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Bundesliga - Plus que jamais, la jeunesse prend le pouvoir en Bundesliga

David Lortholary

Mis à jour 17/09/2020 à 19:06 GMT+2

BUNDESLIGA - Plus que jamais, le championnat d'élite allemand met cette saison l'accent sur la jeunesse, poursuivant ainsi une tendance de fond que la pandémie virale ne fait que confirmer.

Jude Bellingham beim BVB

Crédit: Getty Images

En matière de longévité, celui-là s'y connaît. Du haut de ses 150 sélections et plus de 20 ans de carrière au plus haut niveau, Lothar Matthäus distribue aujourd'hui, comme consultant, ses analyses de droit divin à la télévision allemande. Les mauvaises langues persifleront sans doute que, joueur, il avait, à un moment donné, dépassé la date de péremption. Peut-être est-ce pour cela que "Loddar" s'est permis, après le monumental 8-2 infligé par le Bayern au FC Barcelone en quart de finale de la dernière Ligue des champions, cette giclée cinglante : le Barça est trop vieux, le Barça a passé son apogée, le Barça n'a pas su se renouveler. Messi et ses 33 ans compris...
Que fallait-il entendre, en creux, dans cette critique destructrice ? Qu'à l'inverse, le Bayern avait tout fait comme il faut. Avait insufflé avec bonheur un vent de fraîcheur dans l'habitacle, avec pour éclatante tête de gondole le phénomène canadien Alphonso Davies – propulsé en une saison meilleur arrière gauche d'Allemagne à seulement 19 ans – mais pas seulement : à 25 ans, Joshua Kimmich, Leon Goretzka ou Serge Gnabry sont déjà d'incontournables titulaires, Niklas Süle appelé à diriger la défense sur le long terme et, avec un an de moins, Leroy Sané et Kingsley Coman sont attendus pour mettre en miettes toutes les défenses d'Europe, Alexander Nübel pour succéder à Manuel Neuer après le Mondial tandis que Benjamin Pavard et Lucas Hernandez trônent du haut de leur statut de champions du monde. Sans parler des "Millenials" Tanguy Kouassi, Joshua Zirkzee ou Oliver Batista-Meier. On en passe.
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Tanguy Nianzou Kouassi vom FC Bayern München

Crédit: Getty Images

Les ados de Dortmund

Après "Robbery", ce Bayern renouvelé a ainsi réussi sans la moindre inertie sa transition générationnelle et s'estime au début d'une nouvelle ère, si l'on en croit son président Herbert Hainer. Le géant bavarois s'est carrément donné comme objectif de dénicher les meilleurs jeunes du monde. Une inspiration pour le reste du football allemand, même si celui-ci aurait plus que jamais misé, de toute façon et selon une tendance qui s'accentue, sur les jeunes talents. Car dans ce domaine, le Bayern a de la concurrence, voire du retard sur un rival comme le Borussia Dortmund.
À l'aube de cette saison 2020-2021, le club de la Ruhr s'avance avec un groupe plus jeune que jamais : Giovanni Reyna et Jude Bellingham ont 17 ans, le phénoménal Youssoufa Moukoko – 157 buts en 97 matches chez les jeunes – seulement 15 ! À ce train-là, l'adolescent brésilien Reinier, prêté par le Real Madrid et comparé au pays à Kaka, ferait presque figure de vieillard du haut de ses 18 ans... sans parler d'Erling Haaland ou Jadon Sancho, carrément hors d'âge à 20 ans.
Le BvB est donc candidat déclaré au titre avec quatre "teenagers" – voire cinq avec le défenseur Nnamdi Collins (16 ans), que l'entraîneur Lucien Favre a intégré au groupe en présaison – ce qui a de quoi donner le vertige mais rappelle d'excellents souvenirs sur la Borsigplatz : lors des fabuleuses saisons 2011 et 2012, avec Jürgen Klopp, les Jaune et Noir avaient dominé la Bundesliga nantis d'un effectif déjà bien jeune. Mais pas à ce point : seul Mario Götze, à l'époque, s'affichait en dessous des 20 ans. Avec 24,9 ans de moyenne d'âge à l'heure d'écrire ces lignes, l'effectif de Dortmund est évidemment le plus jeune depuis cette époque bénie. "Nous nous sentons armés. Je peux vous assurer que nous sommes très ambitieux", a asséné le patron, Hans-Joachim Watzke, courant août. Lequel a évidemment à l'esprit qu'il compte tout de même dans ses rangs, pour asseoir le tout, un trio sur son 31 en les personnes d'Axel Witsel, Mats Hummels et du capitaine Marco Reus.
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Jude Bellingham

