2017.

Les 10% restants se trouvent dans la lecture du classement général. Positionné au 25e rang, Romain Bardet accuse du retard sur tous ses rivaux à l'exception de Dan Martin. AG2R La Mondiale ambitionnait de rivaliser avec Bahrain-Merida (Nibali) et Education First (Uran). Ça n'a pas été le cas pour respectivement 9'' et 40''. Rien de catastrophique. Une déception bien relative par rapport au bilan d'ensemble, très positif.