Tour de France 2023 - Le bilan de la 11e étape : Jasper Philipsen est vraiment intouchable

Et de quatre. Si Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar se tiennent dans un mouchoir de poche, bien au-dessus du reste du monde, Jasper Philipsen, lui, est totalement seul. Le Belge a profité mercredi du cinquième sprint massif pour engranger une quatrième victoire depuis le départ de Bilbao. Seule l'arrivée à Limoges, où il a terminé deuxième derrière Mads Pedersen (et encore, ce n'était pas à proprement parler un sprint massif), a échappé à sa razzia.

Considéré comme le meilleur sprinteur du monde avant ce Tour au vu des derniers mois, la flèche d'Alpecin fait plus que confirmer dans ce Tour 2023. Pourtant, cette fois, son poisson-pilote préféré, Mathieu Van der Poel, n'a pas été en mesure de lui préparer le terrain. Peu importe. Philipsen n'a presque besoin de personne. Il lui manque un vrai rival. Mark Cavendish est out, les autres manquent de constance ou de vitesse. Conséquence, un cavalier seul.

Avec quatre bouquets dans les mains, il approche des hauteurs historiques. Il lui reste a priori trois opportunités de victoire d'ici l'arrivée à Paris. Sur les Champs-Elysées, bien évidemment, ainsi qu'à Bourg-en-Bresse dans huit jours et à Poligny le lendemain, même si le tracé pourrait être propice à une échappée. D'ici là, il devra passer la montagne, mais il n'est pas le sprinteur le plus en danger sur ce terrain.

Quoi qu'il arrive, il restera un des grands personnages de ce Tour de France, mais sa moisson est peut-être loin d'être terminée. Alors, combien ? Cinq ? Six ? Sept étapes ? A six, il égalerait le record personnel de Cavendish en 2009. C'est dans ses cordes. Parce qu'il est si fort, et que les autres sont si loin.

Dylan Groenewegen a peut-être entrevu la victoire pendant quelques secondes mais comme Mark Cavendish à Bordeaux, le Néerlandais a vu un avion le doubler dans les cent derniers mètres. Quatre sprints plats, quatre succès pour Jasper Philipsen, seulement battu par Mads Pedersen à Limoges. Il faudra désormais attendre et atteindre Bourg-en-Bresse, dans huit jours, pour disputer à nouveau un sprint. Mais à quoi bon survivre aux Alpes pour les Groenewegen, Jakobsen et consorts si c'est pour, encore, se faire laminer par Philipsen ?

Nouveauté depuis cette année sur le Tour, la retransmission de certaines discussions entre directeur sportif et coureur amuse, semble-t-il, beaucoup l'équipe de Tadej Pogacar. La preuve avec cette consigne codée chez UAE. Une "private joke" nous a-t-on dit…

Le retour au calme. Au lendemain d'une journée complètement folle menée à un rythme délirant, le peloton est resté très sage mercredi sur la route de Moulins. Certes, le spectacle s'en est ressenti, mais la course a aussi besoin de ce type d'étapes au tempo moins irrationnel que celle de la veille à Issoire. Le Tour, ce n'est pas un jeu vidéo.

Le peloton a-t-il besoin de tuer dans l'œuf tous les espoirs des échappés sur les étapes de plat ? Matis Louvel, Daniel Oss et Andrey Amador n'ont jamais compté plus de trois minutes d'avance vers Moulins…

Jacky Durand en a parlé dans sa palette mais cette manie des spectateurs de tendre le bras pour filmer les sprints massifs met en danger les coureurs. Les organisateurs vont sans doute devoir se pencher sur ce problème.

"Mon poignet va mieux. Je ressens la même douleur tous les jours, et après le Tour de France, j'aurai besoin de quelques jours de repos. Mais ça va. Ce sont les routes en mauvais état qui font le plus de mal à mon poignet, et heureusement, presque toutes les routes de France sont belles."

Alors que nous venons de passer le cap de la mi-Tour, le peloton n'a perdu que sept unités jusqu'ici : Enric Mas, Richard Carapaz, Jacopo Guarnieri, Luis Leon Sanchez, Mark Cavendish, Steff Cras et Quinn Simmons. C'est peu (et tant mieux). L'an passé, au soir de la 11e étape, ils étaient 16 à être déjà rentrés à la maison. Soit plus du double. L'absence de grosses chutes collectives dans cette édition 2023 explique en bonne partie la relative faiblesse de la casse sur les routes du Tour.

Combien de sprinteurs seront encore là dans huit jours, quand ils auront à nouveau une nouvelle opportunité au sortir de la longue parenthèse montagneuse qui s'annonce ?

Et sinon, c'est comment d'être sprinteur sur ce Tour et de ne pas s'appeler Philipsen ?

Vingegaard et Pogacar vont s'en remettre une dès jeudi ou vont-ils attendre le Grand Colombier le lendemain ?

La réponse au quiz de mardi : Moulins était la dernière préfecture de l'Hexagone à n'avoir jamais accueilli un départ ou une arrivée d'une étape du Tour de France.

Voici le quiz de ce mercredi : Jasper Philipsen a décroché sa quatrième victoire sur ce Tour 2023. Au cours des dix dernières éditions (2023 inclus), quatre autres coureurs ont remporté autant d'étapes en une seule édition. Qui sont-ils ?

Le sondage du jour