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Peter Sagan, à l'heure du champion ?

Benoît Vittek

Mis à jour 30/03/2018 à 11:00 GMT+2

TOUR DES FLANDRES - De succès en échecs, la carrière du triple champion du monde a épousé une trajectoire de montagnes russes depuis le printemps 2017. Avec le Ronde dimanche, puis Paris-Roubaix une semaine plus tard et pourquoi pas l'Amstel, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) peut se réinstaller tout en haut.

Peter Sagan

Crédit: Getty Images

Peter Sagan est une formidable raison d’aimer le cyclisme. Je l’écrivais il y a un an, et il n’y a pas de raison que ce ne soit plus le cas. Omnipotent, drôle et charismatique, le Slovaque reste la plus grande star du peloton, celle qui attire les regards de tous ses rivaux et a atteint le million d’abonnés Instagram en début d’année. Peter Sagan est toujours une formidable raison d’aimer le cyclisme. Mais j’aimerais qu’il le montre un peu plus souvent que ces derniers temps.
Qu’a-t-il accompli depuis un an ? Dominé au printemps, exclu sur le Tour, il s’est vengé avec quelques succès à l’automne avant d’agrémenter son CV d’exception d’une nouvelle ligne, unique : son statut de triple champion du monde en titre est inédit dans l’histoire du maillot arc-en-ciel, dont on fêtera dans quelques années le centenaire. Au terme d’une saison plus que mitigée, au bout de 267,5 km qui ne l’ont pas vu bouger une oreille avant le sprint, Sagan a écrit sa première vraie grande page de légende (en attendant, notamment, qu’il s’offre le record de maillots verts sur le Tour).
Depuis, on a encore beaucoup écrit sur le champion fantasque. Tantôt pour ses excentricités. Parfois pour ses succès (une étape au Down Under en janvier, Gand-Wevelgem le week-end dernier). Et régulièrement pour ses prises de position, pas toujours élégantes. Oui, Peter, Michal Kwiatkowski faisait un superbe vainqueur de Sanremo l’an dernier ; non, on ne peut pas dire qu’Armstrong "reste un des cyclistes qui a fait beaucoup de bien pour le sport”, et ce qui s’est passé "après" son règne de Lance Armstrong n’est pas "une autre affaire".

La victoire l’a (presque) fui, il l’a vite reconquise

Alors, lorsque l’arc-en-ciel s’est retrouvé porté disparu dans l’E3 Harelbeke, à dix jours du Tour des Flandres, on s’est un peu inquiété (pas trop tout de même, Saganator finit toujours par tourner la situation en sa faveur). Sagan a changé ses habitudes cette année, en faisant notamment l’impasse sur le week-end d’ouverture en Belgique pour s’entraîner en altitude et retarder son pic de forme (il lorgne l’Amstel Gold Race). En Italie, il a un peu fait le spectacle sur Tirreno, sans gagner, et a subi sur les Strade Bianche (8e).
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Peter Sagan

Crédit: Getty Images

À Harelbeke, le triple champion du monde restait donc sur deux mois sans victoire, avec douze jours de course sur cette période. Selon les compteurs de Procyclingstats, il décroche en moyenne un bouquet tous les six jours de course depuis le début de sa carrière, un tous les cinq jours depuis qu’il est devenu champion du monde pour la première fois, à Richmond en 2015. En 2018, le compte n’y est pas.
Bien sûr, c’est toujours mieux de gagner que de perdre”, a-t-il lâché après avoir fait taire les critiques sur Gand-Wevelgem. Après une édition plus “facile” qu’à l’accoutumée, Sagan laissait cependant entendre que rien n’avait changé entre le jeudi où il avait lâché trois minutes à Nikki Terpstra et le dimanche où il avait réglé tout le monde au sprint. Il est plus à l’aise sur Gand-Wevelgem, explique-t-il, les jambes n’étaient pas bonnes à l’E3 et “ils ont voulu jouer avec moi”.
Il s’avère que souvent, en course, je m’ennuie
C’est l’une des idées que Sagan défend le plus vigoureusement lors d’échanges avec la presse par ailleurs relativement creux : en course, il est seul contre tous, et ça a tendance à le fatiguer. À défaut de gagner lui même, il peut bien choisir à qui la victoire reviendra, assure-t-il régulièrement. Sur la Primavera, on ne l’a pas vu faire le forcing derrière Vincenzo Nibali, un proche au sein du peloton. Mais l’heure est bien venue pour Sagan de gagner - même si son rival numéro 1 Van Avermaet annonce déjà que dimanche, pour le Tour des Flandres, ce sera “Sagan contre tous les autres”.
On pourrait l’imaginer dévisser face aux contrariétés. On aurait tort. Sagan, s’il n’exploite pas toujours le meilleur de ses capacités physiques, a de l’expérience (il en est à son 9e printemps sur les classiques, après avoir découvert Paris-Roubaix en 2010 !) et une force mentale qui n’est plus à prouver. Sur le Ronde, il ne tombera pas tous les ans sur un Philippe Gilbert dans l’état de grâce qui le portait au printemps 2017. Et il ne tombera pas toujours dans le final de la course, en courant trop près des barrières comme l’an dernier.
Si on veut jouer avec moi, je suis capable de m'amuser encore plus”, a-t-il répondu à ses rivaux dimanche dernier. À la fin de la semaine, lui rigolait tandis que la frustration d’Elia Viviani explosait en sanglots. Cette semaine, Peter Sagan viendra-t-il magnifier le Ronde, seul Monument à son palmarès ? À moins que le feu d’artifice ne vienne à Roubaix, où il fut également malheureux l’an dernier. “Il se trouve que souvent, en course, je m'ennuie”, expliquait-il récemment à L’Équipe Magazine. "Sauf pendant le Tour des Flandres et sur Paris-Roubaix, où il peut se passer quelque chose à tout moment." À lui de jouer !
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Peter Sagan

Crédit: Getty Images

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