Tour de France 2024 - 15e étape : Tadej Pogacar écoeure Jonas Vingegaard et frappe un nouveau grand coup

Un coup de marteau. Tadej Pogacar (UAE-Emirates) a assommé le Tour de France 2024 sur les pentes du Plateau de Beille, théâtre de l’arrivée de la 15e étape. Auteur d’une démonstration éclatante, le porteur du maillot jaune a écœuré la concurrence, son grand rival Jonas Vingegaard (Visma | Lease a bike) en tête. Le Danois, double tenant du titre, a pourtant tout tenté, mettant toute sa formation à la planche. Lancé au pied de l’ascension finale après une journée déroulée sur un rythme effréné, Vingegaard a attaqué, comme prévu. Mais il est tombé sur plus fort, bien plus fort. Deuxième à plus d’une minute du maillot jaune, vainqueur au sommet, "Vingo" est désormais repoussé à plus de trois minutes au général. Un ton en dessous, Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) n’a pas existé face aux deux monstres, mais il a consolidé sa place sur le podium, troisième dimanche à près de trois minutes.

Échec et mat. La formule résonne sans doute actuellement sous les casques des UAE-Emirates à l'issue d'une journée achevée en apothéose. Après avoir tordu le collectif de la Visma la veille, les équipiers du maillot jaune ont décidé de rester sur la défensive, laissant le premier coup aux frelons. Habituée à prendre ses responsabilités, la formation néerlandaise a pris les rênes d’un peloton bien décidé à asphyxier les espoirs de victoire des échappés. De Christophe Laporte à Matteo Jorgenson, tous les coureurs ont mis la main à la patte.

Si un groupe de costauds a pu filer dans le Col de Menté (9,3 km à 9,1%), deuxième difficulté sur la route après un départ musclé, la Visma n’a jamais vraiment relâché l’étreinte. Offensif pour la première fois sur le Tour, Lenny Martinez (Groupama-FDJ) n’a pas choisi le bon jour pour s’offrir un long périple à l’avant. Scindé en plusieurs grappes, désorganisé, le groupe de tête a mis du temps avant d’atteindre sa vitesse de croisière, dans la vallée en direction du redoutable Col d’Agnes (10 km à 8,2%). Deux crans plus bas, le collectif des abeilles n’a pas enflammé le macadam, attendant son heure, sur les rampes interminables du Plateau de Beille (15,8 km à 7,9%).

Wilco Kelderman vite émoussé et Jorgenson envoyé au turbin tôt dans l’étape, il était convenu que Vingegaard n’allait pas attendre longtemps avant de déclencher la mutinerie. Souverain placide au coup de pédale léger et fluide, Pogacar n’a rien laissé filtrer, même sous des températures caniculaires (plus de 30 degrés dans la montée finale) qu’il exècre. Alors, quand "Vingo", tout de blanc à pois rouges vêtu, s’est mis en danseuse (à 10 bornes du but), le prodige de Komenda n’a pas bronché, sa roue avant vissé à l'arrière du cadre de son adversaire. Derrière eux, le vide, déjà.

Avalé en l’espace de quelques secondes, Richard Carapaz (EF Education-EasyPost), dernier rescapé de l’échappée, a pu mesurer l’écart qui le séparait de ces deux extraterrestres. Après 300 mètres dans leur roue, l’Equatorien a explosé, terrassé par une allure intenable, collé à un bitume brûlant. Un temps en mesure de limiter l’écart, Remco Evenepoel n’a pas fait illusion longtemps, repoussé loin, très loin des deux comètes. Troisième dimanche (+ 2'51''), le Belge consolide tout de même son podium et sa tunique blanche de meilleur jeune.

Devant, au plus près des étoiles, "Pogi" a cru très fort en la sienne. Le Slovène a traduit le coup d’œil vers l’arrière de son rival comme un appel à l’aide. Carnassier, cannibale, Pogacar n’a pas demandé son reste, enfonçant le clou à 5,4 kilomètres de la ligne. Impuissant, comme sur tous les démarrages du porteur du paletot jaune sur cette Grande Boucle, "Vingo" a tenté de stabiliser l’écart. Mais rapidement, le point de mire jaune poussin s’est effacé au gré des lacets mansardés. Les secondes se sont alors égrenées. 20, 30, 40, 50 secondes. Pour finir sur la ligne avec 1’08’’ de débours sur le vainqueur du jour, victorieux pour la troisième fois sur ce Tour, la 14e fois sur l’épreuve juilletiste. Il reste encore des écueils et un incident de course n’est pas à exclure, mais Pogacar a fait un grand pas vers le doublé Giro-Tour. Et une autre page de sa légende.