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Tour de France 2023 - Jonas Vingegaard, le sacre des certitudes

Laurent Vergne

Mis à jour 23/07/2023 à 22:36 GMT+2

Rien ni personne ne pouvait perturber Jonas Vingegaard cette année. Après son premier sacre en 2022, il a fait preuve d'une autorité constante, même quand Tadej Pogacar le menaçait. Le leader de la Jumbo - Visma a suivi son plan au millimètre, convaincu qu'il était de parvenir à ses fins sur la durée. A défaut de fantaisie, le méthodique scandinave trace son chemin avec une confiance absolue.

Tonne d'attaques, suspense haletant… puis piétiné : c'était Vingegaard vs Pogacar, édition 2023

La voix est toujours posée. Le regard impassible. Les mots choisis. Un Tour de France, c'est une petite vie. En trois semaines, on en vit, des choses. On en dit, aussi. Il est assez fascinant de réécouter les paroles délivrées au fil des jours par Jonas Vingegaard depuis la fin du mois de juin, quand il s'est présenté au Pays basque. Ce qu'il en ressort aujourd'hui alors que le Tour s'achève ? Que le Danois a traversé ce Tour 2023 comme s'il l'avait déjà couru. Comme s'il savait où, quand, comment et pourquoi il allait le gagner. Derrière la façade timide, l'homme est plein de certitudes.
Il n'a pas toujours été comme ça et lui-même s'étonne de son évolution sur ce point depuis l'été 2021, celui de son explosion sur la Grande Boucle, lorsque l'abandon précoce de Primoz Roglic l'avait propulsé sur le devant de la scène. "Il y a deux ans, c'était mon premier Tour et je commençais tout juste à obtenir des résultats, a-t-il rappelé samedi soir. Ce n'est pas que je n'étais pas un bon coureur avant, mais je n'étais pas capable de supporter la pression, surtout celle que je me mettais moi-même. J'ai appris ça petit à petit. Et je suis devenu de plus en plus confiant."
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Vingegaard : "Pogacar est le meilleur coureur du monde"

Il avait tout prévu

Cela s'est senti en ce mois de juillet, où il a été soumis à une pression inédite. Parce qu'il était pour la première fois le vainqueur sortant. Parce qu'il était clairement le favori, surtout après la préparation tronquée de Tadej Pogacar. Et parce qu'il a dû subir la menace du Slovène pendant près de deux semaines, avec un maillot jaune qui ne tenait qu'à un ou deux fils, sa marge oscillant entre 9 et 25 secondes. Mais il a tenu bon, ancré qu'il était sur ses certitudes.
Jonas Vingegaard est arrivé avec un plan en tête et rien ni personne n'a pu l'en faire dévier. Le leader de la Jumbo - Visma avait décidé de faire tapis sur la troisième semaine, là où il était convaincu d'avoir la meilleure main par rapport à Pogacar. Dans sa tête, tout allait se jouer sur le contre-la-montre au lendemain de la dernière journée de repos puis le lendemain sur les pentes du col de la Loze. Sûr de son fait, il a écrasé le chrono et Pogacar avec, avant que son adversaire, rincé physiquement et moralement, ne s'écroule vers Courchevel. Comme il l'avait prévu.
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Vingegaard vs Pogacar : comment le Danois a survolé ce duel

Même quand les deux hommes se tenaient en quelques secondes, qu'on lui rappelait l'importance des bonifications dans un duel aussi serré, le maillot jaune n'a jamais dévié de son discours. "Je ne crois pas que ce Tour se jouera sur une bonification ou même à quelques secondes, martelait-il encore le week-end dernier. Un moment où un autre, les écarts se feront et ce sera peut-être en minutes." Visionnaire, même si l'intéressé ne s'attendait pas à finir avec sept minutes trente de marge sur les Champs. Il n'avait pas prévu que Pogacar céderait dans de telles proportions mais, pour le reste, il avait tout prévu.
Cette seconde victoire consécutive est aussi le fruit du travail de sape de son équipe, dont on a beaucoup dit qu'elle était pourtant moins forte que l'an passé, ce qui était sans doute vrai. "Soyons clairs, rappelait jeudi le directeur sportif de la Jumbo, Merijn Zeeman. Une équipe avec Primoz Roglic sera toujours plus forte qu'une équipe sans Primoz Roglic. Mais Primoz a fait le Giro, qui est une course fantastique et il n'aurait pas été raisonnable de doubler avec le Tour."
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"La performance de Vingegaard sur le chrono est irrationnelle"

On a mis tout le monde dans le rouge et Jonas les a terminés
Ajoutez à cela un Wout van Aert un brin moins impérial que l'année dernière et le combat collectif entre Jumbo et UAE s'est en effet équilibré. Mais une chose ne change pas : la capacité de la formation néerlandaise à jouer les rouleaux-compresseurs, notamment en montagne. Le travail des Van Baarle, Benoot ou Laporte reste exceptionnel. Van Aert n'a pas donné sa part aux chiens non plus et Sepp Kuss, s'il a décliné sur la fin sous l'enchaînement des chutes, a plus que jamais impressionné en altitude.
Jonas Vingegaard l'assure, là aussi, le plan avait été minutieusement préparé. Il n'en révèlera rien. "Si nous expliquons maintenant comment nous avons fait craquer Tadej, il saura quoi faire la prochaine fois pour éviter cela", a-t-il souri samedi. Son coéquipier Wilco Keldermann s'est montré moins cachotier et plus direct : "Le but, c'était de rouler le plus vite possible dans les ascensions. On a mis tout le monde dans le rouge, y compris Pogacar, et Jonas les a terminés."
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L'hymne danois en l'honneur de Vingegaard

Quand il y a encore quelques jours, certains suggéraient l'hypothèse d'une lutte finale au Markstein voire, pourquoi pas, sur les Champs-Elysées, Vingegaard répondait sans sourciller : "La science-fiction ne m'intéresse pas." Pardon, Jonas. Son truc, c'est la victoire. Le cyclisme qui gagne.
Sa froideur apparente, presque mécanique, ne fait pas l'unanimité dans le milieu. Certains voient de l'arrogance chez lui. D'autres de la timidité, à l'image de Romain Bardet qui se "retrouve dans la personnalité de Vingegaard, quelqu'un de discret, modeste aussi."
Il n'a ni le romantisme de Pinot ni le charisme de Pogacar, il ne suscite ni l'enthousiasme ni la passion et, à bien des égards, personne ne sait qui il est réellement. Mais dimanche, sur les Champs, c'est lui qui avait le maillot jaune. Comme il l'avait prévu il y a trois semaines. Le reste, les réserves, les commentaires, il vous les laisse.
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Le discours de Vingegaard : "Je n'aurais jamais pu faire ça sans mon équipe"

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