Tour de France 2018 : Thomas, Froome, Bardet, Dumoulin... Grand huit pour un Maillot jaune

Sa situation au général : Leader

Pourquoi il peut gagner : Parce qu’il possède 1’39’’ d’avance sur son premier poursuivant, ce qui est confortable sachant sa solidité en montagne et contre-la-montre. Et qu’il n’a pas dévoilé le moindre signe de faiblesse pour l’instant, tout comme son équipe Sky. Au pouvoir depuis sa victoire à la Rosière, puis lauréat à l’Alpe d’Huez, le Gallois a traversé les Alpes comme dans un rêve. Il n’est pas redescendu de son nuage depuis. Et rien n’indique qu’il pourrait en tomber d’ici Paris.

Ce qui peut l’en empêcher : Son inexpérience. À 32 ans, jamais Thomas ne s’est trouvé dans une situation pareille. La pression sur ses épaules sera maximale et la 3e semaine ne lui a historiquement jamais réussi. Certes, il n’a été que rarement leader sur un Grand Tour, mais il ne faut pas oublier ceci : Thomas n’a jamais fait mieux que 15e sur un Grand Tour (Tour de France 2015). Le fameux "jour sans” a toujours plombé ses ambitions par le passé. Au général, son premier poursuivant est un coéquipier. C’est une chance. Mais aussi un problème, Froome étant le leader originel. Le flou entourant le véritable leader de la Sky peut lui peser.

En résumé : Le favori du Tour, c’est lui. Mais est-il le leader de son équipe ?

Sa situation au général : 2e à 1’39’’

Pourquoi il peut gagner : Parce que c’est Chris Froome. Quadruple lauréat de la Grande Boucle, vainqueur des trois derniers Grand Tour (Tour 2017, Vuelta 2017, Giro 2018) le Britannique est LE grand spécialiste des courses de trois semaines. Celui qui donne le plus de garanties pour la victoire finale. Et de loin. Il court dans un fauteuil depuis le départ. Il n’a pas (encore) le maillot jaune ? Son retard n’est en rien rédhibitoire et sa position lui donne l’opportunité d’esquiver les micros (ce dont il ne se prive pas), tandis que Thomas perd quotidiennement une heure de récupération dans les obligations médiatiques inhérentes à son classement. Une économie d’énergie qui pourrait compter.

Ce qui peut l’en empêcher : Les 3e semaines de Froome sur le Tour ne sont jamais les meilleures. Mais c’est sur celle-ci qu’il va devoir faire la différence cette année. Un sacré défi sachant que son Giro victorieux pourrait très bien commencer à peser dans ses jambes. Il doit reprendre du temps. Sur Thomas bien entendu. Mais aussi sur Dumoulin, qui ne pointe qu’à 11 secondes, un écart bien maigre en vue du chrono d’Espelette. Aura-t-il les coudées franches pour attaquer sachant que le maillot jaune est sur les épaules de son coéquipier ? C’est la grande question de cette fin de Tour. Et aussi ce qui fait son intérêt.

En résumé : Pour l’emporter, Froome doit surtout compter sur une défaillance de Thomas. Tout en pensant à accroître son avance sur Dumoulin avant le chrono.

Sa situation au général : 3e à 1’50’’.

Pourquoi il peut gagner : Le meilleur rouleur du lot (et du monde), c’est lui. Alors, avec la perspective du contre-la-montre vallonné du Pays Basque à la veille de l’arrivée, il a des raisons d’espérer. Il s’est montré très costaud en montagne. Et il en a impressionné plus d’un dans la Croix-Neuve samedi.

Ce qui peut l’en empêcher : Comme Froome, il a disputé le Giro en mai. On ne peut donc exclure un coup de moins bien dans les Pyrénées. De tous ses rivaux, il possède l’équipe la plus faible en montagne. Il devra sans doute se débrouiller seul pour faire la différence. Ou compter sur une alliance.

En résumé : Si Thomas déraille, et que Froome ne lui reprend pas de temps dans les Pyrénées, Dumoulin a un sacré coup à jouer.

Sa situation au général : 4e à 2’38’’

Pourquoi il peut créer la surprise : Parce qu’il est dans l’ombre de Dumoulin, en qui les Sky voient la principale menace. Il aura davantage de libertés pour attaquer, à l’image de la montée de la Croix-Neuve, où personne n’est allé le chercher. Son équipe a des bons grimpeurs. Et il peut profiter de Kruijswijk, toujours bien placé au général, pour créer une course de mouvement favorable à ses desseins. Très bon en montagne, le Slovène est surtout un excellent rouleur (vice-champion du monde du contre-la-montre derrière Dumoulin). Il ne faut pas compter sur le chrono basque pour le voir flancher. Bien au contraire.

