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Bundesliga, avant Dortmund : la direction enfermée dans sa tour d’ivoire ?

Polo Breitner

Mis à jour 05/04/2014 à 11:54 GMT+2

Probablement éliminé de la Ligue des champions, le club de la Ruhr, qui reçoit Wolfsburg (18h30) samedi, intrigue de plus en plus. Alors que la fin de saison approche, la direction du club semble de plus en plus éloignée du desideratum des fans.

2014 Polo Dortmund

Crédit: Eurosport

D’un côté, il y a le bilan brut : le BvB est en passe de se qualifier pour la prochaine coupe aux grandes oreilles, s’assurant ainsi un certain standing financier, en finissant sur le podium de la Bundesliga ; il est présent, pour la seconde année de suite, en quart de finale de la Ligue des champions, confirmant ainsi un certain niveau européen ; enfin, il disputera, le 15 avril prochain, la demi-finale de Coupe d’Allemagne, à domicile, contre le Vfl Wolfsburg. Une rencontre lui permettant d’ouvrir grand les portes de Berlin dans ce qui serait une sorte d’apothéose que tout le monde espère contre le Bayern Munich. D’autre part, avec un effectif miné par les blessures, le Borussia Dortmund a fait étalage d’une inconstance profonde, à mille lieux de son jeu extraordinaire des trois derniers exercices,  laissant à  penser que les belles années sont derrière lui.
Rembobiner le film…
Il y a un peu moins d’un an, dans un billet intitulé  "Dortmund doit inventer sa version 2.0", nous nous interrogions sur les conséquences de la montée en gamme des Schwarz-gelben en Europe. Elles paraissaient claires : les espoirs du foot allemand tels Leitner (Stuttgart), Bittencourt (Hanovre) lors du denier mercato estival ou encore Günter (Galatasaray) cet hiver, étaient soit prêtés soit vendus avec une clause de rachat, afin d’obtenir du temps de jeu. Les autres, Sobiech, Koch et Ginczek, trois professionnels de 22 ans jugés pas assez bons par le club allemand, étaient purement et simplement transférés respectivement à Hambourg, Mayence et Nuremberg. Le centre de formation avait de plus en plus de difficultés à trouver sa place, les "surprises" comme Kagawa étaient remplacées par un beau chèque de 27,5 millions d’euros accordé au Shakhtar Donetsk, afin de recruter un joueur "établi" du nom de Mkhytarian.
En tout et pour tout, Dortmund a déboursé peu ou prou 50 millions d’euros lors de l’interlude d’avant saison ! Une somme gigantesque pour assurer sa place. Mais beaucoup oublient qu’ils ont aussi vendu quasiment pour le même montant dont une grande part du volume est dûe au départ pour 37 millions d’euros de Mario Götze en Bavière. Affirmer que les Borussen ont décidé d’investir massivement en s’arrêtant sur le montant des dépenses est exagéré. Le BvB a simplement augmenté la qualité intrinsèque de son effectif au détriment de la qualité. Le tout pour un delta quasi-nul au niveau de la trésorerie du club. Excepté "GOTTze", les joueurs partis en nombre, auxquels il faut ajouter Santana (Schalke), ont été remplacés par l’Arménien bien entendu mais aussi par Aubameyang et Sokratis, des confirmés.
La bonne surprise Durm au poste d’arrière gauche, l’éclosion de Hofmann en attaque, tous deux 21 ans, la présence sur le banc de Sarr et de Ducksch, 19 et 20 ans, pourrait laisser penser que l’ancienne politique est toujours à l’œuvre, mais tout cela résulte d’une constante lors de cette année sportive : les blessures. Mercredi, lors de la défaite en terre madrilène (0-3), exceptés Götze transféré et Lewandowski suspendu, ce ne sont pas moins de cinq joueurs titulaires en 2012-2013, qui manquaient à l’appel : Schmelzer, Subotic, Gündogan, Bender et Blaszczykowski. Si l’on ajoute les longues absences de Hummels et de Piszczek, les pépins physiques récurrents de Reus, on ne s’étonnera pas des compositions d’équipe lesquelles font parfois appel aux remplaçants des remplaçants des titulaires.
