Tour de France 2023 - Bilan de la 5e étape - Jonas Vingegaard, une claque pour Pogacar, une autre pour le suspense

L’idée communément répandue, avant ce Tour de France et au vu du premier week-end basque, était que Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar étaient au-dessus de la concurrence. Au vu de la première étape de montagne disputée mercredi entre Pau et Laruns, la réalité est manifestement un peu différente. Voilà le nouvel axiome : Vingegaard est au-dessus du lot. Pas Pogacar.

Il aura suffi d’un col et d’une attaque pour permettre au Danois de s’affirmer comme l’unique favori de cette édition 2023. "Pogi", lui, a résisté au travail de sape des Jumbo, du moins en apparence, avant de sauter brutalement lorsque son rival s’est mis en action sur les pentes de Marie-Blanque.

C’est un coup de semonce. La première couche d’une série qui ne fait peut-être que commencer. Heureusement, Marie-Blanque est un col très difficile mais à l’ascension brève, ce qui a évité un carnage plus important encore. Ce n’est probablement que partie remise. Le Tour n’est pas fini, loin de là. C’est un marathon, pas un sprint, et cette 5e étape n’est encore que l’apéritif, mais le suspense en a tout de même d’ores et déjà pris un sérieux coup.

Pour que ce Tour conserve durablement son intérêt, il faudra que Tadej Pogacar se refasse vite la cerise en espérant se bonifier au fil des jours, lui qui est resté deux mois à l’arrêt contraint et forcé après s’est fracturé le scaphoïde sur Liège-Bastogne-Liège au mois d’avril. Pour cette raison, un point d’interrogation flottait au-dessus des ambitions du Slovène avant le Grand départ. A juste titre, visiblement.

On ne s’attendait sans doute pas à voir la situation se décanter aussi vite, en tout cas entre ces deux-là. Pas plus qu’on ne s’attendait à voir un outsider de l’envergure de Jai Hindley partir à l’avant dès ce 5e acte. L’Australien a été doublement récompensé, par le gain de l’étape et le maillot jaune. Qui sait, peut-être est-ce lui, le dernier à devancer Vingegaard au classement général, qui s’imposera comme la principale menace. Cela demande confirmation, mais on ne misera pas trop gros sur un tel scénario à ce stade...

Tadej Pogacar a perdu le sourire facétieux qu'il arborait depuis le début de ce Tour de France. Ce mercredi, non seulement Jonas Vingegaard lui a collé une minute, mais il n'a même pas survolé les débats par rapport au reste de la concurrence. Impuissant, "Pogi" s'est retrouvé au cœur du groupe des favoris – des battus, en l'occurrence – à tenter de limiter la casse, comme un "simple" leader parmi les autres, loin, très loin, du tenant du titre.

Le moment où Jonas Vingegaard déploie ses ailes dans Marie Blanque et où Tadej Pogacar se tasse sur sa machine. L'image du jour, assurément. L'image du Tour, peut-être.

Voir un candidat au podium, voire à la victoire finale, se montrer opportuniste comme Jai Hindley. Le lauréat du Giro 2022 a profité d'un début d'étape débridé pour se glisser à l'avant. Il a réalisé une manœuvre souvent réservée aux outsiders, qui ont déjà perdu un peu de temps. Lui, était toujours dans le coup ce mercredi matin. Il est plus que ça ce soir : en jaune et bouquet en poche. Chapeau.

La performance de David Gaudu. Après son Dauphiné décevant, le grimpeur de Groupama-FDJ rassure depuis les "France". Le premier rendez-vous en altitude de ce Tour laisse à penser qu'il est prêt à lutter pour faire mieux que l'an passé (4e). Il a cédé quand il ne restait plus que quatre hommes dans le groupe des ténors. Le voici 10e du général, à seulement 16" de Pogacar (6e) et 53" du podium.

Sepp Kuss, parfait dans son rôle de lieutenant, quand la montagne pointe le bout de son nez. La régularité ? Ce n'est pas son truc. Mais pour être un grimpeur d'exception le temps d'une étape charnière pour son chef de file, vous pouvez compter sur lui.

Cette première journée pyrénéenne n’a pas souri à Mikel Landa. L’Espagnol de la Bahrain-Victorious a terminé à près de 3 minutes de Jai Hindley, dans un groupe de leaders battus où figuraient également Guillaume Martin ou Louis Meintjes. Il rétrograde déjà au classement général (14e), même s’il n’y a encore rien de catastrophique.

Que Victor Lafay termine dans le gruppetto lors de cette 5e étape. On se prenait à rêver de le voir dans l'échappée, en quête d'un maillot jaune que Cédric Vasseur avait susurré comme objectif, rigolard. Mais le puncheur de Cofidis ne nourrissait pas de sérieuse ambition au général et sa 119e place du jour n'est pas un drame.

"J’aurais bien aimé essayer de gagner l’étape mais dans la dernière ascension ça a été trop difficile pour moi. C’est de toute façon une bonne opération pour l’équipe avec une minute de gagnée sur Tadej Pogacar, on ne s’attendait pas à faire aussi bien. Je suis content d’avoir pu l’aider et manifestement, Jonas a de très bonnes jambes."

Jai Hindley ne gagne pas souvent mais quand il s’y met, il ne fait pas semblant. Le leader de l’équipe Bora – Hansgrohe a décroché son premier succès depuis… sa victoire finale sur le Tour d’Italie, en mai 2022. C’est également sur ce Giro que l’Australien avait levé les bras pour la dernière fois, au Blockhaus, lors de la 9e étape.

Il n’est pas déjà plié ce Tour, hein ? Rassurez-nous.

Où, quand et comment Wout van Aert va pouvoir gagner une étape sur ce Tour ? Etapes vallonnées, au sprint et désormais en montagne… Le Belge a tenté le coup sur ces trois terrains distincts, mais il n’y arrive pas.

Felix Gall maillot à pois à Paris, c’est crédible ? Il a une vraie tête de candidat en tout cas. Attention à l’Autrichien.

Et si Pogacar avait un vrai concurrent pour le... maillot blanc. #Skjelmose

La réponse à la question de mardi était : André Darrigade. Le lévrier des Landes a levé les bras à 22 reprises sur les routes du Tour de France.

La question de ce mercredi : Quel coureur français est passé en première position au sommet du Tourmalet lors du dernier passage de la Grande Boucle en 2021 ?