Crédit: Getty Images

Le berceau de Schalke

Au-delà des deux cadors du championnat, le jeunisme a gagné tous les clubs, indépendamment de tout critère géographique ou budgétaire : Mönchengladbach, Hoffenheim, Leverkusen, Stuttgart, Brême, Schalke, Cologne, tout le monde suit un mouvement que la pandémie virale risque d'amplifier : en période d'incertitude, rien de plus rentable que de former ou d'aller chercher tôt de jeunes talents à fort potentiel évolutif, économiquement comme sportivement. Le spécialiste dans ce domaine est dans la Ruhr : Schalke 04.
Formateur hors pair, le club bleu roi est le berceau de Mesut Özil, Manuel Neuer et autre Leroy Sané. Aujourd'hui, il fonde ses espoirs sur Ozan Kabak (20 ans), Ahmed Kutucu (20 ans) ou Weston McKennie (21 ans). "Notre mission première, c'est d'installer chaque année des joueurs chez les pros", confirme le responsable de la formation Peter Knäbel à l'hebdomadaire Sport Bild. "Telle est notre responsabilité. Il n'en va pas tant de la quantité que, surtout, de la qualité. Des joueurs comme Julian Draxler sont des cadeaux que nous nous faisons à nous-mêmes : ils entrent dans le club enfant, coûtent peu au cours de leur formation et apportent énormément de qualité puis une forte somme à la vente", expose Knäbel.
Alors, les autres emboîtent ces pas. À Cologne, l'entraîneur Markus Gisdol a ouvert les portes du groupe pro à deux gamins du club : le défenseur central Robert Voloder (19 ans) et l'ailier Tim Lemperle (18 ans), après en avoir fait de même l'an dernier avec Jan Thielemann (18 ans), Noah Katterbach (19 ans) et Ismail Jakobs (21 ans). C'est en cuisinant cette recette que Stuttgart est remonté cette année en Bundesliga et compte poursuivre en ce sens, piloté par un certain Sven Mislintat à la direction sportive. À Hoffenheim, c'est carrément une loi fondamentale que de s'appuyer sur ses jeunes : chaque saison, des éléments du cru doivent intégrer l'équipe première.
Pour cet été, le contrat est déjà rempli : l'attaquant Maximilian Beier (17 ans, qui a déjà tâté de la Bundesliga la saison dernière comme plus jeune novice de l'histoire du club à ce niveau), le défenseur Melayro Bogarde (18 ans, neveu de l'ancienne star de l'Ajax) et le milieu de terrain Marco John (18 ans) s'entraînent avec les pros et sous les ordres d'un certain Sebastian Hoeness, qui vient de mener la réserve du Bayern au titre. Si cette tendance globale s'accentue, on peut en déterminer les origines dans la création, jadis, des centres de formation. Mais aujourd'hui, les clubs dépassent leur enclos pour pâturer large : une écurie comme Leverkusen dispose d'un maillage de scouts en France, en Angleterre, en Espagne et au Portugal. Et, grands clubs compris, ont le courage de donner leur chance aux jeunes pépites.
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Ozan Kabak vom FC Schalke 04

Crédit: Getty Images

L'Union Berlin, vieux de la vieille

Un club, un seul, assume de faire le contraire : l'Union Berlin, qui vient de recruter Max Kruse (32 ans) et s'est appuyé sur l'expérience pour se maintenir – sans trembler – dans l'élite du football allemand. "Nous avons une très bonne expérience avec les joueurs d'expérience", formule Oliver Ruhnert, directeur sportif du club berlinois. "À mon sens, il y en a besoin dans un vestiaire." Union, dira-t-on, a toujours été un peu à contre-courant. Les autres se vautrent allègrement dans la fontaine de jouvence, mais l'eau commence à y être trouble.
"En matière salariale et de bonus à la signature, pour les top joueurs, on atteint des dimensions inconnues il y a encore trois ou quatre ans", juge le druide Sven Mislintat. "Le marché a complètement explosé." Et le paysage d'un groupe pro aussi. "Le vestiaire a changé : certains commencent à me vouvoyer !", rigole Florian Kohfeldt, le jeune entraîneur du Werder, qui va s'appuyer cette année sur des éléments comme Tahith Chong (20 ans), prêté par Manchester United, ou Nick Woltemade (18 ans), produit de la formation hanséatique, tandis que les trentenaires sont poussés dehors, tels Claudio Pizarro (41 ans), Fin Bartels (33 ans), Nuri Sahin (31 ans) ou Philipp Bargfrede (31 ans), pourtant enfant de la maison. En Bundesliga, décidément, on est vieux de plus en plus jeune.
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