Bundesliga / Finisseur, leader et notoriété : ce que Harry Kane va apporter au Bayern Munich

Trois ballons touchés et deux passes effectuées en trente minutes passées sur le pré. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Harry Kane n’a pas affolé les compteurs pour sa première apparition avec le Bayern Munich, samedi dernier en Supercoupe d’Allemagne. Il convient toutefois d’être indulgent. Parce que le transfert de l’Anglais avait été officialisé le jour même, qu’il n’avait qu’une séance d’entraînement dans les jambes avec ses nouveaux coéquipiers et qu’il ne pouvait, dès lors, pas faire grand-chose pour éviter la déroute bavaroise contre Leipzig (0-3).

Depuis, l’homme qui a coûté cent millions d’euros a eu six jours pour prendre ses marques, connaître un peu mieux ses partenaires. "Harry est quelqu'un qui s'adapte très vite, autour de lui les joueurs vont s'adapter rapidement", a salué son entraîneur, Thomas Tuchel, en conférence de presse. Sauf imprévu de dernière minute, l’ex-buteur de Tottenham sera titulaire sur la pelouse du Werder Brême, ce vendredi (20h30) en ouverture de la saison de Bundesliga. L’occasion rêvée de commencer à répondre aux énormes attentes qu’il suscite.

La première des réponses viendra du terrain. En déposant un chèque à neuf chiffres sur le bureau de Daniel Levy, le Bayern ne s’est pas seulement offert l’une des plus fines gâchettes de la planète. Il a surtout enrôlé un attaquant doté d’une panoplie complète, capable de marquer dans toutes les positions, des deux pieds comme de la tête, en puissance ou en finesse. Un avant-centre qui aime aussi décrocher, participer à la construction des actions et faire des différences grâce à sa qualité de passe.

Si le "Rekordmeister" a tant peiné à conserver son titre de champion d’Allemagne, et s’il s’est fait sortir dès les quarts de finale de la Ligue des champions, c’est en grande partie car il lui manquait un élément de ce standing à la pointe de son onze de départ. Pour diverses raisons, la greffe Sadio Mané n’a pas pris et Eric-Maxim Choupo-Moting a eu beau rendre de fiers services, il a également affiché ses limites. Avec Kane, le FCB tient enfin son nouveau finisseur cinq étoiles, à même de succéder à Robert Lewandowski.

L’ancien Spur ne s’exprime cependant pas que face au but adverse. Au fil du temps, de ses saisons à 30 réalisations et de son comportement exemplaire, il s’est bâti une stature de leader, au point d’ailleurs de devenir capitaine de l’Angleterre. Un tel profil ne sera pas de trop dans l’effectif bavarois, qui a parfois donné l’impression de manquer de tauliers la saison passée. Certes, l’emblématique Thomas Müller est toujours là. Mais il a passé du temps à l’infirmerie, dont un autre cadre, Manuel Neuer, n’est toujours pas sorti.

Quant à Leroy Sané, Serge Gnabry ou encore Kingsley Coman, ils n’ont ni le rendement, ni le tempérament pour assumer un tel rôle. Fort de son caractère et de sa grande expérience, le nouveau numéro 9 munichois sera donc un référent naturel pour ses coéquipiers. "C'est le premier sur le terrain d'entraînement, il joue avec les joueurs de la réserve, il inspire les autres joueurs, et c'est pourquoi c'est une grande star", a souligné Tuchel.

L’ancien technicien de Dortmund, du PSG et de Chelsea a employé l’expression idoine pour désigner sa recrue. Harry Kane est une "grande star", en effet. Cela aura forcément des retombées extrasportives pour son nouveau club. Le deuxième meilleur buteur de l’histoire du championnat anglais est arrivé dans l’effervescence et, selon Bild, plus de 10 000 maillots floqués à son nom ont été achetés rien que sur la journée de samedi dernier. Le Bayern a certes un fonctionnement suffisamment vertueux pour ne pas avoir à dépendre de ventes de produits dérivés pour boucler son budget. Il n’en demeure pas moins que celles-ci sont toujours bonnes à prendre.

Au-delà de l’aspect économique, le club désormais dirigé par Jan-Christian Dreesen va désormais jouir d’une autre image à l’international. Bien sûr, l’undécuple champion d’Allemagne en titre a déjà eu d’autres joueurs de renom dans ses rangs (et ce n’était pas de tout repos à l’époque du FC Hollywood). Mais parvenir à extirper de Premier League le capitaine de l’Angleterre relève d’une prouesse qui génèrera a minima une franche curiosité, a maxima un engouement dépassant allègrement les frontières de la Bavière. Comme quoi, Kane a donc bien plus que des buts à offrir à Munich.