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Egan Bernal : "J'ai l'impression d'être en train de rêver"

Simon Farvacque

Mis à jour 26/07/2019 à 22:44 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Egan Bernal (Ineos) est devenu le troisième Colombien à porter le maillot jaune, ce vendredi, à l'issue d'une 19e étape tronquée par les conditions atmosphériques. Mais c'est bien à la pédale que Bernal, submergé par l'émotion, a pris le paletot à Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step). A 22 ans, il est à deux jours de devenir le plus jeune vainqueur du Tour après-guerre.

Egan Bernal, maillot jaune à l'issue de la 19e étape, tronquée, du Tour de France 2019

Crédit: Getty Images

Egan Bernal a pris les commandes du Tour, ce vendredi, dans un improbable contexte. Il a délogé Julian Alaphilippe de la tête du classement général à l'issue d'une 19e étape du Tour tronquée en raison des conditions atmosphériques, sans vainqueur, et appelée à rester dans les annales. Le grimpeur colombien de 22 ans a fait la différence dans le col de l'Iseran (12,9 km à 7,5%) au sommet duquel les temps ont finalement été pris, la descente étant rendue impraticable par une coulée de boue à la suite d'une averse de grêle.
"Au début, je ne comprenais rien, j'étais concentré sur la descente, j'allais très vite, je ne faisais pas trop attention a ce qu'on disait à la radio même si j'entendais beaucoup de discussions, a raconté le nouveau maillot jaune. Et on m'a dit 'Stop !'. Je ne voulais pas m'arrêter. J'ai demandé à ce qu'on m'explique en espagnol la situation, j'ai ensuite compris que la course était arrêtée et c'est à ce moment que j'ai accepté de mettre le pied à terre."
Je n'y ai pas cru avant d'arriver ici et qu'on me remette le maillot
Bernal ignorait alors qu'il était le nouveau leader du Tour. Il lui a fallu de longues minutes et quelques-unes de plus pour en prendre conscience, lorsqu'il s'est retrouvé sur le podium, lors d'une cérémonie protocolaire improvisée au pied de Tignes. "Je n'ai su que j'étais en jaune que dans la voiture mais je n'y ai pas cru avant d'arriver ici et qu'on me remette le maillot", avoue Bernal. Mais ce scénario délirant n'a en rien altéré sa joie : "Je ne peux pas décrire ce que je ressens en ce moment. Il y a beaucoup d'émotions… j'ai l'impression d'être en train de rêver. Je n'imaginais pas pouvoir en arriver là à 22 ans, ce sont des choses dont on rêve mais qu'on ne peut arriver à croire possibles."
Si Bernal en est arrivé là, ce n'est pas en raison de la singularité de cette étape. La légitimité sportive de son putsch n'est pas remise en cause. Geraint Thomas, son coéquipier chez Ineos, puis Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) ont mis Alaphilippe dans les cordes. Puis il a porté l'estocade. Il est passé au pinacle de l'Iseran, à 2770 mètres d'altitude, avec une minute d'avance sur la plupart de ses rivaux, et plus de deux sur le maillot jaune. Et il aurait même pu enfoncer le clou si l'arrivée avait bel et bien été jugée à Tignes.
Je me suis dit 'J'ai 22 ans, je ne veux pas avoir de regret'
Son audace, dans le Galibier, jeudi, et l'Iseran, vendredi, aura donc été payante. "Attaquer, il s'agissait d'une décision de ma part, a-t-il affirmé. En courant sur la défensive, le plus probable aurait été que je garde ma place sur le podium, mais j'aurais sûrement terminé l'étape en me demandant ce qu'il se serait passé si j'avais attaqué. En attaquant, je me battais pour la victoire finale mais je risquais mon podium (si je craquais). Je me suis dit 'J'ai 22 ans, je ne veux pas avoir de regret, il y aura plein d'autres Tours de France derrière'. Donc j'ai attaqué et je pense que j'ai pris la bonne décision."
Au soir de ce 19e jour de course historique, Bernal compte 48 secondes d'avance sur Alaphilippe (2e), et 1'16" sur Thomas (3e). Troisième Colombien à porter le maillot jaune, après Victor Hugo Peña en 2003 et Fernando Gaviria en 2018, il peut devenir le premier à le revêtir à Paris. Mais la messe n'est pas encore dite et il en a conscience : "C'est un jour très important pour la Colombie. Demain le sera aussi, j'espère ramener ce maillot à Paris. C'est incroyable, un rêve (il sanglote). On va travailler très, très dur avec l'équipe pour garder ce maillot chez nous." Enfin, au-delà de tutoyer ce qui serait le premier sacre de sa nation, Bernal est à deux doigts de confirmer qu'il est un as de précocité, tous pays confondus. Il peut devenir le quatrième plus jeune vainqueur de l'histoire du Tour, le plus jeune après-guerre.
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