Tour de France 2023 - Le bilan de la 10e étape Vulcania - Issoire : Pello Bilbao au nom de Gino Mäder

Dans une carrière, certains jours comptent plus que d'autres. Pour Pello Bilbao, cette 10e étape du Tour de France 2023 restera à part. Pour plusieurs raisons. A 33 ans, c'est la toute première victoire du Basque sur la Grande Boucle qui, il est vrai, a dû attendre 2019 pour y effectuer ses premiers pas. Après 14 années de professionnalisme, c'est son plus beau fait d'armes, même s'il avait claqué deux étapes sur le Giro il y a quatre ans.

Petite cerise sur le gâteau, il effectue une jolie remontée au classement général en se hissant dans le Top 5. Il n'est pas hautement probable qu'il puisse s'y maintenir jusqu'à Paris mais en attendant, il y est, et quoi qu'il arrive, il restera sa victoire. Lui qui rêvait de s'imposer le premier week-end, chez lui, au Pays basque, à... Bilbao ou Saint-Sébastien, a donc triomphé au cœur du Massif central. Jusqu'à aujourd'hui, c'était sans doute moins évocateur pour lui. Jusqu'à aujourd'hui...

Mais il y a mieux. Plus important, disons. Toute la journée, Pello Bilbao avoue avoir été porté par une force particulière, celle de Gino Mäder. Il y a un mois, les deux hommes étaient coéquipiers au sein de la Bahrain Victorious. Puis le coureur helvète a trouvé la mort lors du Tour de Suisse. Un trauma pour tout le peloton, mais plus encore pour les membres de son équipe. Cette victoire à Issoire, le Basque voulait à tout prix aller la chercher pour honorer la mémoire de Mäder.

Il se l'était promis dès le Grand départ voilà dix jours. "Cette victoire est pour Gino. Je voulais faire quelque chose pour lui dans ce Tour", a-t-il dit mardi. C'est fait. Il va même un peu plus loin : suivant l'exemple de Gino Mäder qui avait pris cette initiative au Tour d'Espagne en 2021, Pello reverse un euro à une association environnementale pour chaque coureur terminant derrière lui à chaque étape. Mardi, c'est donc un vrai jackpot. Sur tous les plans.

Il était sans doute le plus fort mardi dans l'échappée, mais ça n'a pas suffi. Pello Bilbao a d'ailleurs admis la supériorité du Letton. Quand ce dernier est parti dans la dernière ascension, la côte de la Chappelle-Marcousse (3e étape du jour) pour virer au sommet avec une quarantaine de secondes d'avance, il a sans doute cru avoir fait le plus dur.

Mais le coureur de l'équipe Israel – Premier Tech a payé à la fois ses lacunes en descente et la somme des efforts déployés. Reste que se faire reprendre à environ 3 kilomètres de l'arrivée après avoir tant donné et avec de telles jambes, c'est rude. Neilands gagne peu. Très peu. Sa dernière victoire remonte à 2019. C'était une occasion en or pour lui à Issoire.

Ce départ de dingue. Complètement dingue. Pendant plus d'une heure, il y en a eu partout et dans tous les sens. Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar dans l'échappée ? Check. 6 des 10 premiers du général devant ? Check. Tout a fini par rentrer dans l'ordre mais ce fut long. Et c'était bon.

Le cœur de Julian Alaphilippe. Le double champion du monde était le favori de cette étape pour beaucoup et au vu du tracé, ce n'était pas absurde. Encore fallait-il prendre l'échappée. Alaf' l'a fait, il s'est arraché pour la rejoindre et s'est dépouillé jusqu'au bout. L'envie est là. Malheureusement, les jambes ne sont pas au diapason. Mais il n'y a rien à lui reprocher au vu de ses moyens actuels. "Je n'ai aucun regret, j'ai tout donné", a-t-il d'ailleurs confié à l'arrivée, où il est apparu lessivé.

Voir Romain Bardet et David Gaudu à ce point en difficulté en début d'étape. Le premier avait pourtant attaqué mais une fois de retour dans le peloton, il a connu un énorme coup de buis dans un 3e catégorie. Le Breton de la Groupama-FDJ s'est retrouvé dans la même galère, et s'ils ont fini par opérer la jonction avec le groupe maillot jaune après une longue chasse, ce n'est vraiment pas rassurant pour la fin de semaine qui sera terrible avec le Grand Colombier vendredi puis l'entrée dans les Alpes.

Sur France Télévisions : "J'ai eu un coup de chaud. Les lendemains de repos, ça peut ne pas pardonner. Je ne suis pas un grand fan des journées de repos, je ne suis pas un grand fan de la chaleur non plus."

C'est la fin de la disette pour le cyclisme espagnol, qui attendait une victoire sur le Tour de France depuis le 21 juillet… 2018 et le succès de Omar Fraile à Mende devant Julian Alaphilippe. Une attente à trois chiffres puisque 100 étapes, tout rond, ont été disputées jusqu'à ce mardi et la victoire de Pello Bilbao à Issoire.

Tout le monde va se coucher tôt a priori ce soir, non ?

Elle était comment la journée de Caleb Ewan, dont c'était l'anniversaire ? Ce n'était pas un cadeau, en tout cas.

Et demain, ils remettent ça ?

La réponse au quiz de dimanche était Adam Yates. En 2016, le coureur d'ORICA-BikeExchange ne pointait qu'à 16 secondes de Chris Froome (Sky) au général avant la première journée de repos. En 2023, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar sont séparés par 17 secondes.

Voici le quiz de ce mardi : Pourquoi l'arrivée de la 11e étape à Moulins est-elle si particulière ?