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Greg Van Avermaet, le second couteau devenu cannibale

Nicolas Buzdugan

Mis à jour 01/04/2017 à 10:53 GMT+2

TOUR DES FLANDRES - Longtemps abonné aux places d'honneur, catalogué comme équipier de luxe, Greg Van Avermaet vit une période faste. Le Belge a empilé les succès et écoeuré ses rivaux sur les premières courses flandriennes. Au point de se présenter comme le grand favori du "Ronde", dimanche. Une trajectoire finalement logique pour un coureur ultra-complet qui a parfois souffert des comparaisons.

Greg Van Avermaet vainqueur du Het Nieuwsblad.

Crédit: AFP

Tout vient à point à qui sait attendre. Voilà ce que doit se dire Greg Van Avermaet depuis quelques jours. A bientôt 32 ans, le coureur belge de la BMC vit une période dorée. Le GVA 2016, porteur du maillot jaune sur le Tour de France et médaillé d'or à Rio, avait marqué les esprits et commencé à se défaire de cette étiquette de perdant magnifique qui lui collait à la peau. Celui de 2017 éclipse, pour l'instant, la concurrence. Une machine à gagner en état de grâce.
Auteur d'un impressionnant triplé Het Nieuwsblad - Grand Prix E3 - Gand-Wevelgem lors du mois de mars, Van Avermaet aborde avril avec gourmandise, après avoir dévoré tous les hors-d'oeuvres flandriens sur la route pavée du 101e "Ronde", qui s'élancera dimanche d'Anvers. "Je ne comprends pas moi-même ce qui arrive, j’ai mis tellement d’années à essayer de gagner ces courses... Et maintenant, ça n’arrête plus", a expliqué Van Avermaet dimanche dernier, à l'issue d'un Gand-Wevelgem remporté de main de maître.
"Des courses après lesquelles j'ai couru pendant dix ans"
Quelques jours auparavant, le Belge avait résisté aux attaques de son illustre compatriote Philippe Gilbert - lui aussi en grande forme en ce début de printemps - dans le final de l'E3, pour s'imposer en patron, d'un demi-boyau. Et sur le Het Nieuwsblad ? Il avait simplement damé le pion à Peter Sagan, dont il est devenu une sorte de bête noire. Qui dit mieux ?
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Van Avermaet a coiffé Gilbert d'un souffle

En une saison, je remporte trois des classiques [semi-classiques pour Het Nieuwsblad et l'E3, NDLR] après lesquelles j’ai couru pendant dix ans. C'est clairement le meilleur début de saison de ma carrière." La suite finalement logique d'une année 2016 déjà couronnée de succès pour le coureur de la BMC. Vainqueur du Het Nieuwsblad - devant Sagan déjà -, du classement général de Tirreno-Adriatico, porteur du maillot jaune pendant trois jours sur le Tour avec un succès d'étape en prime, champion olympique... Plus vraiment le CV d'un second couteau.
Et on n'oubliera pas que, quelques mois plus tôt, en août 2015, Van Avermaet était sans doute passé à côté de sa plus belle victoire, sur la Clasica San Sebastian, en se faisant renverser par une moto alors qu'il menait seul la course à quelques kilomètres du but.

Un coureur tout-terrain dans l'ombre de Boonen et Gilbert

3e mondial au classement UCI (derrière Sagan et Quintana, devant Froome et Valverde), large leader du classement World Tour en ce début d'année, Van Avermaet a définitivement changé de dimension et de casquette en s'offrant les trois premières courses flamandes du calendrier élite. Longtemps cantonné au rôle de coéquipier de luxe ou de leader de rechange, relégué dans l'ombre massive de ses glorieux aînés, Tom Boonen et Philippe Gilbert, pour lesquels il a parfois dû jouer les porteurs d'eau, GVA a fini par s'émanciper.
"J’ai eu tellement de contretemps par le passé, il me manquait toujours un petit quelque chose et aujourd’hui tout me sourit, tout me semble plus facile." Des wagons de podiums (une vingtaine sur des classiques ou semi-classiques depuis 2008 !) et des places d'honneur à la pelle, le coureur de la BMC, qui dispute sa onzième saison chez les pros, a très (trop) souvent joué placé mais pas gagnant.
Avant tout spécialiste des pavés et des classiques du Nord, Van Avermaet peut s'exprimer sur tous les terrains. Excellent puncheur, gros rouleur, bon sprinteur, le Belge n'a pas vraiment de faille dans son jeu. Mais, jusqu'à ce printemps, pas vraiment de domaine non plus où il excellait suffisamment pour dominer la concurrence.

Sagan, comme un miroir

Le déclic, Van Avermaet est peut-être allé le chercher dans ses très nombreuses passes d'armes avec Sagan, l'autre ultra-polyvalent du peloton. Meilleur ennemi et bête noire du double champion du monde, qu'il bat quasi-systématiquement depuis 2015, GVA a sans doute forgé une part de sa force et de sa confiance actuelles dans les très nombreuses joutes qui l'ont opposé à la rockstar du vélo. Les deux hommes, qui ont pris l'habitude de courir ensemble aux avant-postes et de se disputer les bouquets, se connaissent par coeur. Et présente de qualités très similaires.
Et d'ailleurs, comme le Slovaque, GVA ne manque pas de panache et ne se cache pas quand il faut passer des relais dans le final, quitte à tout perdre. "J’aime courir avec lui, ce sont toujours des courses à visière découverte", déclarait Van Avermaet aux médias belges en évoquant la tactique de course après Gand-Wevelgem. Ces deux-là s'avanceront sans doute encore ensemble, dimanche, sur les rampes du Mur de Grammont et du Vieux-Quaremont. A moins que des Gilbert, Kristoff, Boonen, Degenkolb ou Terpstra ne leur jouent de mauvais tours.
Je suis l'homme à battre
Pour la première fois de sa carrière, Van Avermaet - qui vient de réussir un triplé que seul le Néerlandais Jan Raas avait réalisé avant lui, il y a 36 ans - se présentera en grand favori au départ d'un Tour des Flandres. Une course autour de laquelle il tourne depuis plusieurs années (4e, 7e, 2e, 3e entre 2012 et 2015).
Et le Belge, qui rêve maintenant tout haut d'accrocher un premier Monument de printemps à son palmarès, est prêt à assumer ce nouveau costume, avec pancarte dans le dos. "Bien sûr, je suis désormais l’homme à battre au 'Ronde'. Si, après ça [son triplé flandrien, NDLR], je ne dis pas que je suis favori… Sans souci, je serai très près de la victoire. Quick-Step est forte, mais Peter (Sagan) et moi sommes plus forts individuellement. On devra durcir la course le plus vite possible." On peut parier que Van Avermaet tiendra promesse.
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Peter Sagan (Bora), Greg Van Avermaet (BMC)

Crédit: AFP

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