Gilbert en grimpeur

Le Belge Philippe Gilbert a cumulé les heureuses surprises, en ce dimanche 1er mai, à l'arrivée de la 31e édition du Trophée des Grimpeurs avec une victoire, détaché, une prise de commandement de la Coupe de France et, surtout, une sélection pour le Tour de France.

Voilà bien un curieux destin pour l'un des coureurs les plus doués de sa génération (22 ans) qui, au départ à Argenteuil de l'ex "Polymultipliée", déclarait ne "pas être en condition", état qui lui valait d'être tenu à l'écart de La Française des Jeux pour le prochain Tour d'Italie.

Mais le vainqueur de Paris-Corrèze 2004 s'est subitement senti bien, après un coup de fatigue dû à deux problèmes viraux et un accident de la circulation lui ayant entaillé, contre le pare-brise, une partie du menton (deux points de suture) et d'une oreille.

Bien lancé par Frédéric Bichot puis Christophe Mengin au sein d'une formation au trèfle à quatre feuilles dominatrice sous une forte chaleur (30°C), le Wallon s'est détaché à quatre tours (des 16) de l'arrivée, jugée à Sannois (Val d'Oise), pour s'imposer avec 52 secondes d'avance sur un revenant, Yoann Le Boulanger. Ce dernier effectuait en effet un retour remarqué après une fracture de la rotule l'an dernier.

Au terme de 137,3 km bouclés à la moyenne de 41,796 km/h, Gilbert a donc signé le 8e succès de son équipe cette année, son 3e personnel, pris la tête du classement national (après neuf manches) grâce à ses lauriers de début de saison dans le Tour du Haut Var, et gagné, deux mois à l'avance, son billet pour le Tour de France, si l'on en croyait, en tous les cas, les déclarations de Marc Madiot.

Ayant appris peu avant la course sa non sélection pour le Giro, Gilbert, 6e de Milan San Remo, a entendu avec délectation son directeur sportif (ancien vainqueur de ce traditionnel rendez-vous en 1984 et 1992) lui offrir un sésame pour la Grande Boucle. "Quand on nous propose la première course du monde au lieu de la deuxième, note-t-il, comment pourrait-on être déçu?"

Gilbert a ainsi ressuscité le jour où le lauréat de l'an dernier, Christophe Moreau, ne s'est jamais senti à l'aise, comme en témoigne son abandon, et où les Bouygues Telecom, ont été largement dominés, à l'image des 23 et 24es places acquises par le double ancien vainqueur Didier Rous et Jérôme Pineau, loin, à 5 minutes 13.