Zorc : "Nous nous occupons de choses qui sont réalisables financièrement et qui ont des perspectives, pas des projets chimériques"
L’écart est profond et de plus en plus béant entre les Plébéiens et les Patriciens. Alors que le bas-peuple réclame à cor et à cri le retour en Bundesliga d’Edin Dzeko, le directeur sportif Michael Zorc éteint la rumeur, tout comme celle de Diego Costa d’ailleurs. Aïe ! Pas de Bosnien dans la Ruhr. Mais le risque existe de voir débarquer un Colombien en provenance du Hertha Berlin, Adrian Ramos, inconnu du grand public hors Allemagne. Car si l’attaquant du club de la capitale réalise, à 28 ans, l’exercice de sa vie, il n’en demeure pas moins qu’il a aussi un passé en 2Liga, qu’il vient tout juste d’être rappelé en équipe nationale après plus de deux ans d’absence. Ses 32 buts en 88 rencontres dans l’élite, des statistiques respectables, pèsent bien moins que les 66 Tore en 111 matches de Dzeko sans oublier les 70 goals en 125 apparitions du partant Lewandowski. Mais il parait que Klopp est un fou amoureux de Ramos, alors…
Pourtant, le début de l’interview de Zorc par le média Sport1 avait plutôt bien commencé : "nous avons clairement affirmé que nous souhaitons augmenter la qualité de l’effectif". Force est de constater que la doxa n’est pas respectée, en pointe en tous cas. Et là, on peut comprendre l’exaspération d’un Ottmar Hitzfeld qui critique ouvertement la politique de son ancien Verein : "Dortmund a réalisé environ 50 millions d’euros de gain et, je crois, le Bayern seulement 15. Donc à partir de ce constat, oui, on peut investir dans les joueurs." La remarque du coach, double vainqueur de la compétition phare européenne, a du sens. D’autant plus que le club teuton est celui qui a gagné le plus d’argent au cumul des deux dernières saisons en Europe : plus de 30 millions d’euros en 2011-2012 et donc encore plus l’exercice suivant. S’il y a, fort logiquement, des pressions sur la masse salariale, la marge de manœuvre est réelle comme l’a d’ailleurs déjà reconnu le big boss Watzke par le passé. Mais ce dernier communique aussi : "cet été, nous devons, nous voulons et nous allons investir. A quelle hauteur ? Cela demeure notre secret."
Depuis on en sait un peu plus, environ 30 millions d’euros selon les chiffres qui circulent. Or si l’on enlève les 7 millions d’euros pour lever la clause de Nuri Sahin, lequel appartient toujours au Real Madrid, les 8 millions d’euros minimum que réclame le Hertha Berlin pour Ramos, il reste une quinzaine de millions…comme par hasard, la clause de départ de Kevin Volland, le polyvalent milieu offensif d’Hoffenheim. Pas de trace d’un grand numéro 9 donc !
Mais pourquoi le Borussia Dortmund, qui, rappelons-le, ne subit plus aucune dette, fait montre d’une santé financière insolente, donne-t-il l’impression d’avoir, comme beaucoup d’autres clubs germaniques au passage, des oursins dans les poches ? La réponse est évidente ; le spectre du  traumatisme de la quasi faillite qui a failli engloutir les Schwarz-gelben il y a moins de dix ans. Aujourd’hui, la politique c’est ceinture et bretelles ! On thésaurise et on dégage chaque saison des gros profits dans un environnement footballistique où la rentabilité est encore presque un gros mot à force de s’être habitués à dépendre des autres,  droits télévisuels ou  mécènes par exemple. A titre de comparaison, le club londonien d’Arsenal n’a-t-il pas la même problématique, lui qui génère de beaux bénéfices année après année ?
