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Les débats du Tour : Roglic est-il l'arme anti-Sky ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/07/2018 à 10:19 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à quatre membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Au menu : le principal adversaire de Geraint Thomas et Chris Froome, Romain Bardet et une supposée erreur de Julian Alaphilippe.

Primoz Roglic lors du Tour de France 2018

Crédit: Getty Images

Primoz Roglic est-il la principale menace pour la Sky ?

François-Xavier Rallet
Le Slovène était survolté ce samedi. Son attaque était tranchante et au final, le leader de Lotto-Jumbo a récupéré 8 secondes sur le trio de tête. C'est le seul des favoris à avoir repris du temps sur la concurrence. Bravo à lui. Mais à mes yeux, Roglic n'est pas le principal adversaire de Geraint Thomas et Chris Froome. Tom Dumoulin reste l'homme à surveiller chez l'équipe britannique. Un temps légèrement distancé puis à l'attaque, le Néerlandais a montré dans la Croix-Neuve que les jambes répondaient très bien.
Peut-il encore gagner le Tour de France ? Il doit y croire car les Champs-Elysées sont encore loin. D'un point de vue empirique, le vainqueur du Giro 2017 n'a rien à envier à Geraint Thomas. Le champion du monde du chrono en titre, qui avait devancé… Roglic sur le tracé de Bergen l'an dernier – rappelez-vous, sera mon grand favori sur le contre-la-montre d'Espelette la veille de l'arrivée. Mais pour espérer battre la Sky, Dumoulin doit encore combler près de deux minutes de retard. Et les Pyrénées s'annoncent dantesques.
Julien Chesnais
Oui. Le Slovène de 28 ans a fait forte impression dans la Croix-Neuve, où son audace lui a permis de grappiller huit secondes sur le trio qui le devance au général, Thomas (2'58'' d'avance), Froome (1'39'') et Dumoulin (2'38''). Et mine de rien, il pointe à moins d'une minute de Froome au général, considéré toujours comme l'option n°1 pour la victoire chez Sky, ce qui n'est vraiment pas grand-chose étant donné ses redoutables capacités en chrono.
Beaucoup de facteurs me semblent de son côté. La fraîcheur déjà. Il n'a pas couru le Giro, à l'inverse de Froome et Dumoulin. Pour ces deux-là, on ne peut pas écarter l'hypothèse d'un contre-coup soudain dans les Pyrénées. Thomas ? Il a toujours connu un jour-sans en Grand Tour. Et s'il semble dans la forme de sa vie, il va aborder la 3e semaine avec une certaine dose d'anxiété. Certes, Roglic connaît sa première expérience de leader en Grand Tour, et sa capacité à tenir la distance reste donc à découvrir (quoique sa montée à Mende laisse à penser qu'il est plus sur une forme ascendante que déclinante). L'ancien sauteur à skis ne cesse de surprendre positivement depuis le début de sa très jeune carrière (3e saison en World Tour). Il est en embuscade, et peut même compter sur Kruijswijk pour brouiller les cartes. Roglic a de quoi surprendre la Sky, qui n'a pas jugé bon de réagir à son attaque ce samedi.

Romain Bardet est-il dans une impasse ?

Laurent Vergne
Ça y ressemble de plus en plus. 5e du général à huit jours de l'arrivée, Romain Bardet n'est pas en train de passer à côté de son Tour. Loin de là. Mais il y a plus fort que lui pour le moment et sa faiblesse affichée samedi dans la côte de la Croix-Neuve confirme qu'il lui sera très, très difficile d'aller chercher le trio Thomas-Froome-Dumoulin. Il rêvait du maillot jaune et, même si en théorie, ses trois minutes vingt de retard sur le maillot jaune ne constituent pas un handicap insurmontable, dans le contexte de ce Tour où la hiérarchie est resserrée, c'est beaucoup. Surtout pour un coureur qui a toutes les chances de concéder encore du temps dans le dernier chrono.
Le problème, c'est que Bardet est soit trop loin... soit trop près. Il constitue toujours une menace trop sérieuse pour bénéficier d'une quelconque marge de manœuvre. Impossible en l'état, donc, de recentrer ses objectifs sur une victoire de prestige dans les Pyrénées. La Sky ne laissera pas bouger plus d'une demi-oreille à un coureur comme lui. Trop risqué. Alors, quoi ? Sans défaillance de ses rivaux devant lui, le leader d'AG2R pourrait avoir bien du mal à améliorer sa position actuelle. Et son Tour pourrait bien ressembler à Paris à ce qu'il est aujourd'hui : solide mais frustrant.
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Fraile savoure, Sky maîtrise, les Français grimacent : Les moments-clés de la 14e étape

