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Julian Alaphilippe : un Tour pour rien, vraiment ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 23/07/2023 à 11:51 GMT+2

Pour la deuxième fois de sa carrière, la première depuis sa découverte du Tour de France, Julian Alaphilippe va achever la Grande Boucle sans victoire d'étape. Un échec ? Bien sûr, mais en multipliant les attaques, le double champion du monde a rappelé que la grinta ne l'avait pas quitté. Il espère aussi, peut-être, que tous ces efforts serviront à refaire de lui le coureur qu'il était.

Marquage à la culotte : comment Alaphilippe a contribué au succès d'Asgreen

"Je ne peux pas dire ça sinon Patrick ne va pas être content". Non, Julian Alaphilippe n'a pas préparé les Mondiaux sur le Tour de France. Au moins n'a-t-il pas voulu le reconnaître au micro de France Télévisions vendredi soir. L'absence de victoire d'étape mise à part, Patrick Lefevere a-t-il seulement quelque chose à reprocher à un coureur qu'il n'hésite jamais à tancer depuis deux ans ? Le Français a tout donné pendant trois semaines, manquant visiblement de jus et de quelques pourcents pour faire la différence mais pas de classe, de courage et d'abnégation.
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Alaphilippe : "Je n'ai pas de souvenir récent de m'être autant fait mal sur le vélo"

Longtemps, le décompte des chiffres valait mille mots pour Julian Alaphilippe. Il avait remporté une ou deux étapes, porté le maillot jaune pendant un, trois ou quatorze jours. "Alaf"' et le Tour, une affaire qui roulait tant l'une et l'autre se nourissaient. Le panache du premier rendait le second spectaculaire quand la grande messe de juillet faisait passer le coureur dans une autre galaxie. Cadeau empoisonné s'il en est puisqu'après 2019, Alaphilippe a dû répéter chaque année qu'il n'avait ni les qualités ni le tempérament d'un coureur de classement général.

Alaphilippe 8 fois sur 20 à l'avant

Alaphilippe aime le Tour de France comme aucune autre course. Son absence de 2022 dans une année décidément vraiment pourrie lui avait tant coûté qu'il a dû se jurer que jamais il ne la prendrait par-dessus la jambe quand il y reviendrait. Promesse tenue en 2023. Jusqu'au succès de Kasper Asgreen jeudi à Bourg-en-Bresse, on n'avait pas beaucoup vu les autres Soudal-Quick Step. En grossissant le trait, on dirait que l'on a même pensé un temps que le Français était le seul dans son équipe à avoir le droit de tenter sa chance.
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Alaphilippe a tenté dès le pied du Tourmalet

Tenter, Alaphilippe l'a fait. Huit fois, sur vingt étapes avant Paris où il n'a pas vraiment le profil du fuyard des Champs, on l'a vu à l'avant. Jamais pour des petits coups et d'ailleurs le décompte de ses kilomètres à l'avant approche les 750 kilomètres sur les presque 3 400 parcours par le peloton du Tour de France depuis Bilbao. Un bon 22% qui d'ailleurs ne dit pas encore tout.

La reconstruction est-elle terminée ?

Se porter à l'avant dans cette folle édition du Tour n'avait rien d'une sinécure. Certains ont choisi de sentir le bon coup et n'avait besoin que d'une ou deux cartouches, Alaphilippe a choisi l'autre méthode, celle qui consistait à tirer le premier et à sauter sur tout ce qui bougeait. Et une fois devant, il ne fallait pas compter sur lui pour jouer l'épicier, pas le genre de la maison. On est en droit de penser qu'en comptant un peu plus ses coups de pédale, il aurait peut-être parfois pu peser un peu plus sur le final des étapes et d'ailleurs son meilleur résultat sur ce Tour (10e à Issoire) prouve qu'en face de sa débauche d'énergie, le compte n'y est pas.
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Attaque tranchante d'Alaphilippe : l'échappée se forme enfin lors de la 19e étape

Vendredi, sur le plateau de France Télévisions, Alaphilippe a refusé toutes les excuses. A ses yeux, son année blanche de 2022 n'explique pas qu'il lui manque ce petit jus supplémentaire qui lui a permis de décrocher six bouquets sur le Tour. Et pourtant, le coureur de la Soudal-Quick Step a tant galéré, perdu tant de temps en course comme à l'entraînement, le tout à la bascule de la trentaine, qu'on est en droit de se demander si sa reconstruction n'est pas encore en cours.

Toujours le coeur d'un champion

Reconstruction ou évolution d'ailleurs. Le punch, qui faisait sa force dans ses plus belles années, est ce qui se perd le plus pour un coureur qui vieillit. Après 30 ans, les cyclistes deviennent plus endurants, plus diesel aussi et se connaissent sur le bout des doigts. Alaphilippe sait-il ce qu'il est ? Dans ce Tour, on ne l'a pas toujours vu attaquer sur des profils taillés pour lui. Bien sûr il pouvait gagner à Issoire, Belleville-en-Beaujolais ou Poligny mais vers Laruns, Cauterets, Saint-Gervais ou le Col de la Loze ?
Autant d'instants qui accréditent la thèse d'un Tour de France pris comme un gigantesque test. Alaphilippe voulait certes gagner mais se demandait-il, au fond, comment ses jambes allaient réagir alors qu'il n'avait plus couru pendant trois semaines depuis deux ans ? Pour elles, seul Alaphilippe sait réellement ce qu'il en est, plus haut, chacun a pu voir que c'est encore un cœur de champion qui bat dans sa poitrine.
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