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Hoffenheim - Bayern Munich : le panier percé de Dietmar Hopp

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/03/2013 à 11:00 GMT+1

Relégable avant de recevoir, ce dimanche, le Bayern Munich, le TSG 1899 Hoffenheim du mécène Dietmar Hopp vit une période pleine de contradictions. Sujet à la critique par les héraults de l’économie réelle, le "modèle" Hoffenheim est en danger.

Le "Dorfverein" (club de bouseux) ne fait plus peur ! Qu’il semble loin le temps où Hoffenheim, village de 3300 habitants, attirait les caméras du monde entier et hantait les nuits des Traditionsvereine (les clubs historiques de la Bundesliga). C’était en 2008. Depuis, et sans avoir rien décroché depuis en dehors de places dans le ventre mou, le club du mécène Dietmar Hopp dépense de l’argent en pure perte. Club le plus actif du mercato allemand, Hoffenheim serait content de se maintenir, au matin où il reçoit le Bayern Munich.
Un effectif encore bâti pour une qualification européenne
Cela devient finalement une véritable marque de fabrique. Une patente à déposer au même titre que le Neverkusen du Bayer 04. Chaque année, le TSG nous présente, en début de compétition, une équipe alléchante sur le papier. Et à chaque fois, le bilan est mitigé. Pire, cet exercice pourrait bien voir le club du Rhein-Neckar retrouver la 2Liga. Pourtant le onze de départ du mois d’août dernier avait fière allure : l’ancien numéro deux de la Nationalmannschaft, Tim Wiese, débarquait dans le but. La défense s’articulait autour de Beck, Delpierre, Compper et Johnson, soit deux anciens internationaux allemands, un ancien champion d’Europe espoir en 2009 passé sous pavillon "ricain" et le Français, ancien capitaine de Stuttgart. A la récupération, l’un des piliers chez les U21 germaniques, Rudy, accompagné de l’international bosniaque Salihovic. Les quatre de devants ? Volland et Vukcevic sur les ailes, membres des Espoirs, le grand talent brésilien Firmino, et l’attaquant international suisse Derdiyok en pointe. A ceux-là venaient s’ajouter des routiniers de la Buli (Ochs, Weis), des talents en devenir (Vestergaard, Joselu, Usami, Casteels), sans oublier Williams et Schröck. En résumé, le TSG fait partie des sept, huit Vereine capables de se qualifier pour une compétition européenne. Et en aucun cas un candidat à la relégation.
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2011-2012 Football Bundesliga TSG Hoffenheim Dietmar Hopp

Crédit: dpa

Quel est le projet ?
Sauf que la sauce n’a pas pris en début de saison. Alors le coach, comme toujours, a sauté. Au tour de Markus Babbel de rendre son tablier le 3 décembre 2012. Il aura tenu neuf mois et vingt-deux jours. Avant lui, Holger Stanislawski et son concept "saint paulien" avait duré sept mois et huit jours. La solution interne, Marco Pezzaiuoli, fut encore plus brève : cinq mois et vingt-huit jours. N’oublions pas de mentionner qu’après Babbel, l’intérimaire Frank Kramer fut sur le banc pour deux rencontres et autant de défaites. En ce sens, le club ressemble à beaucoup d’autres.
Le vide laissé par le départ de Ralf Rangnick n’a pas été comblé. Et son fameux 4-3-3 qui irradia de sa beauté le championnat allemand n’existe plus. Carlos Eduardo, Luis Gustavo, Demba Ba, Vedad Ibisevic et consorts ne sont plus là. Certes. Mais c’est oublier que cet Hoffenheim ne s'est pas qualifié, non plus, pour une compétition continentale. Le titre honorifique de champion d’automne pour la première saison en Bundesliga en décembre 2008 ne doit pas cacher la déception d’une septième place en fin d’exercice. Déformation médiatique ! Et les trois suivants n’ont offert, à chaque fois, qu’une peu glorieuse onzième place au classement. Oui, le mécène Dietmar Hopp a souhaité rentabiliser une partie de ces investissements affaiblissant le niveau moyen de l’équipe. Oui, des transferts n’ont pas eu le résultat escompté (Babel, Braafheid) ou des espoirs n’ont pas confirmé (Mlapa, Obasi voire Sigurdsson). Mais il reste surtout à comprendre la ligne directrice du TSG 1899 Hoffenheim. Et là…
Plus de 13 millions d’euros investis lors du mercato hivernal
Construit à coup de millions d’euros ces dernières années, recrutant les supposés grands talents de demain, choquant au passage beaucoup de responsables en Allemagne par les sommes dépensées, le mécène avait ordonné un changement de cap, désirant se vassaliser en obtenant, par exemple, des jeunes professionnels en prêt. Hopp ne se retirait pas mais voulait réduire la voilure. Si deux transferts marquèrent par leurs montants la période estivale (6 millions pour l’Espagnol Joselu et 5,5 pour le Suisse Derdiyok), tout fut largement financé par les départs (10 millions d’euros pour Sigurdsson, 4 pour Obasi, 2.5 pour Mlapa et 2 pour Vorsah). "Hoppenheim" se mettait en conformité avec les directives du fairplay financier de l’UEFA. Sauf que la purge n’a pas duré longtemps.
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Joselu trifft für 1899 Hoffenheim

