Tour de France 2022 - Le débrief de la 14e étape : Tadej Pogacar - Jonas Vingegaard, rendez-vous dans les Pyrénées
Mis à jour 16/07/2022 à 20:28 GMT+2
TOUR DE FRANCE 2022 - L'écart de deux minutes et 22 secondes entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard a survécu à la montée vers l'aérodrome de Mende malgré les attaques du premier envers le second dans le final, samedi. Il faudra attendre les Pyrénées désormais pour espérer renverser le Tour de France pour le Slovène et espérer tenir pour le Danois.
Le fait du jour
Alors, il n'aime pas vraiment les efforts courts Jonas Vingegaard ? Ou du moins, Tadej Pogacar lui est supérieur dans le domaine ? La Montée Laurent Jalabert vers l'aérodrome de Mende devait marquer le premier moment de l'opération reconquête de Tadej Pogacar. On ne pourra pas dire que le double tenant du titre n'a pas essayé, même s'il n'a peut-être pas opéré avec la bonne stratégie (nous y reviendrons) mais le maillot jaune n'a pas cillé. Pas plus à 180 kilomètres de l'arrivée, qu'à deux du sommet la Croix-Neuve ou dans la dernière ligne droite.
Nous commençions à peine à suivre cette 14e étape quand Tadej Pogacar nous a sortis de la torpeur dans laquelle nous pensions tomber. Sur une étape de 192 bornes, déclencher les hostilités à 183 kilomètres de l'arrivée, même les Jumbo-Visma n'y avaient pas pensé. Et pourtant eux ont la force du nombre. C'est en grand garçon qu'il est du haut de ses 23 ans que le leader de l'équipe UAE a pris son courage et son talent à pleines mains pour tenter de surprendre un Jonas Vingegaard mal placé. Vraie attaque ou tentative de jeu psychologique pour Pogi ? Lui seul le sait.
Reste que les 180 kilomètres suivants allaient s'avérer logiquement beaucoup plus calmes, si ce n'est quelques épisodes venteux qui n'ont fait paniquer personne. La montée Laurent Jalabert avait elle de quoi donner des sueurs froides aux leaders. Chacun savait qu'y perdre une minute serait pour le moins surprenant sauf à savoir un très mauvais jour forcément punitif sur de telles pentes (10,2% de moyenne). Celle-ci n'a en tout cas pas suffi à Tadej Pogacar qui a fait rouler Rafal Majka pour accélérer un peu un tempo avant de lui-même se dresser sur les pédales.
Mais l'histoire de 2022 n'est pas celle de 2021 et jusqu'ici le Slovène n'a pas réussi à creuser la moindre seconde d'écart avec son rival danois, froid comme une lame dans sa roue. Jamais, Vingegaard n'a daigné relayer Pogacar qui aurait peut-être dû la jouer autrement. Son rythme, relativement élevé certes, ne l'était pas assez pour distancer Vingegaard. Des accélérations suivies de coupures brusques puis d'une autre attaque auraient sans doute eu plus de chances de fonctionner. Même au sprint, Jonas Vingegaard s'est accroché. Rendez-vous dans les Pyrénées avec cet écart maintenu : 2'22'' entre les deux plus forts de ce Tour de France 2022.
Le grand perdant : Thibaut Pinot
Oui, inclure Thibaut Pinot dans cette rubrique est un peu sévère. Après tout, le Français a terminé 3e à Mende, son meilleur résultat sur le Tour depuis Foix en 2019. Après tout, il n'a été devancé que par Michael Matthews, apparemment très fort, et Alberto Bettiol, juste un ton en-dessous. On pourra regretter qu'il ait bougé trop tard dans la dernière ascension. Et comme il l'a noté après l'étape, les coups seront moins faciles à prendre pour lui dans les Pyrénées, là où les débuts d'étape seront plats. A-t-il laissé passer sa chance ?
L'image
Michael Matthews est énigmatique. Attendu sur des étapes difficiles mais pas aussi accidentées que ce samedi, l'Australien a triomphé à Mende, sa quatrième victoire sur le Tour de France. Ces quelques hectomètres à s'accrocher à cinq ou six longueurs d'Alberto Bettiol puis ce retour et ce contre furent un grand moment de cette 14e étape.
On a aimé
Ce début d'étape, évidemment. Bien sûr, le coup de canon de Tadej Pogacar n'a eu aucune incidence sur la suite, même s'il a envoyé Primoz Roglic dans un groupe largué, mais voir un dauphin du leader tenter quelque chose à 182 kilomètres de l'arrivée, voilà qui était pour le moins décoiffant.