Ce qui peut l’en empêcher : Son inexpérience. Ce n’est que son 3e Grand Tour. Et son premier dans la peau d’un leader. Sa faculté à être performant en 3e semaine reste à éprouver. Malgré ses 28 ans, l’ancien sauteur à ski n’est encore qu’un bizuth dans le monde du cyclisme.

En résumé : C’est le facteur X de cette fin de Tour. Mais il doit absolument se rapprocher dans les Pyrénées pour espérer créer la surprise lors du chrono.

Son situation au général : 5e à 3’21’’

Pourquoi il peut rêver d’une remontée : Parce que l’Auvergnat n’est jamais aussi performant qu’en 3e semaine. Il a toujours dit que les plus grosses différences se feront dans les Pyrénées. On y arrive. Et contrairement à chacun des quatre hommes qui le devance au général, Bardet offre toutes les garanties pour être au top sur cette fin de Tour. Il a prévu de finir en boulet de canon quand les autres peuvent redouter de terminer sur les rotules. Son sens tactique est redoutable et le tracé des Pyrénées est plein d’opportunités pour attaquer. Depuis 2015, il n’a jamais terminé le Tour sans victoire d’étape. Si un homme peut faire basculer la course, c'est bien lui.

Ce qui peut l’en empêcher : Son débours au général est considérable, d’autant qu’il perdra encore du temps dans le chrono basque. Virtuellement, c’est comme s’il possédait cinq minutes de retard sur Thomas et trois sur Froome et Dumoulin. Son salut passe par une attaque d’envergure, de type kamikaze, dans les Pyrénées. Mais son équipe est affaiblie par les abandons de Vuillermoz, Gallopin et Domont.

En résumé : Pour la victoire finale, il a besoin d’un miracle. Pour le podium, d’une bonne dose de réussite.

Sa situation au général : 6e à 3’42’’

Pourquoi il peut rêver d’une remontée : Parce que sa santé semble s’améliorer. Le 4e du Tour 2014 affirme que son dos va mieux après des jours de souffrance suite à sa chute sur les pavés. La seconde journée de repos va lui faire du bien. Et on peut imaginer que son visage sera bien plus conquérant dans les Pyrénées, où tout Basque rêve de briller. Landa est le leader de la Movistar le mieux placé au général. En profitant de la force de frappe de l’équipe espagnole, et notamment de Valverde, il peut envisager une belle remontée.

Ce qui peut l’en empêcher : L’opération de Mende l’a probablement refroidi. Après son attaque au pied de la Croix-Neuve, il a pris le boomerang en pleine figure et concédé du temps sur tous ses rivaux. Autre signe inquiétant : dans l’étape de Carcassonne, Movistar a montré beaucoup d’intérêt pour la victoire d’étape. Cela traduisait une forme de résignation pour le général.

En résumé : Movistar ne semble plus croire en la victoire finale. Y compris pour Landa. Mais ce dernier reste la meilleure chance d’accéder au podium. Avec un maximum de réussite.

Sa situation au général : 7e à 3’57’’

Pourquoi il peut rêver d’une remontée : Sky aura d’autres priorités. Il peut en profiter. Le Néerlandais est à près de quatre minutes. C’est beaucoup et peu à la fois. Le presque vainqueur du Giro 2016 (4e) devrait avoir un bon de sortie et il a montré vers l’Alpe d’Huez qu’il pouvait en profiter pour semer un vent de panique. Avec Moscon en moins, l’équipe du Maillot Jaune aura un peu plus de difficultés à contrôler.

Ce qui peut l’en empêcher : Il n’est pas le leader de son équipe. Si la formation néerlandaise décide de mettre ses oeufs dans le même panier, Kruijswijk se retrouvera au service de Roglic. En chrono, il se débrouille bien mais souffre de la comparaison face au quatuor de tête.

En résumé : Kruijswijk a sans doute laissé passer sa chance à l’Alpe d’Huez. À moins d’un miracle, le top 5 semble hors de portée. Mais il aura son influence dans les Pyrénées.

Sa situation au général : 8e à 4’23’’

Pourquoi il peut rêver d’une remontée : Le Colombien est redoutable en 3e semaine. Contrairement à l’an dernier, il n’a pas la fatigue du Giro et on peut penser qu'il s'est préparé pour être au top en fin de Tour. Décevant dans les Alpes, Quintana ne s’avoue pas encore vaincu et il serait étonnant de ne pas le voir tenter le tout pour le tout dans les Pyrénées. Son équipe a les moyens de durcir la course de loin. Il est dans une position semblable à Bardet, qui peut être un allié de circonstance dans une course de mouvement.

Ce qui peut l’en empêcher : Comme Bardet, il devrait perdre une à deux minutes sur le quatuor de tête dans le contre-la-montre samedi. Cela implique de reprendre un temps colossal dans la montagne.

En résumé : Même si Quintana retrouve sa superbe dans les Pyrénées, difficile de l’imaginer sur le podium à Paris.