Toute proportion gardée, la banqueroute de 2005 et 2006 ressemble terriblement à la crise financière de 1929 à l’inflation galopante, laquelle fut l’une des conditions les plus importantes de l’arrivée d’un dictateur au pouvoir avec son corollaire, le nazisme. Vous comprendrez dans ces conditions, la prudence qui touche l’ensemble des classes dirigeantes allemandes, y compris dans le football dont les modèles économiques sont loin d’être pérennes. Christian Streich, l’entraîneur de Fribourg, répondait dans ce sens à la question d’un risque de relégation : "le plus important, c’est que le club soit sain". Au détriment de la chasse aux trophées ou d’objectifs plus ambitieux ?
Le flirt avec le FC Barcelone continue
Si l’on se réfère à la phrase de Watzke et ses dépenses de l’ordre de 30 millions d’euros, nous devons aussi nous rappeler que les 50 millions d’euros du dernier mercato estival ont été financés par des départs l’année dernière. Point de transferts à l’horizon semble-t-il. Et ce n’est pas un Schieber en fin de parcours à l’Iduna Park, voire le jeune Hofmann, lequel va avoir des difficultés à faire son trou, qui vont permettre de générer des flux de trésorerie importants.
La rumeur provient d’Espagne, non confirmée. Le médecin du FC Barcelone se serait déplacé en personne, ce mercredi, pour examiner un Ilkay Gündogan dont on ne sait toujours pas s’il va rejouer un jour au football. Son forfait pour la prochaine coupe du Monde ne fait plus aucun doute. L’énorme paradoxe du "K" Gündogan, c’est qu’il pourrait être bénéfique pour son club actuel avec une prolongation si le FC Barcelone recule. Le joueur, sous contrat jusqu’en 2015, n’ayant plus foulé les terrains depuis sa blessure du 14 aout 2013 avec la sélection nationale. Mettre sur la table entre 25 et 30 millions d’euros pour un professionnel qui a fait une saison blanche semble très peu probable, aussi talentueux soit-il.
Doit-on aussi croire à l’arrivée, cet été, de Matthias Ginter, le futur défenseur central de la Nationalmannschaft ? L’actuel joueur de Fribourg n’a jamais caché son admiration pour le club de la Ruhr et aurait refusé les avances d’un certain Arsène Wenger, estimant qu’un départ à l’étranger était bien trop précoce. Or, si cet excellent transfert à Dortmund se réalisait, cela confirmerait le transfert d’un cadre de l’équipe actuelle puisque Hummels, Sokratis, Subotic et Ginter réunis, cela ferait beaucoup trop dans l’effectif. Tout le monde sait bien que le club catalan a besoin dare-dare de trouver un remplaçant à Carles Puyol et que le premier nom sur la liste de Zubizarreta est reconnu pour son style de jeu bien spécifique. Un départ de Mats Hummels aurait l’avantage de générer du cash qui pourrait permettre de nouveaux investissements. Pour être complet, mentionnons le fait que le club blaugrana n’est pas non plus insensible à un certain Marco Reus mais le dossier est moins prioritaire. Nous suivrons avec attention les déboires actuels du FC Barcelone.
Le 28 février 2014, Hans-Joachim Watzke présentait les comptes intermédiaires s’étalant de juillet à août 2013, du Borussia Dortmund, un club dont le capital est en partie coté en bourse. Il a insisté sur le fait que le chiffre d’affaires était en augmentation par rapport à la période précédente, mais que le résultat, toujours positif, était en baisse à cause de coûts salariaux en hausse. Pas de quoi déborder d’optimisme alors que les Schwarz-gelben sont à deux doigts de s’installer durablement dans l’élite européenne. On le sait pourtant bien, dans le football celui qui n’avance pas recule. A force d’avoir le nez sur les tableaux de bord, de gérer le risque, la Nobilitas du Borussia Dortmund risque sportivement de laisser passer une opportunité de croissance. Déjà qu’ils sont en complet décalage avec les aspirations des supporters.
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