Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Dortmund à la croisée des chemins

Polo Breitner

Publié 24/01/2014 à 09:38 GMT+1

Seulement quatrième de Bundesliga, après les matches aller, le Borussia Dortmund interpelle. Si le club de la Ruhr demeure par la qualité de son jeu l’opposant naturel au FC Bayern, son retard accumulé est rédhibitoire. Pire, la concurrence travaille bien. Etat des lieux.

Polo Dortmund

Crédit: Eurosport

L'événement est presque passé inaperçu médiatiquement. Rares en effet sont les personnes qui ont noté que depuis 2008 et l’arrivée de Jürgen Klopp aux commandes, jamais le Borussia Dortmund n’avait encaissé autant de défaites lors d’un Hinrunde, à savoir cinq. Un signe de fragilité qui s’explique facilement par l’hécatombe des blessés depuis juin, mais pas seulement.

Klopp : "Qui peut stopper le Bayern ?"

Les propos du coach du BvB résonnent comme un triste constat. Mais le reste de son analyse est tout aussi intéressant : "Mais allez donc vous balader dans tous les championnats européens, et dites-moi quelle équipe peut l’emporter si le Bayern participait à la même compétition ? Manchester United ? Aucune chance ! City ? Aucune chance ! Le FC Barcelone… peut-être. Mais le Real Madrid n’a lui non plus aucune chance".
Et c’est bien là l’un des soucis actuels de l’entraîneur. La distorsion médiatique, l’attente dans les tribunes. Le niveau de jeu atteint par le Borussia ces dernières années, les titres nationaux, la finale de la Ligue des champions, sa victoire en poule en 2012/2013 dans un groupe plus que relevé, ses quatre rencontres contre le Real Madrid, mais aussi la seconde place des coaches FIFA de Klopp derrière Heynckes, l’ont hissé à un niveau de reconnaissance proche de la référence bavaroise. Si le club munichois représente la machine indestructible, en cela très proche de son histoire, le BvB se rapproche de la folie des "Fohlen du Bökelbergstadion" (les poulains du Bökelberg), à jouer les dignes descendants du grand Mönchengladbach des années 1970. A chaque sortie des Schwarz-gelben, le public du ballon rond veut du spectacle, pardon je corrige, attend "le" spectacle. Le champagne est bien meilleur que le Sekt. Entracte, s’il vous plait ! En ce sens, on peut comprendre le désarroi de Klopp lorsqu’il précise que les attentes des supporters sont "irréalistes".

Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?

Crise de croissance ? Espoir trop intense du peuple du ballon rond ? Fin de cycle ? C’est un peu tout cela en fait. Nous nous interrogions déjà sur ce point précis à l’aurore de la finale 100% allemande de Wembley. Mais ne noircissons pas complètement le tableau. Le BvB, malgré la moitié de son équipe-type au tapis a fini premier (ex-æquo) de son groupe en Ligue des champions avec Arsenal et l’épouvantail napolitain. Il peut même espérer aller plus loin dans cette compétition avec un tirage au sort relativement clément (Saint-Petersbourg), est toujours en course en Coupe d’Allemagne avec son quart de finale à disputer en déplacement à Francfort et, surtout, Dortmund est à la lutte, en Bundesliga, pour une qualification directe pour la sacro-sainte coupe aux grandes oreilles, génératrice d’oseille.
picture

Dortmund, Nuri

Crédit: Eurosport

Oui, le Borussia a raté sa fin d’année calendaire en ne récoltant qu’un point en trois rencontres et en s’inclinant trois fois de suite à domicile mais cela n’est-il pas tout simplement le fruit des joueurs absents sur blessure qui ont jonché le sol du Hinrunde ? Le groupe, fin décembre, était épuisé, rincé. Cela se voyait comme un ballon orange en hiver. Le coup de rein pour faire la différence n’était plus là. Or, la réussite des Bubis (les garnements) de Klopp passe par une condition physique exceptionnelle. Cette équipe parcourt le plus grand nombre de kilomètres en Bundesliga. En Ligue des champions, lors de la victoire à l’Emirates Stadium (2-1), elle a avalé 10 kilomètres de plus que les Gunners, soit quasiment un de plus par tête de pipe, une statistique démentielle.
Pire, en championnat, les Schwarz-gelben ont le plus mauvais ratio occasion/but. Cela leur joue des mauvais tours, comme contre le Borussia Mönchengladbach (0-2), début octobre, alors que les Fohlen de Lucien Favre n’avaient pas vu le jour. Ou bien encore la sévère défaite au Signal Iduna Park, fin novembre, contre l’ogre bavarois (0-3). En Champions League, le match au Vélodrome (2-1) en est un bon exemple avec le but à la 87e minute du sauveur Grosskreutz. Par contre au niveau de la domination et du "canardage" en règle…Merci Mandanda !
Dortmund : le chasseur chassé !
Le manque de réussite devant les cages adverses est-il la seule explication aux problèmes rencontrés ? Lewandowski est finalement l’actuel meilleur Torjäger de Bundesliga avec le Herthaner Ramos, même si il a beaucoup vendangé. Et ce reflet dans le miroir ne montre pas que Jürgen Klopp s’est incliné contre ses principaux rivaux : Munich et Mönchengladbach donc, mais aussi Wolfsburg, Leverkusen et le surprenant Berlin. Soit tout le haut du panier du championnat allemand. La densité allemande parle. Klopp doit redresser la courbe lors du Rückrunde. C’est un impératif.
Les cinq victoires consécutives en début d’exercice, les 19 points sur les 21 possibles après la septième journée sont bien loin. L’euphorie née de la victoire en Supercoupe d'Allemagne contre le Bayern Munich (4-2) aussi. Or si l’on s’incline contre des adversaires directs, c’est aussi parce que votre effectif n’a pas répondu aux attentes ou bien que la concurrence a augmenté. Nous étudierons, bientôt, le cas du VfL Wolfsburg.
Les joueurs du Borussia Dortmund sont épiés par les grands clubs européens. Le mot "grand" étant intéressant à relativiser puisque le BvB devrait, logiquement, entrer dans le Top 10 européen, ce qui montre sa force de frappe et sa puissance économique. Seuls, la saison écoulée, le FC Barcelone, le Real Madrid, Manchester United, le FC Bayern, et, curieusement, le PSG ont connu des recettes largement supérieures. D’ailleurs, le "Super Super Bayern" a déjà frappé en délogeant Götze de Westphalie à cause d’une clause libératoire fixée à 37 millions d’euros, laquelle fera réfléchir la direction du club de la Ruhr quant à sa politique salariale. Et, bien entendu, le transfert prochain de Lewandowski, en dehors de la qualité de l’attaquant, relève de cette méthode réputée des Bavarois pour "assécher" ses opposants domestiques. Reus et Gündogan sont les suivants sur la liste ? Ce n’est pas évident, les négociations sont en cours. Mais c’est aux dirigeants des Borussen de redéfinir la politique globale ainsi que son positionnement mercatique. Sans oublier que le coach a le droit d’élargir sa palette tactique.
picture

Marco Reus (Borussia Dortmund)

Crédit: Getty Images

Des motifs d'espoir ? Il y en a

Le BvB vit donc aussi une petite crise de croissance. Elle est somme toute logique. Il y a des paliers à passer. Lors de la saison 2009-2010, le club n’avait-il pas laissé échapper une qualification possible en Ligue des champions en craquant sur la fin ? Les médias ne s'ébaudissaient pas, alors, d’un grand Dortmund mais se réjouissaient simplement que les nuages sombres d’une faillite éventuelle semblaient s’éloigner.
Des motifs d’espoir, il en existe. Qui de Durm ou de Schmelzer occupera le poste d’arrière gauche ? Erik Durm d’ailleurs…un illustre inconnu de 21 ans, attaquant de formation, un exercice 2012-2013 en 3Liga, qui vient tranquillement remplacer le titulaire en équipe nationale au point de le concurrencer pour la reprise. Idem à droite, Piszczek se blesse, on attendait le polyvalent défenseur Sokratis et c’est finalement le multicarte Grosskreutz qui débarque. Si Sahin n’a jamais retrouvé son niveau de 2011, Gündogan sera bientôt de retour tout comme Hummels. Le stratège "is back" tout comme le libéro "old school" au jeu jeu vertical.
Mais la baisse de régime, les blessures, ne doivent pas cacher les manques. Certaines recrues ont déçu. Si Aubameyang possède des statistiques prometteuses, il reste loin d’être un titulaire indiscutable. Quant à Mkhytarian, c’est la douche froide. Je suis trop sévère ? Oui, sans doute. Le bonhomme est classieux mais son influence sur le jeu reste modeste. Il n’a pas justifié les 27,5 millions d’euros déboursés. Il le reconnait lui-même : "Je crois que je n’ai pas encore montré au Borussia ce dont je suis capable".
(Re)devenu star malgré lui, le Borussia Dortmund affublé du sobriquet légèrement réducteur de "meilleure équipe de contre du monde", adversaire désigné et privilégié du FC Bayern, est à un tournant de son projet. La première (mini) crise a eu lieu en décembre. Heureusement, l’année 2013 est derrière le charismatique Klopp. Le calendrier de la reprise en Bundesliga s'annonce soft. De quoi repartir du bon pied et surtout lever quelques doutes.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité