Tour de France 2023 - Le bilan de la 7e étape : Philipsen est au sprint ce que Vingegaard et Pogacar sont au Tour

Nous voilà au tiers de ce Tour de France 2023. La première semaine a confirmé deux pressentiments :

1. Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar sont au-dessus de la mêlée dans la lutte pour le maillot jaune. En deux étapes pyrénéennes, les vainqueurs des trois dernières éditions ont commencé à faire largement le vide derrière eux.

2. Jasper Philipsen est, lui aussi, dans un autre registre, au-dessus du lot. Il est Vingegaard. Ou Pogacar. Au choix. Mais il n'a aucun rival, contrairement aux deux autres.

Vendredi, le Belge a mis à profit le troisième sprint massif pour signer sa troisième victoire en seulement sept étapes. Le voilà sur des bases du Cavendish de la grande époque, celui qui tournait à 5 victoires par Tour en moyenne lors de ses quatre premières participations. Le vieux lion de l'île de Man a cru rugir une 35e fois vendredi à Bordeaux, mais il n'a pu tenir la distance.

Ce Tour de France est celui de la confirmation pour Jasper Philipsen. L'an passé, en deux sprints et deux dimanches, à Carcassonne puis sur les Champs, il avait mis à la poubelle son étiquette de gaffeur et son statut de "Jasper disaster". Ces deux arrivées furent les deux dernières du Tour 2022. D'un mois de juillet à l'autre, la flèche de chez Alpecin a donc désormais dominé les cinq derniers sprints dignes de ce nom sur la Grande Boucle.

C'est la première fois depuis Freddy Maertens en 1976 qu'un coureur belge claque trois victoires sur les sept premiers jours d'un Tour de France. Déprimant pour la concurrence, d'autant qu'il n'y a pas vraiment de raisons de penser qu'il va s'arrêter en si bon chemin. Seul problème pour lui, il n'y aura pas une quantité délirante de sprints d'ici la fin de ce Tour. Moulins. Bourg-en-Bresse. Les Champs-Elysées. Pour le reste, ce sera soit impossible soit compliqué. Philipsen va donc devoir continuer son sans faute pour atteindre un score à la Cavendish. Mais rien ne semble trop grand pour ce glouton.

Glisser le nom de Mark Cavendish dans cette rubrique eut été sévère. Le "Man of Man" a réussi son meilleur sprint et a tenté de surprendre. Ça n'a pas marché mais à nos yeux, Fabio Jakobsen (Soudal-Quick Step) est un bien plus grand perdant ce vendredi à Bordeaux. Quinzième, le Néerlandais n'a même pas pu défendre ses chances. A vrai dire, il est la déception de la première semaine et on se demande où il va pouvoir s'imposer alors que lui, contrairement à d'autres, grille de précieuses cartouches en montagne.

C'était la "pause" des braves au départ de la 7e étape à Mont-de-Marsan entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar. Les deux ont échangé quelques mots avant de se relancer dans la grande bagarre dimanche sur le Puy de Dôme.

Sur cette journée comme depuis le début du Tour, l'absence de grosses chutes collectives. Pas de strike. Pas de carnage. Et tant mieux. Que ce soit dans les emballages massifs de fin d'étape ou plus loin de la ligne, c'est pour l'instant une édition très sage. Qu'elles que soient les raisons, cela fait du bien de ne pas voir ces images. Pourvu que ça dure.

Ce n'est certes pas le Mathieu Van der Poel le plus dominateur que l'on ait pu voir sur le Tour, mais le travail abattu par le petit-fils de Raymond Poulidor dans les sprints pour Jasper Philipsen est absolument colossal. Il a encore été parfait vendredi à Bordeaux dans ce rôle de poisson-pilote. Il mériterait bien d'être récompensé par une victoire.

Cette arrivée à Bordeaux. Il n'y a pas eu de chute ni de casse et tant mieux, mais à voir l'étroitesse de la chaussée dans les derniers hectomètres, il y avait de quoi avoir quelques sueurs froides. Etonnant tracé final dans les rues de la capitale girondine.

Bien sûr, sur une étape comme celle du jour entre Mont-de-Marsan et Bordeaux n'est pas vouée à être remportée par un coureur échappé. Et alors ? Méritait-elle pour autant que trois coureurs, Jonas Abrahamsen (Uno-X), Nelson Oliveira (Movistar) puis Mathieu Burgaudeau (TotalEnergies) se relèvent après être sortis du peloton ?

"Il faisait très chaud, toute la journée j'ai eu un peu de glace sur le cou. J'adore la chaleur, l'an dernier toutes mes meilleures journées étaient des journées de forte chaleur. J'espère qu'il continuera de faire chaud pour le reste du Tour de France. J'étais surpris de mes jambes aujourd'hui, je me sens mieux d'étape en étape en fait. Je pensais que mes jambes seraient lourdes mais finalement ça allait."

Et vous, vous imaginez un nouveau sprint à Limoges ?

Elle est vraiment si proche que ça la 35e victoire de Mark Cavendish ?

Et la prochaine victoire française, elle est loin, elle ?

La réponse au quiz de jeudi était… Zenon Jaskula. Le Polonais avait pris la 3e place du Tour de France il y a trente ans, en 1993.

Voici la question de vendredi : Quel coureur avait pointé un doigt vers le ciel en s'imposant à Limoges pour sa toute première victoire et en hommage à qui avait-il fait ce geste ?