Jean-Baptiste Duluc
Non. Depuis le début du Tour, la formation AG2R La Mondiale ne cesse d'annoncer la couleur : Bardet vise la gagne et rien d'autre. Après deux podiums consécutifs (2e en 2016, 3e en 2017), le grimpeur français veut ramener le maillot jaune à Paris. Et je ne vois pas pourquoi ça changerait, quand bien même il soit (très) loin au général (5e, à 3'21'' de Thomas). Se rabattre sur un succès d'étape ? Ça ne serait qu'une maigre consolation et pas sûr que la Sky lui laisse du champ. Non, il a tout intérêt à jouer le général.
Bien sûr, avec le chrono d'Espelette à venir, Bardet se doit de reprendre plus de 5 minutes à Thomas. C'est énorme. Mais, des cinq principaux adversaires de la formation britannique (Quintana, Landa, Roglic, Dumoulin et Bardet), c'est - à mon sens - le seul capable de renverser la domination de Thomas. Parce qu'il est imprévisible. Et, ça, la Sky en est consciente. Adepte des coups de folie, le Français est capable de tout risquer pour tenter l'impossible. Les Pyrénées lui offriront un terrain de jeu adapté, à condition de nouer des alliances, nécessaires. Et pourquoi pas avec des Movistar eux aussi désespérés.

Julian Alaphilippe a-t-il commis une erreur ?

François-Xavier Rallet
Fataliste, le Français a reconnu la supériorité d'Omar Fraile après l'arrivée. Porteur du maillot à pois, vainqueur au Grand-Bornand mardi dernier, Julian Alaphilippe réalise pour l'instant un Tour 2018 de haute facture. Mais ce samedi, le coureur de la Quick Step a manqué de sens tactique dans le final de l'étape. Et pour moi, Julian n'a pas fait "du Alaphilippe". J'étaye mon propos : Il a couru contre-nature. Il y a quelques mois, il lui avait été reproché de ne pas compter ses efforts, sur le Dauphiné notamment.
Sur cette Grande Boucle, il n'a cessé de répéter qu'il s'était assagi, qu'il réfléchissait plus au moment de dépenser des calories. Et personne ne peut affirmer que ça n'a pas marché (voir ma 2e phrase). Mais ce samedi, il a produit son effort un brin trop tard. Il fallait (je sais, c'est facile à dire…) sauter dans la roue de Fraile quand celui-ci a attaqué pour revenir sur Stuyven. Alaphilippe a préféré attendre. Lui a-t-on ordonné dans l'oreillette de patienter ? Lui seul a la réponse. Mais le bon coup était parti sous ses yeux et s'il a avoué "n'avoir pas les jambes", j'aurais aimé le voir suivre l'Espagnol d'Astana. Enfin, un détail qui a son importance pour expliquer cette éventuelle erreur : le Français n'avait pas reconnu le final de cette étape. Cela a peut-être joué. Peut-être…
Julien Chesnais
Oui. Le Français n'aurait jamais dû laisser Omar Fraile partir au pied de la côte finale. Il est évidemment facile d'identifier les raisons d'un échec a posteriori. Mais à mon sens, l'Espagnol était clairement à identifier comme la principale menace. Il ne fallait donc pas quitter sa roue. A aucun moment. Fraile comptait une vingtaine de secondes d'avance avant qu'Alaphilippe ne fasse son effort. Il en avait moins de la moitié après coup. Puis 6'' à l'arrivée. L'évolution du chrono indique que le Français n'était pas moins fort que le Basque. Et qu'il a donc fait une erreur.
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