Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

André-Pierre Gignac (Tigres) va t-il se lasser du Mexique ?

Thomas Goubin

Publié 27/04/2017 à 12:36 GMT+2

Mercredi soir, André-Pierre Gignac perdu la finale de la Ligue des champions de la Concacaf, qui opposait Tigres à Pachuca. Pour le moment, la saison de l'attaquant, qui a disparu des listes de Didier Deschamps, sonne creux. Suffisamment pour envisager un départ ?

André-Pierre Gignac

Crédit: AFP

Cette fois, ce n'est pas le poteau, mais le drapeau d'un arbitre assistant qui a privé André-Pierre Gignac de donner une grande joie aux siens dans les arrêts de jeu. Réduit à dix, Tigres était mené sur le terrain de Pachuca (0-1), quand le Français a pensé arracher la prolongation quand il trouvait le filet opposé d'un plat du pied parfaitement ajusté à la 92e minute. Une joie de courte durée. But annulé et échec consommé pour Tigres, qui avait fait de la Ligue des champions de la CONCACAF, compétition qui donne un billet pour le Mondial des clubs, son objectif prioritaire.
Rassasiés nationalement, après avoir remporté deux titres de champions du Mexique sur les trois derniers tournois disputés, avec Gignac en fer de lance, les ambitieux félins voulaient se mesurer au gratin mondial. Tenus en échec à l'aller (1-1), ils ont été défaits au retour, par Pachuca (1-0). Pour Tigres et APG, il n'y aura pas de voyage à Dubai, là où se disputera le Mondial des clubs, en décembre, ni d'éventuelle rencontre de prestige face au futur champion d'Europe.
L'an dernier, Tigres avait déjà échoué en finale de la Ligue des champions de la CONCACAF. C'était face à l'América (Mexico). Mais l'an dernier, André-Pierre Gignac se trouvait au cœur d'une nouvelle saison faste, ponctuée de treize buts en dix-huit matches, et récompensée d'un appel pour jouer l'Euro. Cette année, l'ex-Marseillais ne peut revendiquer de tels états de service. Après quinze journées du tournoi de fermeture 2017 de la LigaMX (championnat mexicain), il n'a inscrit que cinq buts. Un bilan similaire à celui de son tournoi d'ouverture 2016, où il avait aussi fait trembler les filets à cinq reprises lors de la saison régulière (dix-sept journées).
J'ai rêvé que le ballon entrait, que nous fêtions la victoire tous ensemble...
Depuis l'Euro, Gignac marque le pas, et ce n'est peut-être pas sans lien, comme il l'a confié à la version mexicaine de Life and Style, qui a publié, mardi, sa première interview donnée à un media local. "Je n'ai pas dormi pendant une semaine, a-t-il assuré. J'ai rêvé que le ballon entrait, que nous fêtions la victoire tous ensemble... ce fut très difficile. J'ai passé quelques mois compliqués. Mais je ne voulais pas être le héros, je voulais simplement apporter un grand bonheur à mes coéquipiers. Je me les suis imaginé courir après moi à la 92e minute..."
Appelé par Didier Deschamps dans la foulée de l'Euro, André-Pierre Gignac n'a plus mis les pieds en Equipe de France depuis le match face au Pays-Bas en octobre dernier. Loin de s'en formaliser, l'avant-centre de 31 ans assure même avoir déjà fait un trait sur son histoire en sélection. "J'ai fait mon temps, a-t-il ainsi déclaré à Life and Style, avec les jeunes qui sont arrivés, je crois que les Bleus sont bien armés".
picture

