Eurosport
Spartacus voit plus loin
Par
Publié 05/04/2010 à 10:55 GMT+2
Après sa démonstration dans le Tour des Flandres dimanche, Fabian Cancellara a étoffé son palmarès dans les classiques. Il détient désormais trois monuments dans les courses d'un jour et rêve d'étendre encore son répertoire. Il songe maintenant à Liège-Bastogne-Liège et au tour de Lombardie.
2010 Tour des Flandres Fabian Cancellara (Saxo Bank)
Crédit: Reuters
Un ange est passé. Ce Tour des Flandres, Fabian Cancellara l'a offert aux siens. A quelques hectomètres de la ligne d'arrivée, une fois la victoire en poche, Fabian Cancellara a sorti de celle-ci un petit objet avant de le montrer à la camera moto, en prononçant quelques paroles. C'est à son épouse, Stéphanie, qu'il s'adresse. Cet objet, c'est un petit ange. "Avant que je parte de chez moi, elle m'a donné un petit ange qui devait me protéger pendant l'épreuve. J'ai râlé parce qu'il n'y a pas beaucoup de place dans nos poches, mais je l'ai pris quand même", a-t-il raconté à nos confrères De DH.be en descendant du podium.
Il a bien fait, Spartacus. Cela lui a permis d'associer la petite histoire à la grande qu'il était en passe d'écrire. En cet instant de gloire, il lui est apparu naturel d'y associer sa famille. "A quelques kilomètres de l'arrivée, poursuit-il, j'ai repensé à lui. Je me suis dit que je devais faire un geste pour montrer à ma famille que je suis un bon mari et un bon père, alors, j'ai décidé de le sortir devant la caméra. C'est ma manière à moi de leur dire que je les aime." Le geste est tout sauf anodin quand on sait à quel point le champion suisse a besoin de cet équilibre. Il y a un an, quand cet équilibre personnel s'est rompu dans la vie de l'homme, le coureur a vécu la période la plus noire de sa carrière. A nouveau heureux, bien dans sa tête, il a retrouvé tout son allant en ce printemps 2010. Sans doute même n'a-t-il jamais été aussi fort.
"Depuis un petit moment, je me sens vraiment fort"
D'ailleurs, cette victoire dans le Tour des Flandres, c'est peut-être le point culminant de sa carrière. Bien sûr, avec ses trois couronnes mondiales contre la montre, son Paris-Roubaix ou son Milan-Sanremo, pour ne citer que ses principaux succès, il présentait déjà un des plus beaux palmarès du cyclisme moderne. Mais la façon dont il a conquis le Ronde dimanche lui donne une dimension supplémentaire. "Franchement, admet le Bernois, je ne pouvais pas rêver mieux que de gagner le Tour des Flandres en démarrant dans le Mur de Grammont et en lâchant Tom Boonen. Quand je serai vieux, je pourrais dire que j'ai gagné le Ronde en attaquant ici, dans le Mur. Je n'avais pas planifié l'attaque à cet endroit même si c'est un endroit de légende et si c'est là qu'il vaut mieux essayer." A l'image, il n'a même pas donné l'impression d'attaquer à proprement parler. Il n'a pas bougé d'un iota sur sa selle, dans son style caractéristique. "Il démarre souvent assis, rappelle Bjarne Riis, le manager de l'équipe Saxo Bank. Il n'est pas un coureur qui se met beaucoup en danseuse, il a la force pour ça."
Au-delà de sa victoire, c'est donc la manière qui vient de frapper les esprits, surtout ceux de ses adversaires. A commencer par Tom Boonen, son principal rival sur le terrain flandrien. Le champion de Suisse vient de mater deux fois en une semaine son homologue belge, sur ses terres qui plus est, dans le Grand Prix E3 et le Tour des Flandres. Il se verrait bien passer la troisième couche en terrain neutre, dimanche prochain, à Roubaix. "Depuis un petit moment, je me sens vraiment fort, explique-t-il. Quand on se sent à 100%, on est encore plus fort psychologiquement." Même si l'Enfer du Nord recèle davantage d'aléas que le Ronde, le favori pour Paris-Roubaix est tout de même tout désigné.
Mais son horizon s'élargit. Roubaix, d'accord. Reste que Fabian Cancellara a d'autres projets pour l'avenir. Désormais nanti des deux classiques du Nord et le Primavera, il veut marquer l'histoire dans les prochaines années. "Il y a cinq monuments dans le cyclisme (NDLR: il parle évidemment des classiques) et j'en ai gagné trois. Nous ne sommes pas si nombreux. Mais mon rêve, c'est d'avoir les cinq. C'est peut-être illusoire aujourd'hui, mais ce n'est pas impossible." Alors, Cancellara peut-il vraiment gagner Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie? Aujourd'hui, probablement pas. Mais s'il se prépare spécifiquement l'an prochain, en ciblant les Ardennaises, il peut viser la victoire dans la Doyenne. La Lombardie offre le même type de terrain. Sa 5e place l'an dernier aux Mondiaux de Mendrisio, sur un terrain vallonné, a achevé de le décomplexer. Alors, méfiance, car quand Cancellara veut quelque chose, il est difficile de le stopper.
Sur le même sujet
Publicité
Publicité