Armstrong va devoir bosser

Depuis son retour à la compétition il y a un peu plus d'un an, Lance Armstrong n'a pas signé la moindre victoire. Pour un obsédé de la gagne comme lui, cela doit forcément finir par le travailler. Alors le Texan s'est mis en tête, cette année, d'essayer d'en claquer une petite avant le Tour de France. "C'est vrai, j'aimerais bien gagner quelque-chose avant le Tour et Murcie est une bonne opportunité", avait-il confié en arrivant en Espagne pour sa deuxième sortie de l'année après le Tour Down Under. Perdu, donc.

Armstrong avait sans doute sous-estimé quelque peu le plateau de l'épreuve espagnole, tout de même très relevé avec le tenant du titre Denis Menchov, Bradley Wiggins ou son coéquipier chez Radioshack, Andreas Kloeden. Tout ce joli monde a d'ailleurs fini devant lui, tout comme le Tchèque Frantisek Rabon, vainqueur surprise de ce Tour de Murcie, qu'Armstrong a donc finalement achevé à la 7e place. Pas si mal, après tout. Au cours de son règne sur le Tour de France, de  1999 à 2005, le champion d'Austin n'a jamais été compétitif aussi tôt dans la saison. Son résultat est donc plutôt encourageant. C'est simplement son ambition, la victoire, qui n'était pas en adéquation avec ses moyens du moment.

Deux étapes ont permis à Lance Armstrong de situer exactement où il en était. L'étape de montagne, vendredi, avec un col de première catégorie, et le contre-la-montre tout plat de samedi, sur 22 kilomètres. Dans les deux cas, l'Américain avoue en avoir bavé. "J'ai souffert comme un chien dans le col, avouait-il vendredi après l'arrivée. Mais c'est normal. Je n'ai pas spécialement travaillé les montées et j'ai encore quelques kilos à perdre. Je suis content de finir avec les meilleurs." Armstrong avait effectivement rallié l'arrivée au sein du groupe de tête. Mais 24 heures plus tard, il a dû se contenter de la huitième place dans le contre-la-montre d'Alhama. Et là, ce résultat lui pose davantage de problèmes, car il confirme un déficit récurrent dans cet exercice depuis qu'il est sorti de sa retraite.

C'était notamment (en plus d'une certaine tranquillité) pour pouvoir disputer un long contre-la-montre que n'offrait pas Paris-Nice que Lance Armstrong avait choisi de venir à Murcie plutôt que sur la Course au Soleil. En terminant à la 8e place, à 1'18" de Rabon (et à 45 secondes de Menchov), l'Américain a pu mesurer le chemin qu'il devait encore parcourir. "C'était le premier chrono pour Lance, qui a été bon, mais pas super", juge Johan Bruyneel. Le manager belge, qui connait son Lance par coeur, croit connaitre le problème, et la solution. "C'est une question de condition physique, a confié le boss de Radioshack dans l'émission Planète Armstrong sur Eurosport. Il faut certainement tirer quelques conclusions de cette semaine. Moi, je pense que Lance a besoin de davantage de jours de compétition."

Pour l'heure, Armstrong va partir quelques jours en Afrique du Sud. On le retrouvera ensuIte sur Milan-Sanremo puis en Corse, fin mars, pour disputer le Critérium International. En avril, il devait prendre part à quatre grandes classiques, le Tour des Flandres puis les trois ardennaises (Amstel, Flèche, Liège). Mais cela ne fait que quatre jours de course. Bruyneel en voudrait davantage pour travailler le fond. L.A. pourrait donc sacrifier la Flèche Wallonne pour s'aligner sur une course par étapes. Peut-être entre l'Amstel et la Doyenne. Un rapide coup d'oeil au calendrier permet de voir que la seule épreuve par étapes compatible avec son calendrier à cette période est le Tour du Trentin (23-23 avril). Il pourrait y engranger des kilomètres, et disputer un chrono supplémentaire, puisque le Trentin s'ouvrira, comme en 2009, par une épreuve chronométrée. A suivre, donc. Pour l'heure, rien n'est décidé, mais l'idée fait son chemin. "On va déjà voir comment ça évolue dans les deux prochaines semaines, lâche Bruyneel. Mais on pourrait éventuellement rajouter quelque chose au mois d'avril."