André-Pierre Gignac (France) face à l'Albanie

Crédit: Panoramic

Cette deuxième défaite de rang en finale de la Ligue des champions de la Concacaf est un coup dur pour les Tigres de Gignac. Car une participation au Mondial des clubs aurait indéniablement pimenté le deuxième semestre du club de Monterrey, qui n'a jamais participé à cette compétition. Tigres continue bien de renforcer son équipe -l'international chilien, Edu Vargas, et le Péruvien Luis Advincula, ont débarqué cet hiver- mais la machine s'est enrayée.
Le premier semestre 2017 du club auriazul pourrait ainsi tourner court. Actuellement neuvième du classement, il ne reste que deux journées à Tigres pour arracher sa qualification pour la Liguilla, ces playoffs qui concluent chaque tournoi et concernent les huit premiers de la saison régulière (dix-sept journées). Gignac, qui assure avoir eu "un coup de foudre" pour le Mexique, ne pourrait-il pas finir par avoir le mal du pays, si les résultats ne sont plus au rendez-vous ?
Ici, c'est le paradis
Dans son interview à Life and Style, APG a revendiqué un attachement qui va bien au-delà des réalités du terrain. "J'ai remarqué que la culture mexicaine est similaire à la gitane, familiale, cela a facilité mon adaptation, a-t-il considéré, comme le fait que ma mère et ma grand-mère parlaient un peu espagnol". Un peu moins affûté que lors de son arrivée au Mexique, APG assure également avoir été séduit par la gastronomie locale, notamment par la qualité de la viande. "Ici, c'est le paradis (…), assure l'ex-Marseillais, j'adore organisé des asados (barbecues) avec mes coéquipiers".
Adulé à Monterrey, apprécié dans tout le pays, Gignac, qui assure pensé jouer encore cinq ans, se verrait bien prendre racines au pays d'Hugo Sanchez. "Nous nous sentons bien à Monterrey. Pourquoi ne pas terminer ma carrière au Mexique ? Il faudra évidemment parler avec les dirigeants (de Tigres), mais je suis un joueur fidèle au maillot", a assuré le joueur le mieux payé de LigaMX, qui a signé, en 2015, un contrat de trois ans et demi. Depuis son arrivée au Mexique, Gignac a, en tout cas, déjà rejeté des offres chinoises, et a assuré ne pas être tenté par un rebond en MLS.
Mais pourrait-il toutefois rester insensible à une approche de son cher Olympique de Marseille, décidé à mener une campagne de recrutement ambitieuse ? Ou pourquoi pas de Lille, où il pourrait retrouver Marcelo Bielsa ? "C'est quelqu'un d'incroyable, estime Gignac, à propos d'EL Loco. C'est Monsieur football (…). C'est le meilleur, même si c'est difficile parce que tous les jours il te montre une vidéo, tous les jours les entraînements durent deux heures, et tous les jours il y a une causerie. Mais quand tu vois le résultat à la fin de la semaine, le lundi t'es content de revenir à l'entraînement." Gignac apprécie toutefois aussi de travailler avec Ricardo "El Tuca" Ferretti, coach brésilien aux commandes des Tigres depuis 2010. "Il a tout affiné et m'a donné encore davantage de discipline", considère APG.

Six finales jouées depuis 2015 : 2 titres obtenus

Au final, Gignac ne se serait-il pas trop bien adapté à un football mexicain magnanime, où il s'agit d'arriver à son pic de forme quand les huit premiers de la saison régulière luttent pour le titre ? Lors de la saison dernière (tournoi d'ouverture 2016), après ne pas avoir marqué pendant deux mois, l'avant-centre français s'était ainsi réveillé au moment idoine, lors de la Liguilla, le money time du championnat mexicain. Il avait planté six fois en six matches (des quarts de finale à la finale). Cette saison, sur ces cinq buts, trois ont été inscrits en ce mois d'avril, alors que la Liguilla pointe justement le bout de son nez.
La baisse de régime d'APG depuis l'Euro peut toutefois aussi être mise sur le compte d'un calendrier qui a laissé trop peu de place à la récupération. Depuis qu'il porte le maillot auriazul, APG a ainsi joué six finales : tournoi ouverture 2015 et 2016, Ligue des champions de la Concacaf 2015 et 2016, Copa Libertadores 2015, et Euro. Seules deux semaines ont ainsi séparé son dernier sacre mexicain, lors d'une finale retour à la programmation incongrue, un 25 décembre, et l'entame du tournoi de fermeture 2017. Si Tigres ne se qualifie pas pour la Liguilla pour la première fois depuis l'arrivée de Gignac, le Français pourra enfin s'offrir une véritable inter-saison.
Il peut toutefois craindre qu'un tel échec couplé à la non-qualification pour le Mondial des clubs précipite le départ de pièces essentielles de son équipe, comme l'international argentin, Guido Pizarro, ou l'international mexicain, Jurgen Damm. Gignac ne devrait pas, non plus, manquer de prétendants. Ainsi, s'il n'a pas marqué, mercredi soir, il a confirmé un certain regain en se créant les deux seules réelles occasions des siens, dont une lourde frappe sur la barre.
Surtout, sa carrière n'a pas été économe en contrastes, et il n'est pas exclu que le goleador ait encore une grosse saison dans le réservoir. Alors, malgré l'émergence des Mbappé, Dembelé, et la confirmation Lacazette, APG en a t-il vraiment fini avec les Bleus ? Quand il avait signé aux Tigres, le plus Mexicain des Français avait ainsi déjà assuré ne plus penser à la sélection. Un an plus tard, il s'était trouvé à deux doigts de donner l'Euro à l'Equipe de France...
picture

André-Pierre Gignac sous le maillot des Tigres.

Crédit: AFP

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité