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Les débats du Tour : Le plus grand moment de Pinot, Pogacar et le printemps, Philipsen favori sur les Champs-Élysées ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 23/07/2023 à 16:00 GMT+2

Coureur de classiques au printemps, Tadej Pogacar a-t-il aussi perdu le Tour de France en bataillant à Milan-Sanremo ou dans les Flandres ? On se pose la question dans nos débats du Tour. Au programme bien sûr également, Thibaut Pinot et son plus grand moment dans sa carrière sur la Grande Boucle et Jasper Philipse, favori de la dernière étape à Paris, dimanche.

Philipsen sait aussi se débrouiller seul : sa quatrième victoire au sprint en vidéo

Qui peut priver Philipsen de la passe de cinq ?

Amaury Erdogan-Gutierrez
Je vais faire court : personne. Une réponse laconique qui n’enchantera pas les chantres du suspense, mais je ne vois aucun sprinteur encore en lice contester la victoire au maillot vert sur les Champs-Elysées. Écartons d’emblée la possibilité de voir une échappée s’imposer sur le pavé parisien, la victoire se jouera bien entre grosses cuisses.
Frustrés par les baroudeurs à Bourg-en-Bresse (18e étape) et Poligny (19e étape), les sprinteurs ont mangé leur pain noir dans l’attente de ce dernier acte. J’ai tout de même retenu deux noms au cours de ma (courte) réflexion. Dylan Groenewegen (Jayco AlUla), car le Néerlandais a déjà levé les bras sur la plus belle avenue du monde, en 2021. Problème, il ne passe pas aussi bien la montagne que son rival belge. Plus frais, Jasper Philipsen n’hésite pas de surcroît à aller dans les échappées et même à travailler pour Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceuninck).
Nanti d'une forme éclatante et d'un poisson-pilote de luxe, rien ni personne ne pourra priver Philipsen d’une cinquième victoire sur cette Grand Boucle. Enfin, comment ne pas aborder le cas de Mads Pedersen (Lidl - Trek), omniprésent en troisième semaine et vital dans la quête du maillot à pois de Giulio Ciccone. Tombeur de Philipsen à Limoges (8e étape), le Scandinave est toutefois nettement moins dangereux sur un sprint plat.
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Philipsen sait aussi se débrouiller seul : sa quatrième victoire au sprint en vidéo

Laurent Vergne
Peut-être la question qui, dans ces trois semaines, fait le moins… débat. Qui peut battre Jasper Philipsen sur les Champs-Elysées ? Personne. A la régulière, s'entend. Alors, oui, le Belge n'a plus gagné depuis Moulins, le mercredi de la seconde semaine. Il aura donc une forme de pression puisque, en cas d'échec dimanche à Paris, il n'aurait pas signé le moindre succès dans la seconde moitié de ce Tour 2023.
Sauf qu'avec déjà quatre victoires, le contrat est plus que rempli. Le maillot vert est aussi dans sa poche. Et il a déjà gagné sur les Champs. Bref, je doute qu'il soit submergé par une quelconque forme d'obligation. Puis s'il est à l'arrêt depuis 10 jours, c'est plus en raison de la nature du parcours et de la course que par une forme de baisse de pied.
Dimanche, il y a 95% de chances que l'étape s'achève au sprint. Si c'est le cas, il y a bien 90% de chances pour que Philipsen en sorte vainqueur, en dehors d'un aléa extérieur, toujours possible (une crevaison dans le dernier tour, une chute, etc.). Mais à la pédale, ce serait une grosse surprise de le voir battu.

Pinot a-t-il vécu son plus grand moment sur le Tour ?