Voir David Gaudu enfin se lâcher ! Il avait pesté (le mot est faible) contre lui-même après l'Alpe d'Huez car il ne se faisait pas confiance, le grimpeur breton a été le meilleur des autres derrière Vingegaard et Pogacar qui ne l'ont devancé que de 17 secondes sur la ligne. De bon augure pour la suite.
Le monde dans la montée finale. Si le Danemark avait frappé fort avec une foule nombreuse pendant trois jours, l'Hexagone tient la comparaison. Dans les Alpes, au Granon et à l'Alpe d'hUez, c'était déjà très beau. Mende a poursuivi dans cette belle dynamique.
On n'a pas aimé
La défaillance de Benoît Cosnefroy. Présent dans l'échappée du jour, le puncheur a terminé à la 21e place à près de neuf minutes de Michael Matthews. Ceci ne reflète sans doute pas son niveau mais celui-ci pose question. Il est en tout cas à des années-lumière de son meilleur, celui qui l'avait permis de tutoyer la victoire à l'Amstel Gold Race début avril.
La tactique des Bora-Hansgrohe dans le groupe de tête. L'équipe allemande avait trois représentants et pas les pires (Konrad, Grosschartner et Kämna) et elle n'a pas su quoi en faire. Certes, Grosschartner était avec Matthews et Bettiol mais ce n'était peut-être pas le cheval sur lequel miser.
La décla : Jonas Vingegaard
Je savais très bien que Tadej allait m’attaquer aujourd’hui. Il va le faire à chaque fois qu’il en aura l’occasion et je ferais pareil si j’étais à sa place. Je serais surpris s’il faisait autre chose, il va peut-être même m’attaquer pendant la journée de repos !
Trois stats à retenir
4. C'était la quatrième fois de sa carrière que Thibaut Pinot courait avec la Côte de la Croix Neuve au menu. Il avait terminé... deuxième les trois premières fois (Tour du Gévaudan 2014 et 2015, Tour de France 2015). Cette fois, il a fini troisième. Quatre podiums en quatre montées, mais toujours pas de victoire pour le Franc-Comtois, qui doit aimer cette ascension autant qu'il va finir par la détester.
11. La lutte pour le maillot à pois s'annonce acharnée. Entre ceux qui le jouent à fond et ceux qui pourraient l'avoir par défaut. Simon Geschke est toujours le leader du classement, mais l'Allemand a une meute derrière lui : Meintjes, Powless, Vingegaard, Ciconne et Latour. Tout ce petit monde se tient en 11 points. Il en reste au maximum... 111 à prendre, dont 50 sur la seule étape d'Hautacam. Le chemin est donc encore long pour Geschke.
3. Le nombre d'équipes qui, aux deux tiers de cette 109e édition, possèdent trois coureurs parmi les vingt premiers du classement général. La Groupama-FDJ de Marc Madiot en fait partie (Gaudu 8e, Madouas 16e, Pinot 19e), tout comme la Jumbo-Visma (Vingegaard 1er, Kruijswijk 12e, Kuss 17e) et les INEOS Grenadiers qui, eux, font plus fort encore avec trois membres de leur équipe dans le Top 10 (Thomas 3e, Yates 5e, Pidcock 9e).
Juste pour savoir…
. Simon Geschke ne va quand même pas ramener le maillot à pois à Paris ?
. Wout van Aert ne va quand même pas finir devant Thomas, Pinot, Quintana, Bardet et Gaudu au classement de la montagne ?
. Et si Gaudu était la meilleure carte française pour le général ?
. Vingegaard, il a une bonne tête de vainqueur, non ? Il n'a même pas cligné des yeux samedi quand Pogacar l'a attaqué. Vraiment costaud, le Danois.
Le quiz du jour
La réponse du quiz de vendredi était Steve Cummings, vainqueur à Mende en 2015 devant Thibaut Pinot et Romain Bardet.
Voici celui du jour :
Lors du Tour 1981, Carcassonne, ville-arrivée de la 15e étape dimanche, avait été mise à l'honneur avec un contre-la-montre par équipes. La Ti-Raleigh s'y était imposée mais comment s'appelait ce coureur néerlandais qui avait endossé le maillot jaune ?
Le sondage
Aura-t-on droit à un sprint massif à Carcassonne ?
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