Crédit: SID

Une cascade de pépins allait en effet poursuivre le TSG durant le Hinrunde (matches aller). Le plus grave étant l’accident de voiture du grand espoir allemand Vukcevic survenu fin septembre 2012. Placé dans un coma artificiel, il tente aujourd’hui de réapprendre à vivre. Côté sportif, les prestations de Tim Wiese ont été catastrophiques. Alors on l’a remplacé puis écarté. La défense a pris l’eau et "Hoffe" s’est retrouvé comme le club ayant encaissé le plus de buts en Bundesliga. Le leader Salihovic se blessait avant d’être lourdement suspendu. Rebelote lors du Rückrunde (matches retour) et rechute du Bosniaque, tout comme son compère à la récupération Rudy. Devant, Derdiyok est méconnaissable, Joselu à peine meilleur et Firmino n’a pas la carrure nécessaire, à 21 ans, pour prendre des responsabilités. Pire, Compper, ne se sentant pas capable de lutter avec ses coéquipiers contre la relégation, a fui en Italie en janvier. Dans ce torrent de mauvaises nouvelles, seul Volland (4 goals, 9 assists) tire son épingle du jeu.
Au grand maux les grands remèdes ! Finies les bonnes résolutions, on a ressorti le carnet de chèques. Abraham, contre 4 millions d’euros, est venu solidifier la défense, Polanski et Acquah (5,5 millions les deux) doivent jouer les milieux récupérateurs en l’absence des blessés. Tandis que l’ancien portier de la sélection brésilienne Gomes et l’attaquant belge de Camargo apportent leur expérience. Hoffenheim aura été le club le plus dépensier durant la trêve hivernale. 36 joueurs sont aujourd’hui sous contrat.
Watzke : "Nous n’avons pas besoin de ce genre de clubs en Bundesliga"
L’attaque du président-salarié du BVB Dortmund est frontale, directe. Mais elle représente le point de vue de nombre des suiveurs du championnat allemand. Surtout, la conviction de Hans-Joachim Watzke se tient. Il compare le nombre moyen de personnes présent au Wirsol Rhein-Neckar-Arena. A peine plus de 25.000 entrées, soit la quinzième plus faible affluence de Bundesliga. Et surtout le faible contingent de supporters du TSG qui se déplace. Alors Watzke en rajoute une couche : "Hoffenheim prend la place d’autres clubs comme Cologne ou Kaiserslautern ".
Battu la semaine dernière à Augsburg (1-2) dans un Kellerduell (duel de la cave) très important, le Manager Andreas Müller a critiqué ouvertement "le manque de caractère " des joueurs. Un thème devenu récurrent depuis l’accession de "Hoffe" parmi l’élite. Comme si ce club, construit au milieu de nulle part, s’apparentait plus à une expérience scientifique,aux travaux d’un chercheur universitaire et se heurtait à la dure loi de la compétition, celle du réel.
Chroniqueur et éditorialiste spécialiste du football allemand sur RMC, Polo a choisi son pseudonyme en hommage au grand défenseur et esprit libre Paul Breitner, buteur lors de deux finales de Coupe du Monde et meilleur joueur étranger dès sa première saison au Real Madrid. Observateur de la saga de la Bundesliga, de ses grandes et de ses petites histoires, Polo a passé une grande partie de son existence outre-rhin à y écumer les stades.
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