Laurent Vergne
Non. Mais pas parce qu'il n'y a pas de victoire au bout puisque je vais choisir un autre moment qui n'a pas non plus débouché sur un succès d'étape, même s'il avait posé les bases de ce que l'on pensait être un triomphe. Le dimanche 21 juillet 2019, Thibaut Pinot était le patron du Tour. Plus encore que la veille, lors de sa victoire au Tourmalet.
Au Prat d'Albis, il était le plus fort. Du jour. Du Tour. En le voyant les lâcher tous, les Thomas, les Bernal, je me suis dit pour la première fois "Il va gagner ce Tour." On connait tous la suite. Ce jour-là, Simon Yates, échappé, avait coupé la ligne avant lui. Mais il y avait une forme de plénitude à le voir s'exprimer de la sorte. Il était grand, très grand, aurait pu dire Marc Madiot, mais comme il l'avait déjà hurlé la veille…
Ce samedi, dans les Vosges, ce n'est pas son plus grand moment mais, incontestablement un moment à part. Peut-être celui qui résume le mieux le Franc-Comtois. Une forme de panache, un rêve généré, une communion d'anthologie avec le public, son public. A coup sûr, cela restera inoubliable. Mais c'était plus beau que grand et j'avais envie ici de remettre en lumière que Pinot était aussi et d'abord un grand coureur.
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Christophe Gaudot
Comme Laurent l'a dit, cette journée résume ce qu'a été la relation entre Thibaut Pinot et le Tour de France et je vais aller dans le sens du grimpeur en affirmant que oui, . Bien sûr, on pourra me dire que je réagis à chaud et que l'émotion est rarement bonne conseillère mais j'ai des arguments.
Le plus évident : l'ambiance et l'accueil que les Vosges ont réservés à Thibaut Pinot. On s'attendait à quelque chose de grand, on a été soufflé par la ferveur d'un public qui voulait rendre au champion tout ce qu'il lui avait donné. Jamais, aussi loin que je me souvienne, j'ai vécu une journée comme ça sur le Tour. C'était de la folie pure, tout simplement.
Ensuite, je noterai que Pinot n'a que rarement eu l'occasion de courir chez lui sur le Tour. C'était le cas en 2020 sur le chrono de La Planche des Belles Filles mais le coureur avait le dos en miettes. Ce samedi, il a vécu de grandes émotions parce qu'il a pu lutter à la pédale face aux meilleurs. Pas comme aux plus belles heures, 2019 par exemple, mais presque. Cette journée restera dans l'histoire du Tour, pas simplement dans celle de Pinot.

Pogacar en a-t-il trop fait au printemps ?

Christophe Gaudot
Si l'on comparait simplement les calendriers de Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard en 2023, sans la mention des résultats, on peinerait à croire que ce sont-là les deux premiers du Tour de France 2023 tant ils sont différents. De Paris-Nice au Tour, le Slovène n'a couru aucune course par étapes. A l'inverse, son bourreau de juillet n'a fait que ça de la fin février jusqu'à la Grande Boucle.
Notez que je ne souhaite pas voir "Pogi" changer ses objectifs de début de saison. Après son succès au Tour des Flandres, j'avais salué le cycliste total qu'il est à mes yeux, ce n'est pas pour dire aujourd'hui qu'il n'a rien à faire à Milan-Sanremo ou au Tour des Flandres. En revanche, je note du 5 mars au 23 avril, jour de sa chute sur Liège-Bastogne-Liège, Pogacar n'a jamais eu plus de deux semaines sans course.
C'est peut-être là aussi qu'il a perdu le Tour 2023. Briller sur les classiques et monter des cols d'une heure ne demande évidemment pas les mêmes qualités. Améliorer ses qualités de coureurs de classique, c'est un peu raboter son talent sur les grands tours. Jonas Vingegaard n'a fait que ça, en courses comme à l'entraînement. Je ne dis pas que ça aurait tout changé, simplement que "Pogi" n'a pas mis toutes les chances de son côté.
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Amaury Erdogan-Gutierrez
Oui, je ne peux que suivre l’avis de Christophe. Mais pas nécessairement au printemps. Le Slovène est un joyeux luron bourré de talent, qui a besoin de sa dose de liberté pour se sentir épanoui sur le vélo. Je ne vois pas la campagne de classiques de "Pogi" comme la cause possible d'un éparpillement de ses forces. Je vais plutôt déplacer le curseur sur le début du Tour de France.
Arrivé au Pays basque au bout d’une préparation tronquée à cause d’une chute fâcheuse sur la Doyenne, le maillot blanc a répété la même chorégraphie qu’en 2022, où il a usé de son don d’ubiquité à l’excès. Comme (trop ?) souvent, le natif de Komenda a couru à l’instinct, guidé par des jambes étonnamment réceptives, excepté dans Marie Blanque (6e étape). Et, évidemment, alors qu’un Jonas Vingegaard est resté sur la retenue, Pogacar a gaspillé de nombreuses cartouches avant les étapes qui comptent.
Résultat, "Vingo" est arrivé frais en troisième semaine et a éparpillé son dauphin sur les 22 kilomètres de l’unique chrono de ce Tour. Le coup de mou de la Loze a confirmé surtout qu’une préparation incomplète n’a jamais propulsé un coureur vers la victoire d'un Grand Tour. Pour 2024, je crois Pogacar capable de détrôner Vingegaard en conservant les classiques dans son programme. "Pogi" est le nouveau cannibale, et l'appétit vient en mangeant.
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